Monsieur Lecoq, vol 1, Lenquete | Page 5

Emile Gaboriau
qui sont ��tendus l��, qui cherchaient des raisons �� cet autre que vous avez attach��, le pauvre innocent. Car il est innocent, vrai comme je suis une honn��te femme. Si mon fils Polyte avait ��t�� l��, il se serait mis entre eux; mais moi, une veuve, qu'est-ce que je pouvais faire? J'ai cri�� �� la garde de toutes mes forces...
Elle se rassit, sur ce t��moignage, pensant en avoir dit assez. Mais G��vrol la contraignit brutalement de se relever.
--Oh! nous n'avons pas fini, dit-il, je veux d'autres d��tails.
--Lesquels, cher monsieur G��vrol, puisque je n'ai rien vu.
La col��re commen?ait �� rougir les ma?tresses oreilles de l'inspecteur.
--Que dirais-tu, la vieille, fit-il, si je t'arr��tais?
--Ce serait une grande injustice.
--C'est ce qui arrivera cependant si tu t'obstines �� te taire. J'ai id��e qu'une quinzaine �� Saint-Lazare te d��lierait joliment la langue.
Ce nom produisit sur la veuve Chupin l'effet d'une pile ��lectrique. Elle abandonna subitement ses hypocrites lamentations, se redressa, campa fi��rement ses poings sur ses hanches et se mit �� accabler d'invectives G��vrol et ses agents, les accusant d'en vouloir �� sa famille, car ils avaient d��j�� arr��t�� son fils, un excellent sujet, jurant qu'au surplus elle ne craignait pas la prison, et que m��me elle serait bien aise d'y finir ses jours �� l'abri du besoin.
Un moment, le g��n��ral essaya d'imposer silence �� l'affreuse m��g��re, mais il reconnut qu'il n'��tait pas de force, d'ailleurs tous ses agents riaient. Il lui tourna donc le dos, et, s'avan?ant vers le meurtrier:
--Toi, du moins, fit-il, tu ne nous refuseras pas des explications.
L'homme h��sita un moment.
--Je vous ai dit, r��pondit-il enfin, tout ce que j'avais �� vous dire. Je vous ai affirm�� que je suis innocent, et un homme pr��t �� mourir, frapp�� de ma main, et cette vieille femme ont confirm�� ma d��claration. Que voulez-vous de plus? Quand le juge m'interrogera, je r��pondrai peut-��tre; jusque-l��, n'esp��rez pas un mot.
Il ��tait ais�� de voir que la d��termination de l'homme ��tait irr��vocable, et elle ne devait pas surprendre un vieil inspecteur de la s?ret��.
Tr��s-souvent des criminels, sur le premier moment, opposent �� toutes les questions le mutisme le plus absolu. Ceux-l�� sont les exp��riment��s, les habiles, ceux qui pr��parent des nuits blanches aux juges d'instruction.
Ils ont appris, ceux-l��, qu'un syst��me de d��fense ne s'improvise pas, que c'est au contraire une oeuvre de patience et de m��ditation, o�� tout doit se tenir et s'encha?ner logiquement.
Et sachant quelle port��e terrible peut avoir au cours de l'instruction une r��ponse insignifiante en apparence, arrach��e au trouble du flagrant d��lit, il se taisait, il gagnait du temps.
Cependant, G��vrol allait peut-��tre insister, quand on lui annon?a que le ?soldat? venait de rendre le dernier soupir.
--Puisque c'est ainsi, mes enfants, pronon?a-t-il, deux d'entre vous vont rester ici, et je filerai avec les autres. J'irai r��veiller le commissaire de police, et je lui remettrai l'affaire; il s'en arrangera, et selon ce qu'il d��cidera, nous agirons. Ma responsabilit��, en tout cas, sera �� couvert. Ainsi, d��liez les jambes de notre pratique et attachez un peu les mains de la m��re Chupin, nous les d��poserons au poste en passant.
Tous les agents s'empress��rent d'ob��ir, �� l'exception du plus jeune d'entre eux, celui qui avait m��rit�� les ��loges du G��n��ral.
Il s'approcha de son chef, et lui faisant signe qu'il avait �� lui parler, il l'entra?na dehors.
Lorsqu'ils furent �� quelques pas de la maison:
--Que me veux-tu? demanda G��vrol.
--Je voudrais savoir, G��n��ral, ce que vous pensez de cette affaire.
--Je pense, mon gar?on, que quatre coquins se sont rencontr��s dans ce coupe-gorge. Ils se sont pris de querelle, et des propos ils en sont venus aux coups. L'un d'eux avait un revolver, il a tu�� les autres. C'est simple comme bonjour. Selon ses ant��c��dents et aussi selon les ant��c��dents des victimes, l'assassin sera jug��. Peut-��tre la soci��t�� lui doit-elle des remerc?ments...
--Et vous jugez inutiles les recherches, les investigations...
--Absolument inutiles.
Le jeune agent parut se recueillir.
--C'est qu'il me semble �� moi, G��n��ral, reprit-il, que cette affaire n'est pas parfaitement claire. Avez-vous ��tudi�� le meurtrier, examin�� son maintien, observ�� son regard?... Avez-vous surpris comme moi...
--Et ensuite?
--Eh bien!... il me semble, je me trompe peut-��tre; mais enfin je crois que les apparences nous trompent. Oui, je sens quelque chose...
--Bah?... Et comment expliques-tu cela?
--Comment expliquez-vous le flair du chien de chasse?
G��vrol, champion de la police positiviste, haussait prodigieusement les ��paules.
--En un mot, dit-il, tu devines ici un m��lodrame ... un rendez-vous de grands seigneurs d��guis��s, �� la _Poivri��re_, chez la Chupin ... comme �� l'Ambigu... Cherche, mon gar?on, cherche, je te le permets...
--Quoi!... vous permettez...
--C'est-��-dire que j'ordonne... Tu vas rester ici avec celui de tes camarades que tu choisiras... Et si tu trouves quelque chose que je n'aie pas vu, je te permets de me payer une paire de lunettes.

II
L'agent auquel G��vrol abandonnait une information qu'il jugeait inutile, ��tait un d��butant dans ?la partie.?
Il s'appelait Lecoq.
C'��tait un gar?on de
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