Noël dans les pays étrangers | Page 4

Alphonse Chabot
du club ne manquent pas, au cours de la nuit de No?l, de rendre visite au Baron of beef. On voit alors, devant l'immense cheminée, les habits noirs des plus élégants fashionables se mêler aux vestes blanches et aux tabliers des cuisiniers.
Pour le Christmas, le home (l'intérieur de la maison) re?oit une décoration spéciale. Les touffes de houx, aux feuilles luisantes, égayées par leurs petites baies rouges, ornent les maisons les plus modestes, aussi bien que le chateau seigneurial. ?Les baies rouges, disent les vieilles chansons, couronnent agréablement la tête du sombre hiver?. Des guirlandes de laurier, de lierre et de fleurs entourent les lustres, les tableaux, les armures des ancêtres. Mais c'est le gui surtout, mistletoe--destiné, dit-on, à mettre en fuite les sorciers--qui joue le plus grand r?le dans la décoration du Christmas. Qui n'a pas admiré les branches entrecroisées de la plante druidique[8], son feuillage d'un vert pale, semé de graines blanches et transparentes comme des perles de corail?
[Note 8: Les Druides regardaient le gui, à cause de sa verdure perpétuelle, comme l'emblème de l'immortalité de l'ame. On le cueillait la sixième nuit de la nouvelle lune après le solstice d'hiver; cette nuit, appelée la nuit-mère, commen?ait l'année gauloise. Un Druide, en robe blanche, montait sur le chêne, une faucille d'or à la main et tranchait la racine de la plante que d'autres Druides recevaient dans une saie blanche, car il ne fallait pas qu'elle touchat la terre.]
Jadis, la veille de No?l, après la prière et les exercices de piété accoutumés, on allumait des cierges et, avec une grande solennité, le chef de la famille mettait dans l'atre une b?che appelée Yule-Log[9] ou Christmas Block. Elle était allumée avec un tison provenant de la b?che de l'année précédente. Tant qu'elle durait, il y avait force rasades, chants et narrés d'histoires. Cet usage existe encore, particulièrement dans le nord de l'Angleterre, mais accompagné de certaines superstitions. Si la b?che vient à s'éteindre avant la fin de la nuit, ou si, pendant qu'elle br?le, survient une personne qui louche ou soit pieds-nus, cela est considéré comme de mauvais Augure.
[Note 9: Yule, en anglo-saxon Geol, la fête. Décembre s'appelait se oerra geola, avant la fête (de No?l). Janvier, se aeftera geola, après la fête (de No?l).]
Pendant la nuit de No?l, les chanteurs de Christmas carols[10] (chants de No?l) vont se faire entendre à la porte des maisons; on les désigne sous le nom de Waits.
[Note 10: Les Christmas carols sont nos No?ls.]
Les uns le font à titre purement gracieux, en l'honneur de leurs amis ou des membres de leur famille.
Washington Irving, dans son excellent ouvrage The Sketch Book (le livre d'esquisses), nous raconte le trait suivant: ?Me trouvant chez un ami, le matin de No?l, alors que j'étais encore au lit, j'entendis le bruit de petits pas qui résonnaient à ma porte. Bient?t un choeur de voix enfantines entonna ce vieux chant de No?l:
Rejoice, our Saviour he was born On Christmas day, in the morning.
Réjouissez vous, notre Sauveur est né Le jour de No?l, au matin.
?Je me levai doucement, ouvris promptement la porte et je contemplai un des plus jolis groupes de fées qu'un peintre puisse imaginer. Il se composait d'un petit gar?on et de deux petites filles; la plus agée n'avait pas plus de six ans; ils ressemblaient à trois séraphins. Ils faisaient le tour de la maison et chantaient à toutes les portes.?
D'autres chanteurs s'en vont par les rues, mendiant pour eux-mêmes, les quelques pence (sous) que la générosité des veilleurs veut bien leur donner.
Dans quelques contrées de l'Angleterre, les enfants se réunissent pour aller de cottage en cottage, chanter des Glees (chansons à refrain). L'un de ces chants populaires, au rythme vif et gai, a pour refrain ces paroles:
The merry merry time The merry merry time Bless the merry merry Christmas time!
Le joyeux joyeux temps Le joyeux joyeux temps Béni soit le joyeux joyeux temps de No?l!
Cet usage des chants de No?l est des plus anciens, comme le prouve une carol anglo-normande que nous avons découverte, et dont nous citons le premier couplet:
Seignors, ore entendez à nus, De loin sommes venus à vus Pour quere No?l; Car l'em nus dit que en cest hostel Soleil tenir sa feste annuel Ahi! c'est jur Deu doint à tuz icels joie d'amors Qui a danz No?l ferunt honors.
Seigneurs, à présent, écoutez-nous! De loin, nous sommes venus à vous, Pour demander No?l; Car l'on nous dit qu'en cet h?tel. De coutume on célèbre sa fête annuelle, Ah! Ah! c'est le jour, Dieu donne ici joie d'amour A tous ceux qui feront honneur au jour de No?l[11].
[Note 11: Lai de Marie de France.]
Max O'Rell, qui avait fait un long séjour à Londres, dit, dans son livre intitulé John Bull et son Ile: ?No?l, c'est la grande fête de famille en Angleterre.?
En effet, dans
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