Mistress Branican | Page 5

Jules Verne
au quai avec ma femme et ses parents... Quand vous voudrez...
-- �� l'instant, John, r��pondit M. William Andrew, et encore une fois, bon voyage!
-- Oui!... bon voyage!... r��p��t��rent les autres visiteurs, qui commenc��rent �� descendre dans les embarcations, accost��es �� tribord du Franklin.
-- Adieu, Len!... Adieu, Jane! dit John en leur serrant la main �� tous les deux.
-- Adieu!... Adieu!... r��pondit Mrs. Burker.
-- Et toi, ma Dolly, pars!... Il le faut!... ajouta John. Le Franklin va prendre le vent.?
Et, en effet, la brigantine et le foc imprimaient un peu de roulis au navire, tandis que les matelots chantaient:
_En voil�� une, La jolie une! Une s'en va, ?a ira, Deux revient, ?a va bien!
En voici deux, La jolie deux! Deux s'en va, ?a ira, Trois revient, ?a va bien..._
Et ainsi de suite.
Pendant ce temps, le capitaine John avait conduit sa femme �� la coup��e, et, au moment o�� elle allait mettre le pied sur l'��chelle, se sentant aussi incapable de lui parler qu'elle ��tait elle-m��me de lui r��pondre, il ne put que la presser ��troitement dans ses bras.
Et, alors, le b��b��, que Dolly venait de reprendre �� sa nourrice, tendit ses bras vers son p��re, agita ses petites mains en souriant, et ce mot s'��chappa de ses l��vres:
?Pa... pa!... Pa... pa!...
-- Mon John, s'��cria Dolly, tu auras donc entendu son premier mot avant de te s��parer de lui!?
Si ��nergique que f?t le jeune capitaine, il ne put retenir une larme que ses yeux laiss��rent couler sur la joue du petit Wat.
?Dolly!... murmura-t-il, adieu!... adieu!...?
Puis:
?D��rapez!? cria-t-il d'une voix forte pour mettre fin �� cette p��nible sc��ne.
Un instant apr��s, le canot d��bordait et se dirigeait vers le quai, o�� ses passagers d��barqu��rent aussit?t. Le capitaine John ��tait tout entier aux mouvements de l'appareillage. L'ancre commen?ait �� remonter vers l'��cubier. Le Franklin, d��gag�� de sa derni��re entrave, recevait d��j�� la brise dans ses voiles dont les plis battaient violemment. Le grand foc venait d'arriver �� bloc, et la brigantine fit l��g��rement lofer le navire, d��s qu'elle eut ��t�� bord��e sur son gui. Cette manoeuvre devait permettre au Franklin de prendre un peu de tour, afin d'��viter quelques batiments mouill��s �� l'entr��e de la baie.
�� un nouveau commandement du capitaine Branican, la grande voile et la misaine furent hiss��es avec un ensemble qui faisait honneur aux bras de l'��quipage. Puis, le Franklin, arrivant d'un quart sur babord, prit l'allure du largue, de mani��re �� sortir sans changer ses armures.
De la partie du quai occup��e par de nombreux spectateurs, on pouvait admirer ces diff��rentes manoeuvres. Rien de plus gracieux que ce batiment de forme si ��l��gante, lorsque le vent l'inclinait sous ses vol��es capricieuses. Pendant son ��volution, il dut se rapprocher de l'extr��mit�� du quai, o�� se trouvaient M. William Andrew, Dolly, Len et Jane Burker, �� moins d'une demi-encablure.
Il en r��sulta donc, qu'en laissant arriver, le jeune capitaine put encore apercevoir sa femme, ses parents, ses amis, et leur jeter un dernier adieu.
Tous r��pondirent �� sa voix, qui s'entendit clairement, �� sa main qui se tendait vers ses amis.
?Adieu!... Adieu! fit-il.
-- Hurra!? cria la foule des spectateurs, tandis que les mouchoirs s'agitaient par centaines.
C'est qu'il ��tait aim�� de tous, le capitaine John Branican! N'��tait-ce pas celui de ses enfants dont la ville ��tait le plus fi��re? Oui! tous seraient l��, �� son retour, lorsqu'il appara?trait au large de la baie.
Le Franklin, qui se trouvait d��j�� en face du goulet, dut lofer afin d'��viter un long courrier, qui donnait en ce moment dans les passes. Les deux navires se salu��rent de leurs pavillons aux couleurs des ��tats-Unis d'Am��rique.
Sur le quai, Mrs. Branican, immobile, regardait le Franklin s'effacer peu �� peu sous une fra?che brise de nord-est. Elle voulait le suivre du regard, tant que sa mature serait visible au- dessus de la pointe Island.
Mais le Franklin ne tarda pas �� contourner les ?les Coronado, situ��es en dehors de la baie. Un instant, il montra �� travers une ��chancrure de la falaise le guidon qui flottait en t��te du grand mat... Puis il disparut.
?Adieu, mon John... adieu!...? murmura Dolly.
Pourquoi un inexplicable pressentiment l'emp��cha-t-il d'ajouter: ?Au revoir!?

II
Situation de famille
Il convient de marquer d'un trait plus pr��cis Mrs. Branican, que les ��ventualit��s de cette histoire sont appel��es �� mettre en pleine lumi��re.
�� cette ��poque Dolly[1] avait vingt et un ans. Elle ��tait d'origine am��ricaine. Mais, sans remonter trop haut l'��chelle de ses anc��tres, on e?t rencontr�� la g��n��ration qui la reliait �� la race espagnole ou plut?t mexicaine, de laquelle sortent les principales familles de ce pays. Sa m��re, en effet, ��tait n��e �� San-Di��go, et San-Di��go ��tait d��j�� fond��e �� l'��poque o�� la basse Californie appartenait encore au Mexique. La vaste baie, d��couverte il y a environ trois si��cles et demi par le navigateur espagnol Juan Rodriguez Cabrillo, d'abord nomm��e San-Miguel, prit son nouveau nom en 1602. Puis,
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