Mistress Branican | Page 6

Jules Verne
en 1846, cette province changea le pavillon aux trois couleurs pour les barres et les ��toiles de la Conf��d��ration, et c'est �� titre d��finitif qu'elle compte depuis cette ��poque parmi les ��tats-Unis d'Am��rique.
Une taille moyenne, une figure anim��e du feu de deux grands yeux profonds et noirs, un teint chaud, une chevelure abondante d'un brun tr��s fonc��, la main et le pied un peu plus forts qu'on ne les observe habituellement dans le type espagnol, une d��marche assur��e mais gracieuse, une physionomie qui d��notait l'��nergie du caract��re et aussi la bont�� de l'ame, telle ��tait Mrs. Branican. Il est de ces femmes qu'on ne saurait voir d'un regard indiff��rent, et, avant son mariage, Dolly passait, �� juste titre, pour l'une des jeunes filles de San-Di��go -- o�� la beaut�� n'est point rare -- qui m��ritait le plus d'attirer l'attention. On la sentait s��rieuse, r��fl��chie, d'un grand sens, d'un esprit ��clair��, qualit��s morales que tr��s certainement le mariage ne pourrait que d��velopper en elle.
Oui! en n'importe quelles circonstances, si graves qu'elles pussent ��tre, Dolly, devenue Mrs. Branican, saurait faire son devoir. Ayant regard�� franchement l'existence, et non �� travers un prisme trompeur, elle poss��dait une ame haute, une volont�� forte. L'amour que lui inspirait son mari la rendrait plus r��solue �� l'accomplissement de sa tache. Le cas ��ch��ant -- ce n'est point une phrase banale quand on l'applique �� Mrs. Branican -- elle donnerait sa vie pour John, comme John donnerait sa vie pour elle, comme tous deux la donneraient pour cet enfant. Ils adoraient ce b��b��, qui venait de balbutier le mot de ?papa?, �� l'instant o�� le jeune capitaine allait se s��parer de sa m��re et de lui. La ressemblance du petit Wat avec son p��re ��tait d��j�� frappante -- par les traits du moins, car il avait la chaude coloration du teint de Dolly. Vigoureusement constitu��, il n'avait rien �� craindre des maladies de l'enfance. D'ailleurs, il serait entour�� de tant de soins!... Ah! que de r��ves d'avenir, l'imagination paternelle et maternelle avait d��j�� con?us pour ce petit ��tre, chez qui la vie commen?ait �� peine �� s'��baucher!
Certes, Mrs. Branican e?t ��t�� la plus heureuse des femmes, si la situation de John lui avait permis d'abandonner ce m��tier de marin, dont le moindre des inconv��nients ��tait encore de les tenir ��loign��s l'un de l'autre. Mais, au moment o�� le commandement du Franklin venait de lui ��tre attribu��, comment aurait-elle eu la pens��e de le retenir? Et puis, ne fallait-il pas songer aux n��cessit��s du m��nage, pourvoir aux besoins d'une famille qui ne se r��sumerait peut-��tre pas tout enti��re dans cet unique enfant? C'��tait �� peine le n��cessaire que la dot de Dolly assurait �� sa maison. ��videmment John Branican devait compter sur la fortune que l'oncle laisserait �� sa ni��ce, et il e?t fallu un concours d'invraisemblables circonstances pour que cette fortune lui ��chappat, puisque M. Edward Starter, presque sexag��naire, n'avait pas d'autre h��riti��re que Dolly. En effet, sa cousine Jane Burker, appartenant �� la branche maternelle de la famille, n'avait aucun degr�� de parent�� avec l'oncle de Dolly! Celle-ci serait donc riche... mais dix ans, vingt ans, se passeraient peut-��tre avant qu'elle ne f?t mise en possession de cet h��ritage. De l��, obligation pour John Branican de travailler en vue du pr��sent, s'il n'avait pas lieu de s'inqui��ter de l'avenir. Aussi, ��tait-il bien r��solu �� continuer de naviguer pour le compte de la maison Andrew, d'autant plus qu'un int��r��t lui ��tait accord�� dans les op��rations sp��ciales du Franklin. Or, comme le marin se doublait en lui d'un n��gociant tr��s entendu aux choses du commerce, tout donnait �� penser qu'il acquerrait par son travail une certaine aisance en attendant la succession de l'oncle Starter.
Un mot seulement sur cet Am��ricain -- d'un ?am��ricanisme? absolument original.
Il ��tait fr��re du p��re de Dolly et, par cons��quent, l'oncle propre de la jeune fille, qui ��tait devenue Mrs. Branican. C'��tait ce fr��re, son a?n�� de cinq ou six ans, qui l'avait pour ainsi dire ��lev��, car tous deux ��taient orphelins. Aussi Starter jeune avait- il toujours conserv�� pour lui une vive affection doubl��e d'une vive reconnaissance. Les circonstances l'ayant favoris��, il avait suivi la route de la fortune, alors que Starter a?n�� s'��garait sur les chemins de traverse qui m��nent rarement au but. S'il avait d? s'��loigner pour tenter d'heureuses sp��culations en achetant et d��frichant de vastes terrains dans l'��tat de Tennessee, il n'en avait pas moins conserv�� des rapports avec son fr��re que ses affaires retenaient dans l'��tat de New York. Quand celui-ci devint veuf, il alla se fixer �� San-Di��go, la ville natale de sa femme, o�� il mourut, alors que le mariage de Dolly avec John Branican ��tait d��j�� d��cid��. Ce mariage fut c��l��br�� apr��s les d��lais de deuil, et le jeune m��nage n'eut absolument pour toute fortune que le
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