Monsieur Lecoq, vol 1, Lenquete | Page 4

Emile Gaboriau
les yeux, et d'une voix ��teinte demanda �� boire.
On lui pr��senta une tasse d'eau, il la vida avec d��lices, puis il respira longuement et parut reprendre quelques forces.
--O�� es-tu bless��? demanda G��vrol.
--A la t��te, tenez, l��, r��pondit-il en essayant de soulever un de ses bras, oh! que je souffre!...
L'agent qui avait coup�� la retraite du meurtrier s'��tait approch��, et avec une dext��rit�� qui lui e?t envi��e un vieux chirurgien, il palpait la plaie b��ante que le jeune homme avait un peu au-dessus de la nuque.
--Ce n'est pas grand'chose, pronon?a-t-il.
Mais il n'y avait pas �� se m��prendre au mouvement de sa l��vre inf��rieure. Il ��tait clair qu'il jugeait la blessure tr��s-dangereuse, sinon mortelle.
--Ce ne sera m��me rien, affirma G��vrol, les coups �� la t��te, quand ils ne tuent pas roide, gu��rissent dans le mois.
Le bless�� sourit tristement.
--J'ai mon compte, murmura-t-il.
--Bast!...
--Oh!... Il n'y a pas �� dire non, je le sens. Mais je ne me plains pas. Je n'ai que ce que je m��rite.
Tous les agents, sur ces mots, se retourn��rent vers le meurtrier. Ils pensaient qu'il allait profiter de cette d��claration pour renouveler ses protestations d'innocence.
Leur attente fut d��?ue: il ne bougea pas, bien qu'il e?t tr��s-certainement entendu.
--Mais voil��, poursuivit le bless��, d'une voix qui allait s'��teignant, ce brigand de Lacheneur m'a entra?n��.
--Lacheneur?...
--Oui, Jean Lacheneur, un ancien acteur, qui m'avait connu quand j'��tais riche..., car j'ai eu de la fortune, mais j'ai tout mang��, je voulais m'amuser... Lui, me sachant sans le sou, est venu �� moi, et il m'a promis assez d'argent pour recommencer ma vie d'autrefois... Et c'est pour l'avoir cru, que je vais crever comme un chien, dans ce bouge!... Oh! je veux me venger!
A cet espoir, ses poings se crisp��rent pour une derni��re menace.
--Je veux me venger, dit-il encore. J'en sais long, plus qu'il ne croit... je dirai tout!...
Il avait trop pr��sum�� de ses forces.
La col��re lui avait donn�� un instant d'��nergie, mais c'��tait au prix du reste de vie qui palpitait en lui.
Quand il voulut reprendre, il ne le put. A deux reprises, il ouvrit la bouche; il ne sorit de sa gorge qu'un cri ��touff�� de rage impuissante.
Ce fut la derni��re manifestation de son intelligence. Une ��cume sanglante vint �� ses l��vres, ses yeux se renvers��rent, son corps se roidit, et une convulsion supr��me le rabattit la face contre terre.
--C'est fini, murmura G��vrol.
--Pas encore, r��pondit le jeune agent dont l'intervention avait ��t�� si utile; mais il n'en a pas pour dix minutes. Pauvre diable!... Il ne dira rien.
L'inspecteur de la s?ret�� s'��tait redress��, aussi calme que s'il e?t assist�� �� la sc��ne la plus ordinaire du monde, et soigneusement il ��poussetait les genoux de son pantalon.
--Bast!... r��pondit-il, nous saurons quand m��me ce que nous avons int��r��t �� savoir. Ce gar?on est troupier, et il a sur les boutons de sa capote le num��ro de son r��giment, ainsi!...
Un fin sourire plissa les l��vres du jeune agent.
--Je crois que vous vous trompez, G��n��ral, dit-il.
--Cependant...
--Oui, je sais, en le voyant sous l'habit militaire, vous avez suppos��... Eh bien!... non. Ce malheureux n'��tait pas soldat. En voulez-vous une preuve imm��diate, entre dix?... Regardez s'il est tondu en brosse, �� l'ordonnance? O�� avez-vous vu des troupiers avec des cheveux tombant sur les ��paules?
L'objection interdit le g��n��ral, mais il se remit vite.
--Penses-tu, fit-il brusquement, que j'ai mes yeux dans ma poche? Ta remarque ne pas ��chapp��; seulement, je me suis dit: Voil�� un gaillard qui profite de ce qu'il est en cong�� pour se passer du perruquier.
--A moins que...
Mais G��vrol n'admet pas les interruptions.
--Assez caus��!... pronon?a-t-il. Tout ce qui s'est pass��, nous allons l'apprendre. La m��re Chupin n'est pas morte, elle, la coquine!
Tout en parlant, il marchait vers la vieille qui ��tait rest��e obstin��ment accroupie sur son escalier. Depuis l'entr��e de la ronde, elle n'avait ni parl��, ni remu��, ni hasard�� un regard. Seulement, ses g��missements n'avaient pas discontinu��.
D'un geste rapide, G��vrol arracha le tablier qu'elle avait ramen�� sur sa t��te, et alors elle apparut telle que l'avaient faite les ann��es, l'inconduite, la mis��re, et des torrents d'eau-de-vie et de m��le-cassis: rid��e, ratatin��e, ��dent��e, ��raill��e, n'ayant plus sur les os que la peau, plus jaune et plus s��che qu'un vieux parchemin.
--Allons, debout!... dit l'inspecteur. Ah! tes j��r��miades ne me touchent gu��re. Tu devrais ��tre fouett��e, pour les drogues infames que tu mets dans tes boissons, et qui allument des folies furieuses dans les cervelles des ivrognes.
La vieille promena autour de la salle ses petits yeux rougis, et d'un ton larmoyant:
--Quel malheur!... g��mit-elle, Q'est-ce que je vais devenir! Tout est cass��, bris��! Me voil�� ruin��e.
Elle ne paraissait sensible qu'�� la perte de sa vaisselle.
--Voyons, interrogea G��vrol, comment la bataille est-elle venue?
--H��las!... Je ne le sais seulement pas. J'��tais l��-haut �� rapi��cer des nippes �� mon fils, quand j'ai entendu une dispute.
--Et apr��s?
--Comme de juste, je suis descendue, et j'ai vu ces trois
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