Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV. | Page 6

Napoleon Bonaparte
qu'ils
n'héritent de ses sentimens pour nous, et qu'ils nous portent, ainsi qu'à
nos descendans, le même attachement et la même fidélité. Nos peuples
de Neufchâtel mériteront, par leur obéissance envers leur nouveau
souverain, la protection spéciale qu'il est dans notre intention de leur
accorder constamment.
NAPOLÉON.

Paris, le 21 avril 1806.
Copie d'une note remise par Napoléon, lui-même, à M. Talleyrand,
ministre des relations extérieures.
Faire un nouvel état au nord de l'Allemagne, qui soit dans les intérêts
de la France; qui garantisse la Hollande et la Flandre contre la Prusse,

et l'Europe contre la Russie.
Le noyau serait le duché de Berg, le duché de Clèves, Hesse-Darmstadt,
etc., etc.: chercher, en outre, dans les entours tout ce qui pourrait y être
incorporé, pour pouvoir former un million ou douze cent mille âmes.
Y joindre, si l'on veut, le Hanovre.
Y joindre, dans la perspective, Hambourg, Bremen, Lubeck.
Donner la statistique de ce nouvel état.
Cela fait, considérer l'Allemagne comme divisée en huit états: Bavière,
Bade, Wurtemberg, et le nouvel état; ces quatre, dans les intérêts de la
France.
L'Autriche, la Prusse, la Saxe, Hesse-Cassel, dans les quatre autres.
D'après cette division, supposez qu'on détruise la constitution
germanique, et qu'on annule, au profit des huit grands états, les petites
souverainetés, il faut faire un calcul statistique pour savoir si les quatre
états qui sont dans les intérêts de la France perdront ou gagneront plus
à cette destruction, que les quatre états qui n'y sont pas.
Un rapport sur ces deux objets, dimanche matin.
NAPOLÉON.
Nota. Le dimanche était le 23 d'avril.

Paris, le 5 juin 1806.
Réponse de l'empereur à un discours de l'ambassadeur de la
Porte-Ottomane.
Monsieur l'ambassadeur, votre mission m'est agréable. Les assurances
que vous me donnez des sentimens du sultan Sélim, votre maître, vont

à mon coeur. Un des plus grands, des plus précieux avantages que je
veux retirer des succès qu'ont obtenus mes armes, c'est de soutenir et
d'aider le plus utile comme le plus ancien de mes alliés. Je me plais à
vous en donner publiquement et solennellement l'assurance. Tout ce qui
arrivera d'heureux ou de malheureux aux Ottomans, sera heureux ou
malheureux pour la France. Monsieur l'ambassadeur, transmettez ces
paroles au sultan Sélim; qu'il s'en souvienne toutes les fois que mes
ennemis, qui sont aussi les siens, voudront arriver jusqu'à lui. Il ne peut
jamais rien avoir à craindre de moi; uni avec moi, il n'aura jamais à
redouter la puissance d'aucun de ses ennemis.

Paris, le 5 juin 1806.
Réponse de l'empereur à une députation du corps législatif hollandais.
Messieurs les représentans du peuple batave,
J'ai toujours regardé comme le premier intérêt de ma couronne de
protéger votre patrie. Toutes les fois que j'ai dû intervenir dans vos
affaires intérieures, j'ai d'abord été frappé des inconvéniens attachés à
la forme incertaine de votre gouvernement. Gouvernés par une
assemblée populaire, elle eût été influencée par les intrigues, et agitée
par les puissances voisines. Gouvernés par une magistrature élective,
tous les renouvellemens de cette magistrature eussent été des momens
de crise pour l'Europe, et le signal de nouvelles guerres maritimes.
Tous ces inconvéniens ne pouvaient être parés que par un
gouvernement héréditaire. Je l'ai appelé dans votre patrie par mes
conseils, lors de l'établissement de votre dernière constitution; et l'offre
que vous faites de la couronne de Hollande au prince Louis, est
conforme aux vrais intérêts de votre patrie, aux miens, et propre à
assurer le repos général de l'Europe. La France a été assez généreuse
pour renoncer à tous les droits que les événemens de la guerre lui
avaient donnés sur vous; mais je ne pouvais confier les places fortes qui
couvrent ma frontière du Nord à la garde d'une main infidèle, ou même
douteuse.

Messieurs les représentans du peuple batave, j'adhère au voeu de
LL.HH.PP. Je proclame roi de Hollande le prince Louis. Vous, prince,
régnez sur ces peuples; leurs pères n'acquirent leur indépendance que
par les secours constans de la France. Depuis, la Hollande fut l'alliée de
l'Angleterre; elle fut conquise; elle dut encore à la France son existence.
Qu'elle vous doive donc des rois qui protègent ses libertés, ses lois et sa
religion. Mais ne cessez jamais d'être Français. La dignité de
connétable de l'empire sera possédée par vous et vos descendans: elle
vous retracera les devoirs que vous avez à remplir envers moi, et
l'importance que j'attache à la garde des places fortes qui garantissent le
nord de mes états, et que je vous confie. Prince, entretenez parmi vos
troupes cet esprit que je leur ai vu sur les champs de bataille.
Entretenez dans vos nouveaux sujets des sentimens d'union et d'amour
pour la France. Soyez l'effroi des méchans et le père des bons: c'est le
caractère des grands rois.
NAPOLÉON.

Au palais de Saint-Cloud, le 5 juin
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