souvent r��p��t��es, entr��rent dans la t��te du paysan et y brouill��rent le peu qu'il avait de cervelle. A peine rentr�� chez lui, il se mit �� couper les arbres de son jardin, �� creuser le sol, �� charrier des pierres et du bois, comme s'il allait construire un palais.
--Que fais-tu l��, mon pauvre homme? lui demanda sa femme.
--Ne m'appelle plus mon pauvre homme, dit le paysan d'un ton solennel; nous sommes riches, ma ch��re femme, ou du moins nous allons l'��tre. Dans quinze jours je vais donner ma vache...
--Notre seule ressource! dit la femme; nous mourrons de faim!
--Tais-toi, ignorante, reprit le paysan; on voit bien que tu n'entends rien au latin de M. le cur��. En donnant notre vache, nous en recevrons cent comme r��compense; M. le cur�� l'a dit, c'est parole d'��vangile. Je logerai cinquante b��tes dans cette ��table que je construis, et, avec le prix des cinquante autres, j'ach��terai assez de pr�� pour nourrir notre troupeau en ��t�� comme en hiver. Nous serons plus riches que le roi.
Et, sans s'inqui��ter des pri��res ni des reproches de sa femme, notre ma?tre fou se mit �� batir son ��table, au grand ��tonnement des voisins.
L'oeuvre achev��e, le bonhomme passa une corde au cou de sa vache et la mena tout droit chez le cur��. Il le trouva qui causait avec deux ��trangers qu'il ne regarda gu��re, tant il ��tait press�� de faire son cadeau et d'en recevoir le prix. Qui fut ��tonn�� de cette charit�� de nouvelle esp��ce, ce fut le pasteur. Il fit un long discours �� cette brebis imb��cile, pour lui d��montrer que Notre-Seigneur n'avait jamais parl�� que de r��compenses spirituelles; peine perdue, le paysan r��p��tait toujours: ?Vous l'avez dit, monsieur le cur��, vous l'avez dit.? Las enfin de raisonner avec une brute pareille, le pasteur entra dans une sainte col��re et ferma sa porte au nez du paysan, qui resta dans la rue tout ��bahi, r��p��tant toujours: ?Vous l'avez dit, monsieur le cur��, vous l'avez dit.?
Il fallut reprendre le chemin du logis; ce n'��tait pas chose facile. On ��tait au printemps, la glace fondait, le vent soulevait la neige en tourbillons. A chaque pas l'homme glissait, la vache beuglait et refusait d'avancer. Au bout d'une heure, le paysan avait perdu son chemin et craignait de perdre la vie. Il s'arr��ta tout perplexe, maudissant sa mauvaise fortune et ne sachant plus que faire de l'animal qu'il tra?nait. Tandis qu'il songeait tristement, un homme charg�� d'un grand sac s'approcha de lui et lui demanda ce qu'il faisait l�� avec sa vache, et par un si mauvais temps.
Quand le paysan lui eut racont�� sa peine: ?Mon brave homme, lui dit l'��tranger, si j'ai un conseil �� vous donner, c'est de faire un ��change avec moi. Je demeure pr��s d'ici; c��dez-moi votre vache que vous ne ram��nerez jamais chez vous, et prenez-moi ce sac; il n'est pas trop lourd, et tout ce qu'il contient est bon: c'est de la chair et des os.?
Le march�� fait, l'��tranger emmena la vache avec lui; le paysan chargea sur son dos le sac, qu'il trouva terriblement pesant. Une fois rentr�� au logis, comme il craignait les reproches et les railleries de sa femme, il conta tout au long les dangers qu'il avait courus, et comment, en homme habile, il avait ��chang�� une vache qui allait mourir contre un sac qui contenait des tr��sors. En ��coutant cette belle histoire, la femme commen?a �� montrer les dents; le mari la pria de garder pour elle sa mauvaise humeur, et de mettre dans l'atre son plus grand pot-au-feu.--Tu verras ce que je t'apporte, lui r��p��tait-il; attends un peu, tu me remercieras.
Disant cela, il ouvrit le sac; et voil�� que de cette profondeur sort un petit homme tout habill�� de gris comme une souris.
--Bonjour, braves gens, dit-il avec la fiert�� d'un prince! Ah ?a, j'esp��re qu'au lieu de me faire bouillir vous allez me servir �� manger. Cette petite course m'a donn�� un grand app��tit.
Le paysan tomba sur son escabeau, comme s'il ��tait foudroy��.
--L��, dit la femme, j'en ��tais s?re. Voici une nouvelle folie. Mais d'un mari que peut-on attendre sinon quelque sottise? Monsieur nous a perdu la vache qui nous faisait vivre, et maintenant que nous n'avons plus rien, monsieur nous apporte une bouche de plus �� nourrir! Que n'es-tu rest�� sous la neige, toi, ton sac et ton tr��sor!
La bonne dame parlerait encore, si le petit homme gris ne lui avait remontr�� par trois fois que les grands mots n'emplissent pas la marmite, et que le plus sage ��tait d'aller en chasse et de chercher quelque gibier.
Il sortit aussit?t, malgr�� la nuit, le vent et la neige, et revint au bout de quelque temps avec un gros mouton.
--Tenez, dit-il, tuez-moi cette b��te, et ne nous laissons pas mourir de faim.
Le vieillard et sa femme regard��rent de travers le
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