Micah Clarke - Tome II | Page 8

Arthur Conan Doyle
magistrat bien des choses faites pour attirer l'attention, car tous les traits qui caract��risaient le parti puritain, auquel il appartenait, se personnifiaient et s'exag��raient en lui.
Il ��tait d'une taille tr��s haute, extr��mement maigre, avec un air fatigu��, des paupi��res lourdes, qui trahissaient les je?nes et les veilles.
Les ��paules courb��es, la t��te pench��e sur la poitrine marquaient les effets de l'age, mais ses yeux brillants, d'un gris d'acier, l'animation qui se remarquait dans les traits de sa figure pleine de vivacit��, prouvaient �� quelle hauteur l'enthousiasme religieux pouvait s'��lever au-dessus de la faiblesse corporelle.
Une barbe pointue, en d��sordre, tombait �� mi-chemin de sa ceinture.
Ses longs cheveux, blancs comme la neige, s'��chappaient en voltigeant de dessous une calotte de velours.
Cette calotte ��tait fortement tendue sur le crane de fa?on �� faire saillir les oreilles dans une position forc��e, de chaque c?t��, coutume qui a valu �� son parti l'��pith��te de ?dresse-l'oreille? qui lui fut si souvent appliqu��e par ses adversaires.
Son costume ��tait d'une simplicit�� ��tudi��e, de couleur sombre.
Il se composait de son manteau noir, de culottes en velours fonc��, de bas de soie, avec des noeuds de velours aux souliers �� la place des boucles alors en usage.
Une grosse cha?ne d'or, qu'il portait au cou, ��tait la marque de son office.
En avant de lui marchait �� pas compt��s le gros secr��taire de la ville, au gilet rouge, une main sur la hanche, l'autre ��tendue pour brandir la verge qui lui servait d'insigne.
Il jetait des regards solennels �� droite et �� gauche, s'inclinait de temps en temps comme s'il s'attribuait les applaudissements.
Ce petit homme avait attach�� �� sa ceinture un ��norme sabre qui r��sonnait sur ses pas avec un bruit de ferraille sur le pav�� form�� de galets, et qui de temps en temps se mettait entre ses jambes.
Alors l'homme l'enjambait d'un air brave et reprenait sa marche sans rien perdre de sa dignit��.
Trouvant �� la fin ces interruptions trop fr��quentes, il abaissa la poign��e de son sabre de mani��re �� en ��lever la pointe, et il continua �� marcher avec l'air d'un coq bantam dont la queue aurait ��t�� r��duite �� une seule plume.
Lorsque le Maire eut pass�� en avant et en arri��re des diff��rents corps et les eut inspect��s avec une minutie et une attention bien propres �� prouver que l'age n'avait point ��mouss�� ses qualit��s militaires, il fit demi-tour dans l'intention ��vidente de nous parler.
Aussit?t son secr��taire s'��lan?a devant lui, agitant les bras, et criant �� tue-t��te:
--Silence, bonnes gens! Silence pour le tr��s honorable Maire de Taunton! Silence pour le digne Ma?tre Stephen Timewell.
Et au milieu de ses gestes et de ses cris, il s'emp��tra encore une fois dans son arme d��mesur��e, et alla s'��taler �� quatre pattes dans le ruisseau.
--Silence, vous m��me, Ma?tre Tetheridge, dit d'un ton s��v��re le magistrat supr��me, si l'on vous rognait votre ��p��e et votre langue, ce serait aussi avantageux pour vous que pour nous. Ne saurais-je dire quelques mots opportuns �� ces braves gens sans que vous veniez m'interrompre par vos aboiements discordants?
L'encombrant personnage se ramassa et s'esquiva derri��re le groupe des conseillers, pendant que le Maire gravissait avec lenteur les degr��s de la croix du march��.
De l��, il nous parla d'une voix haute, per?ante, qui prenait plus d'ampleur �� chaque mot, si bien qu'elle s'entendait jusque dans les coins les plus ��loign��s de la place.
--Amis dans la foi, dit-il, je rends grace au Seigneur d'avoir ��t�� ��pargn�� dans ma vieillesse pour ��tre pr��sent �� cette pieuse r��union. Car nous, gens de Taunton, nous avons toujours entretenu vivante parmi nous la flamme du Covenant, parfois peut-��tre obscurcie par les courtisans des circonstances, mais rest��e toujours allum��e dans les coeurs de notre peuple. Toutefois il r��gnait autour de nous des t��n��bres pires que celles de l'��gypte, alors que Papisme et Pr��latisme, Arminianisme et ��rastianisme faisaient rage et se donnaient libre cours sans rencontrer d'obstacle ni de r��pression. Mais que vois-je maintenant? Vois-je les fid��les se retirer tremblants en leurs cachettes, et dressant l'oreille pour percevoir le bruit des fers des chevaux de leurs oppresseurs? Vois-je une g��n��ration docile aux ma?tres du jour, avec le mensonge aux l��vres, et la v��rit�� ensevelie au fond de son coeur? Non, je vois devant moi des hommes pieux, qui viennent non seulement de cette belle cit��, mais encore de tout le pays �� la ronde, et des comt��s de Dorset, et de Wilts, certains m��me, �� ce qu'on me dit, du Hampshire, tous dispos��s, empress��s �� besogner vigoureusement pour la cause du Seigneur. Et quand je vois ces hommes fid��les, et quand je pense que chacune des grosses pi��ces de monnaie qu'ils ont dans leurs caisses est pr��te �� les soutenir, et quand je sais que ceux qui, dans le pays, ont surv��cu aux pers��cutions, rivalisent de pri��res pour nous, j'entends une voix int��rieure qui me dit que nous
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