tr��s r��solu, tr��s agissant et aussi tr��s concentr��, ne laissant rien voir de ce qu'il pensait, ne disant rien de ce qu'il faisait. Il est de ces natures qui ressemblent �� des maisons herm��tiquement ferm��es, et dont la porte ne s'ouvre �� personne. Cependant, �� San- Di��go, aucun bruit facheux n'avait couru sur le compte de cet homme si peu communicatif, que son mariage avec Jane Burker avait fait le cousin de John Branican. Il n'y avait donc pas lieu de s'��tonner que celui-ci, n'ayant d'autre famille que les Burker, leur e?t recommand�� Dolly et son enfant. Mais, en r��alit��, c'��tait plus sp��cialement aux soins de Jane qu'il les remettait, sachant que les deux cousines ��prouvaient une profonde affection l'une pour l'autre.
Et il en e?t ��t�� tout autrement si le capitaine John avait su ce qu'��tait au juste Len Burker, s'il avait connu la fourberie qui se dissimulait derri��re le masque imp��n��trable de sa physionomie, avec quel sans-g��ne il traitait les convenances sociales, le respect de soi-m��me et les droits d'autrui. Tromp��e par ses dehors assez s��duisants, par une sorte de fascination dominatrice qu'il exer?ait sur elle, Jane l'avait ��pous�� cinq ans auparavant �� Boston, o�� elle demeurait avec sa m��re, qui mourut peu de temps apr��s ce mariage, dont les cons��quences devaient ��tre si regrettables. La dot de Jane et l'h��ritage maternel auraient d? suffire �� l'existence des nouveaux ��poux, si Len Burker eut ��t�� homme �� suivre les voies usuelles et non les chemins d��tourn��s. Mais il n'en fut rien. Apr��s avoir en partie d��vor�� la fortune de sa femme, Len Burker, assez disqualifi�� dans son cr��dit �� Boston, se d��cida �� quitter cette ville. De l'autre c?t�� de l'Am��rique, o�� sa r��putation douteuse ne le suivrait pas, ces pays presque neufs lui offraient des chances qu'il ne pouvait plus trouver dans la Nouvelle-Angleterre.
Jane, qui connaissait son mari maintenant, s'associa sans h��siter �� ce projet de d��part, heureuse de quitter Boston, o�� la situation de Len Burker pr��tait �� de d��sagr��ables commentaires, heureuse d'aller retrouver la seule parente qui lui restat. Tous deux vinrent s'��tablir �� San-Di��go, o�� Dolly et Jane se retrouv��rent. D'ailleurs, depuis trois ans qu'il habitait cette ville, Len Burker n'avait pas encore donn�� prise aux soup?ons, tant il d��ployait d'habilet�� �� dissimuler le louche de ses affaires.
Telles furent les circonstances qui avaient amen�� la r��union des deux cousines, �� l'��poque o�� Dolly n'��tait pas encore Mrs. Branican.
La jeune femme et la jeune fille se li��rent ��troitement. Bien qu'il semblat que Jane d?t dominer Dolly, ce fut le contraire qui eut lieu. Dolly ��tait forte, Jane ��tait faible, et la jeune fille devint bient?t l'appui de la jeune femme. Lorsque l'union de John Branican et de Dolly fut d��cid��e, Jane se montra tr��s heureuse de ce mariage -- un mariage qui promettait de ne jamais ressembler au sien! Et dans l'intimit�� de ce jeune m��nage, que de consolations elle aurait pu trouver, si elle se f?t d��cid��e �� lui confier le secret de ses peines.
Et cependant la situation de Len Burker devenait de plus en plus grave. Ses affaires p��riclitaient. Le peu qui lui restait de la fortune de sa femme, lorsqu'il avait quitt�� Boston, ��tait presque enti��rement dissip��. Cet homme, joueur ou plut?t sp��culateur effr��n��, ��tait de ces gens qui veulent tout donner au hasard et ne tout attendre que de lui. Ce temp��rament, r��fractaire aux conseils de la raison, ne pouvait qu'amener et n'amenait que des r��sultats d��plorables.
D��s son arriv��e �� San-Di��go, Len Burker avait ouvert un office dans Fleet Street -- un de ces bureaux qui sentent la caverne, o�� n'importe quelle id��e, bonne ou mauvaise, devient le point de d��part d'une affaire. Tr��s apte �� faire miroiter les al��as d'une combinaison, sans aucun scrupule sur les moyens qu'il employait, habile �� changer les arguties en arguments, tr��s enclin �� regarder comme sien le bien des autres, il ne tarda pas �� se lancer dans vingt sp��culations qui sombr��rent peu �� peu, mais ce ne fut pas sans y avoir laiss�� de ses propres plumes. �� l'��poque o�� d��bute cette histoire, Len Burker en ��tait r��duit aux exp��dients, et la g��ne se glissait dans son m��nage. Toutefois, comme il avait tenu ses agissements tr��s secrets, il jouissait encore de quelque cr��dit et l'employait �� faire de nouvelles dupes en faisant de nouvelles affaires.
Cette situation, cependant, ne pouvait aboutir qu'�� une catastrophe. L'heure n'��tait plus ��loign��e, o�� des r��clamations viendraient �� se produire. Peut-��tre cet aventureux Yankee, transport�� dans l'Ouest-Am��rique, n'aurait-il plus d'autre ressource que de quitter San-Di��go, comme il avait quitt�� Boston. Et, pourtant, au milieu de cette ville d'un sens si ��clair��, d'une si puissante activit�� commerciale, dont les progr��s grandissent d'ann��e en ann��e, un homme intelligent et probe e?t trouv�� cent fois l'occasion de r��ussir. Mais il fallait avoir ce
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