se partager, car voil�� mon fr��re a?n�� que j'aime beaucoup et que je serais forc�� de d��tester si je savais qu'il y a chez nous quelque chose dont je n'aurai rien.
-- Vous ne savez pas ce que vous dites, r��pondit le vieux; c'est des id��es de gueux que vous avez l��. Dans la noblesse, on pense plus haut, on ne regarde qu'�� la conservation de la grandeur, et les plus jeunes se font l'honneur de se sacrifier pour conserver les biens et les titres dans la famille.
Je demandai ce que cela voulait dire se _sacrifier._
-- Tu es trop petite pour savoir ?a, r��pondit le p��re Jean.
Et il alla se coucher en marmottant tout bas sa pri��re.
Comme je r��p��tais entre mes dents _sacrifier, _qui ��tait un mot tout nouveau pour moi, Pierre qui aimait �� faire l'entendu, me dit:
-- Je sais, moi, ce que veut dire le grand-p��re. Il a beau d��fendre les moines, et les moines ont beau avoir des biens et le plaisir de ne rien faire, on sait qu'il n'y a pas de gens plus malheureux.
-- Pourquoi sont-ils malheureux?
-- Parce qu'on les m��prise, r��pondit Jacques en haussant les ��paules.
Et il alla se coucher aussi.
Je restai un petit moment apr��s avoir rang�� le souper tout doucement pour ne point ��veiller le p��re Jean, qui ronflait d��j��, et, comme Pierre couvrait le feu qui ��tait notre seule clart�� dans la chambre, je m'approchai de lui pour causer tout bas. J'��tais tourment��e de savoir pourquoi les moines ��taient m��pris��s et malheureux.
-- Tu vois bien, me dit-il, que c'est des hommes qui n'ont ni femmes ni enfants. On ne sait pas seulement s'ils ont p��re et m��re, fr��res ou soeurs. Sit?t qu'ils sont _encag��s, _leur famille les oublie ou les abandonne. Ils perdent jusqu'�� leur nom, c'est comme s'ils ��taient tomb��s de la lune. Ils deviennent tous gras et laids, et sales dans leurs grandes robes, encore qu'ils aient le moyen de se tenir propres. Et puis ?a s'ennuie �� marmotter des pri��res �� toute heure. Il est bon de prier Dieu, mais j'ai dans mon id��e qu'il n'en demande pas tant, et que ces moines lui cassent la t��te avec leurs cloches et leur latin. Enfin, c'est du monde qui ne sert �� rien. On devrait les renvoyer chez eux, et donner leurs terres �� ceux qui sauraient les travailler.
Ce n'��tait pas la premi��re fois que j'entendais faire cette r��flexion, mais elle me paraissait oiseuse. J'avais appris le respect de la propri��t��. Il me semblait impossible d'y rien changer et inutile de le d��sirer,
-- Tu dis des b��tises, r��pondis-je au petit Pierre. On ne peut pas emp��cher les riches d'��tre riches; mais qu'est-ce que tu penses de ce jeune apprenti moine qui m'a permis de faire manger Rosette dans le pr�� du moutier? Est-ce que tu crois qu'on l'��coutera?
-- On ne l'��coutera pas, dit Pierre; c'est un poulain qui ne sait pas encore tirer la charrue. Les vieux qui connaissent leur m��tier te prendront ton ouaille s'ils la voient chez eux, et le novice ira en punition pour avoir d��sob��i.
-- Oh! alors, je n'y retournerai plus. Je ne veux pas le faire punir, lui qui est si bon et si honn��te!
-- Tu peux y retourner pendant les offices du matin. Le p��re Fructueux ne quitte pas l'��glise �� ces heures-l��.
-- Non, non! m'��criai-je, je ne veux pas m'apprendre �� voler!
Je m'endormis toute pr��occup��e. Je ne songeais plus tant �� Rosette qu'�� ce gar?on de si bon coeur qui ��tait condamn�� �� ��tre malheureux, m��pris��, _sacrifi��, _comme disait mon grand-oncle. Il vint, dans la nuit, un gros orage avec des ��clairs �� tout embraser et des roulements de tonnerre �� faire dresser les cheveux. Du moins, voil�� ce que le grand-oncle nous dit au matin, car il ��tait le seul de la maison qui e?t entendu le bruit: la jeunesse dort si bien, m��me dans une masure mal close! mais quand j'ouvris le contrevent qui servait de fen��tre, -- nous ne connaissions pas l'usage des vitres, -- je vis la terre toute tremp��e et l'eau qui ruisselait encore autour du rocher par mille petits sillons qu'elle s'��tait creus��s dans le sable. Je courus voir si le vent n'avait pas emport�� ma bergerie. Elle avait tenu bon, et je fus joyeuse, car la pluie, c'��tait de l'herbe avant peu de jours.
Sur le midi, le soleil se montra et je partis avec Rosette pour un petit endroit bien abrit�� dans les grosses roches, o�� il y avait toujours quelque peu de verdure et o�� les autres patours n'allaient gu��re, la descente ��tant mal commode et non sans danger. Je m'y trouvai seule et je m'assis au bord de l'eau troubl��e et toute ��cumeuse du torrent. J'y ��tais depuis un bout de temps quand je m'entendis appeler par mon nom, et bient?t je vis le
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