armées ou de la Cour.
Dès ce moment, en froid avec le Cardinal, Foucquet, prévoyant sa
disgrâce, préparait sa défense et celle de ses amis, et désignait les villes
où ses affidés trouveraient refuge, les places dont les gouverneurs lui
appartenaient ou pouvaient être gagnés, toutes mesures imprudentes,
consignées par écrit, et qui devaient un jour contribuer à sa perte.
Sa santé s'était gravement altérée; à peine remis, il vient à Compiègne,
le 28 juillet 1658 pour entretenir Mazarin de la situation financière et
lui offre sa démission. Mais le Cardinal refuse. En 1659, la mort de
Servien laisse libre une des deux places de surintendant. Mazarin
promet d'abord à Foucquet de ne pas le remplacer, puis il se désigne
lui-même comme son collègue.
Une fois de plus les caisses de l'État sont vides, les avances absorbées
pour dix-huit mois ou deux ans. Foucquet et Herwarth demandent au
Cardinal, qui a promis de leur venir en aide quand il en serait temps, de
donner sa signature qui seule peut leur faire obtenir les fonds
nécessaires. Mais le Cardinal est avare, et il craint de toucher à ses
biens de La Fère, de Brouage, de Sedan et de Vincennes, à ses
placements à l'étranger, il recule et renonce à la place, laissant
Foucquet occuper seul la surintendance.
Le Roi est marié, Foucquet reçoit la nouvelle Reine à Vaux, Mazarin
marie ses nièces et meurt, mais, dans ses derniers moments le Cardinal
fait son testament et laisse au Roi tous ses biens, reconnaissant qu'ils
viennent des libéralités de son souverain.
Dans un suprême entretien avec son confesseur, il lui donne la mission
d'aller, après avoir consulté Colbert, donner le conseil au Roi d'ôter à
Foucquet l'emploi des finances, de rechercher lès malversations des
gens d'affaires et de leur faire restituer le bien du Roi.
À ce moment même, Foucquet, redevenu plein d'espoir, cherche le
moyen de recueillir la grande situation que laisse le mourant.
Pendant que Colbert s'occupe de l'exécution du testament du Cardinal,
Foucquet, admis à traiter des affaires étrangères dans le Conseil,
entame, sur l'ordre du Roi, de grandes négociations avec les rois
d'Angleterre, de Pologne, de Suède, et est chargé de discuter le traité de
commerce avec les États de Hollande. Mais cette nouvelle tâche fut de
courte durée, car les ennemis de Foucquet, ayant Colbert à leur tête,
avaient décidé de la perte du Surintendant.
Trop longs seraient à raconter les préliminaires du drame qui remplit
tout le second volume de M. Lair.
IV
C'est à Fontainebleau, au moment où, après ses amours passagères avec
les deux Mancini, on commença à combattre la passion qu'éprouvait le
Roi pour Henriette d'Angleterre que nous voyons se nouer les intrigues
qui vont amener la chute de Foucquet.
Anne d'Autriche, Henriette de France et Madame de Chevreuse,
tiennent conseil et décident que, sinon pour détourner le Roi de
Madame, du moins pour empêcher que le scandale ne devienne public,
il faut que Louis XIV fasse ostensiblement la cour à quelqu'une des
demoiselles d'honneur de sa belle-soeur, et pendant que Foucquet songe
à Mademoiselle de Menneville, la Reine choisit Louise de La Vallière.
Seulement, au lieu de galanteries passagères, celle-ci ne tarde pas à
devenir et pour longtemps l'unique objet de la passion du Roi. Dans une
remarquable étude que nous avons déjà mentionnée, M. Lair nous a
donné avec une grande clarté et nombre de détails nouveaux, ce récit
des amours de Louis XIV.
Dans son désir d'être agréable au Roi, Foucquet aurait-il fait à Louise
de La Vallière des offres de service, des avances mal interprétées et
reportées par celle-ci à Louis XIV; c'est ce qui semble vraisemblable.
Dévoré par la fièvre, à la veille d'une maladie qui menace de l'emporter,
Foucquet n'est plus maître de lui, il commet fautes sur fautes, erreurs
sur maladresses et Louise de La Vallière ayant raconté au roi ses
discours qu'elle ne comprend pas et dans lesquels elle voit surtout le
désir de Foucquet de pénétrer dans le secret de son coeur, Louis XIV
croit voir un rival dans le surintendant et, sans vouloir provoquer
d'explications, décide la perte de l'imprudent. Bien des ennemis, il faut
le dire, se sont cachés derrière le Roi et ont excité sa colère, les uns par
jalousie, les autres par intérêt personnel.
Mais, il est difficile de poursuivre le procureur général du parlement,
aussi obtient-on de lui la cession de sa charge à M. de Harlay, et en
même temps le Roi accepte l'invitation de venir à Vaux où le
surintendant lui offrit une fête splendide, dont tous les écrivains de
l'époque nous ont conservé le récit. Toutefois, faisons remarquer que
Louis XIV connaissait déjà Vaux où il était venu à plusieurs reprises et
que l'on ne peut attribuer à la vue de ce château et des splendeurs de ses
ameublements
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