joie ��tait universelle et touchait au d��lire, quand tout �� coup, l'oeil terrible et la hache au poing, Briam parut devant l'usurpateur.
[Illustration: En ce moment, la reine entra tout effar��e et se jeta aux pieds de Briam.]
--Chien, fils de chien, lui dit-il, quand tu as tu�� les miens, tu n'as pens�� ni �� Dieu ni aux hommes. A nous deux, maintenant!
Le chef des gardes essaya de se mettre en d��fense. D'un coup furieux Briam lui abattit le bras droit, qui pendit comme une branche coup��e.
--Et maintenant, cria Briam, si tu as un fils, dis-lui qu'il te venge, comme Briam le fou venge aujourd'hui son p��re.
Et il lui fendit la t��te en deux morceaux.
--_Vive Briam!_ cri��rent les courtisans; _vive notre lib��rateur!_
En ce moment, la reine entra tout effar��e et se jeta aux pieds du fou en l'appelant son vengeur. Briam la releva, et, se mettant aupr��s d'elle en brandissant sa hache sanglante, il invita tous les officiers �� pr��ter serment �� leur l��gitime souveraine.
--_Vive la reine!_ cri��rent tous les assistants. La joie ��tait universelle et touchait au d��lire.
La reine voulait retenir Briam �� la cour; il demanda �� retourner dans sa chaumi��re, et ne voulut pour toute r��compense que le pauvre animal, cause innocente de tant de maux. Arriv��e �� la porte de la maison, la vache se mit �� appeler en mugissant ceux qui ne pouvaient plus l'entendre. La pauvre femme sortit en pleurant.
--M��re, lui dit Briam, voici Bukolla, et vous ��tes veng��e.
IV
Ainsi finit l'histoire. Que devint Briam? Nul ne le sait. Mais dans tout le pays on montre encore les ruines de la masure o�� habitaient Briam et ses fr��res, et les m��res disent aux enfants: ?C'est l�� que vivait celui qui a veng�� son p��re et consol�� sa m��re.? Et les enfants r��pondent: ?Nous ferions comme lui.?
V
L'autre histoire est une histoire de voleurs. Aujourd'hui de pareils r��cits ont pour nous quelque chose de choquant, nous avons peu d'estime pour cette adresse qui m��ne aux gal��res. Il n'en ��tait pas ainsi chez les peuples primitifs. H��rodote ne se fait faute de nous r��citer tout au long une histoire ��gyptienne qui se retrouve en Orient et qui n'est visiblement qu'un conte de f��es. Au livre d'Euterpe[1] on peut voir quel moyen plus que bizarre emploie le roi Rhampsinite pour saisir l'adroit voleur qui lui a pill�� son tr��sor, et comment, trois fois tromp��, comme roi, comme justicier et comme p��re, il ne trouve rien de mieux �� faire que de prendre pour gendre ce brigand audacieux et rus��. ?Rhampsinite, dit l'historien, lui fit un grand accueil et lui donna sa fille, comme au plus habile de tous les hommes, puisque, les ��gyptiens ��tant sup��rieurs �� tous les autres peuples, il s'��tait montr�� sup��rieur �� tous les ��gyptiens.? On voit que la vanit�� nationale est de m��me date que les contes des f��es.
[Note 1: H��rodote, liv. II, chap. cxxi.]
Ces histoires de voleurs abondent dans les recueils. Sous le nom du _Ma?tre voleur_, M. Asbjoernsen a publi�� un conte norv��gien qui ressemble beaucoup �� celui qu'on va lire[1]. Ce qui frappe dans tous ces r��cits, c'est l'admiration na?ve du conteur pour les exploits de son h��ros. L'esprit humain a pass�� par cette ��tape depuis longtemps abandonn��e. Les Grecs admiraient Ulysse, qui n'��tait pas �� demi voleur; les Romains adoraient Mercure. Les Juifs, fuyant l'Egypte, ne se faisaient faute de suivre le conseil de Mo?se et d'emprunter aux ��gyptiens des vases d'argent, des vases d'or et des habits qu'ils ne devaient jamais rendre. ?Or, dit la Bible[2], le Seigneur rendit les ��gyptiens favorables �� son peuple, afin qu'ils donnassent aux enfants d'Isra?l ce qu'ils demandaient. Ainsi ils d��pouill��rent les ��gyptiens.? Le proc��d�� r��volte notre d��licatesse; il est probable que les Juifs s'en glorifiaient comme d'une adresse h��ro?que. Apprenons par l�� �� ne pas toujours mesurer le monde �� la mesure de nos id��es d'aujourd'hui. Nos a?eux, il y a vingt ou trente si��cles, admiraient les voleurs, nos p��res admiraient les Heiduques et les Klephtes, nous admirons encore les conqu��rants; qui sait ce que penseront de nous nos enfants? Un jour peut-��tre ils se riront de notre barbarie, comme nous de celle de nos p��res, et ils n'auront pas tort. Vienne le jour o�� cette gloire si creuse, et qui co?te si cher, ne sera plus qu'un conte de f��es!
[Note 1: Il a ��t�� traduit par Dasent, dans ses Popular Tales from The Norse. Edimbourg, 1859.]
[Note 2: Exode, chap. xii, vers. 36.]
II
LE PETIT HOMME GRIS
Au temps jadis (je parle de trois ou quatre cents ans), il y avait �� Skalholt, en Islande, un vieux paysan qui n'��tait pas plus riche d'esprit que d'avoir. Un jour que le bonhomme ��tait �� l'��glise, il entendit un beau sermon sur la charit��.--?Donnez, mes fr��res, donnez, disait le pr��tre; le Seigneur vous le rendra au centuple.? Ces paroles,
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