Noël dans les pays étrangers | Page 6

Alphonse Chabot
nouvelle pour l'Angleterre protestante, une cérémonie religieuse à minuit ?Watch service?, tout comme les catholiques ont la messe de minuit.
Le jour de No?l, un d?ner pour plus d'un millier de pauvres est ordonné par la Reine d'Angleterre. Sa Majesté, accompagnée de la princesse de Galles et de ses petits-enfants, parcourt les grandes salles, parlant à ses convives d'un jour, les réjouissant de sa présence, alors que, d'autre part, elle a fait elle-même des couvre-pieds envoyés à la même époque aux h?pitaux de Londres.
Après le d?ner de No?l, on se livre à différents jeux: nous n'en citerons que deux.
C'est d'abord le Snap Dragon. Sur une large coupe, on place des raisins secs et des amandes que l'on recouvre d'eau naturelle, sur laquelle surnage une mince couche d'eau-de-vie. On allume alors ce punch d'un nouveau genre, et il s'agit d'enlever prestement, sans se br?ler, raisins et amandes que les ondulations d'une longue flamme défendent longtemps contre toute atteinte[17].
[Note 17: Nicolay. Histoire des Croyances. Tome II, p. 81.]
The Hide and Seek (cache-cache) se joue dans les vieux manoirs. Et à cette occasion, l'a?eule, de sa voix chevrotante, ne manque jamais de psalmodier la Légende du Beau-Lowe: c'est une Christmas carol qui date, dit-on, du Ve siècle. Notre traduction littérale la donne dans toute sa simplicité:
?No?l au vieux chateau: c'est jour de fête. La fille du noble Biron joue avec ses compagnes. Elle joue à cache-cache. Quel délice! Elle se cache si bien, si bien, qu'elle dispara?t et que personne ne peut la découvrir. Pas même son fiancé, le jeune et beau Lord Lowe. Les jours, les semaines, les mois, les années passent.--Vingt ans après, comme on avait besoin d'une nappe pour la table du festin de No?l, on ouvrit par hasard une vieille armoire et on y trouva, ? horreur!... un squelette couronné de roses blanches fanées.... Jeunes filles, songez à la fiancée du beau Lord Lowe!?
Le Christmas britannique est surtout la fête des enfants. Les écoles anglaises comptent deux vacances annuelles: l'une, qui est la plus longue, a lieu en été, l'autre est accordée à l'occasion de No?l. C'est par suite de la présence au logis des enfants dispersés dans les collèges, que la réunion de famille est au complet. La veille de No?l, Christmas Eve, les enfants suspendent à leur lit de fer les bas dans lesquels Father Christmas (le Père No?l) viendra déposer, croient-ils ou font-ils semblant de croire, les jouets et friandises qu'y déposeront réellement leur père et leur mère.
Le soir de No?l, les enfants règnent en souverains, et, comme dans les saturnales antiques, c'est le monde renversé.--Douce tyrannie de quelques heures, car, ainsi que le dit Emile Augier:
Nous n'existons vraiment que par ces petits êtres. Qui dans tout notre coeur s'établissent en ma?tres, Qui prennent notre vie et ne s'en doutent pas, Et n'ont pour être heureux qu'à n'être pas ingrats.
Toute la famille est réunie; alors c'est le bruit des jeunes voix, l'applaudissement des yeux, le trépignement des petits pieds sous la table. Granny (grand'-mère) réclame le silence: elle se fait apporter une bouteille de son plus vieux cognac. On arrose le pudding, on éteint le gaz et le plus jeune des babies allume l'eau-de-vie dont la flamme scintille en reflets bleus, pendant que la turbulente jeunesse improvise une ronde autour de la grande table. Le gaz brille de nouveau et le pudding est gravement entamé. On fait d'abord la part des absents. La poste, dès le lendemain, portera aux colons de la Nouvelle-Zélande, aux Sheep farmers[18] d'Australie, aux garnisons de l'Inde et du Cap, ce souvenir si touchant de l'amitié.
[Note 18: éleveurs de moutons.]
L'Angleterre célèbre la fête de No?l avec une réelle allégresse: c'est l'époque choisie pour échanger voeux et étrennes. C'est No?l qui est vraiment le jour de l'an et qui sert de transition d'une année à l'autre. Aussi un grand nombre de Christmas Cards (cartes de No?l) partent d'Angleterre pour les quatre coins du monde anglicisé, colonisé par la conquête toujours envahissante du peuple britannique, empire sur lequel
The Sun never sets, Le soleil ne se couche jamais.
Nous avons sous les yeux une collection très complète de Christmas Cards: il y en a de ravissantes. Certaines sont sur du papier fin et colorié, quelquefois avec photographies ou gravures de gracieux paysages ou de tableaux des grands ma?tres. La plupart des voeux exprimés peuvent se résumer dans ceux-ci:
With Sincere Wishes for A Very Happy Christmas and A Bright and Prosperous New Year, from X***.
Avec sincères voeux pour Un très heureux No?l et Une brillante et prospère nouvelle année, de la part de X***.
Ces cartes sont à la portée de toutes les bourses: il y en a depuis dix centimes jusqu'à cinquante francs. La poste de Londres en expédie plus de soixante millions, à l'occasion du Christmas. On y joint quelquefois une minuscule bo?te contenant quelques grains du
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