toute famille anglaise, riche ou pauvre, on célèbre le Christmas par un repas où les mets sont servis en abondance. Le morceau de choix est d'abord Sir Loin ?le Seigneur Aloyau? que Charles II, dans un jour de belle humeur, avait nommé chevalier (Knight). L'oie r?tie, roast goose, est ensuite le plat préféré, quand la dinde r?tie, roast turkey, ne vient pas prendre sa place. Puis appara?t le signe culinaire de la nationalité anglaise, le fameux plum-pudding. ?Hip! Hip! hourrah! Honneur au Roi du Festin[12].?
[Note 12: La confection du pudding de No?l est des plus solennelles; chaque membre de la famille tourne à son tour la pate qui doit devenir le gateau.--Quelquefois celui-ci prend des proportions pantagruéliques. Certaines corporations ont fait confectionner des puddings qui absorbaient des centaines de livres de farine et de raisins de Corinthe.]
?Au couvent de Ewel, nous écrit un de nos amis, nous organisions nos fêtes suivant les coutumes anglaise et fran?aise, anglaise pour le c?té profane et fran?aise pour le c?té religieux. Ah! le fameux pudding qu'un frère irlandais excellait à préparer! Ce nous était une joie sans pareille de voir les flammes bleues de l'alcool courir sur ses flancs dorés, et quand, dans une dernière course affolée, les jolies petites flammes s'évanouissaient, le pudding était débité en tranches succulentes, aux acclamations de tous, pendant que le pauvre frère gémissait sur le pillage d'une oeuvre où il avait mis tout son talent culinaire.?
Enfin apparaissent les minced pies, patés feuilletés qui enrobent des hachis de viandes, d'épices et de fruits[13]. Les Anglais arrosent le tout de flots de sherry (vin de Xérès d'Espagne) fabriqué à Londres. Les oranges, les bonbons, les amandes, les noisettes apparaissent au dessert. Le Port-wine, le vin de gingembre pour les abstainers[14], le whisky, voir même le gin, jouent un assez grand r?le dans le monde où l'on boit.
[Note 13: C'est ce que nous appelons un paté à l'émincé.]
[Note 14: Personnes qui s'abstiennent de liqueurs enivrantes.]
Dans les Universités, notamment à Oxford et à Cambridge, il est de tradition de manger, à No?l, une hure de sanglier: on l'entoure de romarin et on la sert avec d'interminables salamalecs.
A Sandringham, où le Roi et la Reine d'Angleterre ont l'habitude de passer tous les ans les fêtes de No?l, on a servi, cette année, comme r?ti de Christmas, un jeune cygne.
Ce cygne a été engraissé par les soins du ?ma?tre des cygnes de la Cour?, fonctionnaire qui date des temps antiques et dont la charge consiste à surveiller l'élevage et la nourriture des cygnes qui peuplent les parcs et les jardins des propriétés royales.
Il y a cinq cents ans, le r?ti de cygne était un mets recherché des gourmets et figurait à No?l sur les grandes tables. Edouard VII a repris cette tradition et donné ordre à son ?ma?tre des cygnes? d'engraisser une douzaine de ses ?élèves? dont il a fait cadeau, à l'occasion de No?l, à des familles princières, à quelques hauts fonctionnaires de la Cour et aux juges du tribunal supérieur[15].
[Note 15: Le Gaulois, 26 Décembre 1904.]
Le riche anglais veut que son frère pauvre se réjouisse à No?l. Les journaux sont remplis d'appels adressés au public par les sociétés charitables de toute espèce; les souscriptions abondent et la bourse des particuliers s'ouvre largement pour donner aux pauvres leur part de cette fête nationale.--L'H?pital fran?ais, situé à Shaftesbury-Avenue, et desservi par les Soeurs fran?aises Servantes du Sacré-Coeur, re?oit, chaque année, en surabondance, oies, dindons et puddings pour les malades, convalescents et infirmes. Ce détail nous a été donné, à Londres même, par la Supérieure de l'établissement.
Dans quelques villes d'Angleterre, le maire re?oit, à l'occasion de No?l, cent vieillards qui viennent prendre le thé, pendant que sa femme réunit des veuves sans ressources. Ailleurs, ce sont des fondations pour dons de viande, de couvertures de laine, de sacs de charbons. Ainsi la distribution annuelle de la Christmas Parcel Fund (Société des paquets de No?l) de Shoreditch, établie en 1870, a eu lieu aux Bains de Pitfield-street. Neuf cent cinquante-six des citoyens les plus pauvres de la localité, la plupart ayant une nombreuse famille, ont re?u un paquet d'épicerie contenant une demi-livre de thé, un demi-quart d'une mesure de farine, une demi-livre de sucre et tout ce qui est nécessaire pour faire un bon pudding de No?l--et en plus un ticket pour cent livres de charbon. Quelques mots aimables furent adressés à l'assemblée par le conseiller Dr Davies, président de la Société, qui était assisté de l'honorable Claude Hay, M.P. (membre du Parlement), et de l'Alderman Pearce[16].
[Note 16: The Daily Telegraph, 23 Décembre 1904.]
Dans quelques Work-houses (asiles des pauvres), les dames de charité offrent un d?ner de No?l complet: roastbeef, plum-pudding et bière, quand une Société de tempérance n'intervient pas pour remplacer la bière par le thé. Dans ces Work-houses, on prépare même quelquefois, chose toute
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