il faut qu'Yvonne meure; il le faut!... Elle a trahi ses serments! elle est parjure! elle sera punie! r��pliqua Keinec d'une voix sombre et r��solue.
Marcof se leva et fit quelques pas dans la cabine, puis, revenant brusquement �� son interlocuteur:
--Keinec, dit-il, je te r��p��te que j'aime Yvonne comme ma fille. Si tu dois la tuer, ne reparais jamais devant moi, jamais, tu m'entends? Si, au contraire, tu pardonnes, eh bien! ta place est marqu��e dans cette cabine, et je te la garderai jusqu'au jour o�� tu voudras venir la prendre.
--Si tu aimes Yvonne comme tu le dis, murmura Keinec, pourquoi ne m'emp��ches-tu pas d'accomplir mon projet?
--Parce qu'il faudrait te tuer toi-m��me?
--Tue-moi donc! tue-moi, Marcof! au moins je ne souffrirai plus.
Marcof, ��mu par l'accent d��chirant avec lequel le jeune homme avait prononc�� ces mots, lui prit la main dans les siennes.
--Ami, lui dit-il d'une voix plus douce, ne te rappelles-tu pas que c'est en voulant sauver le navire que je commandais et qui a failli p��rir sur les c?tes, que ton pauvre p��re est mort? Toi-m��me ne viens-tu pas de te d��vouer pour mon lougre? Va, pour ne pas te voir souffrir, je donnerais dix ans de ma vie, et c'est pour t'��viter un d��sespoir sans fin, un remords ��ternel, que je te supplie encore de ne pas aller �� terre!
Keinec courba la t��te et ne r��pondit pas. Ses traits expressifs refl��taient le combat qui se livrait dans son ame. Enfin, s'arrachant pour ainsi dire aux pens��es qui le torturaient, il fit un brusque mouvement, serra les mains de Marcof, leva ses yeux vers le ciel, et s'��lan?a au dehors en emportant sa carabine.
--Il va la tuer! s'��cria Marcof en brisant d'un coup de poing une petite table qui se trouvait �� sa port��e.
Marcof sortit de sa cabine, poussa la porte avec violence et s'��lan?a sur le pont de son navire. Keinec n'y ��tait plus. Quelques marins, ��tendus ?�� et l��, sommeillaient paisiblement, se remettant de leurs fatigues de la soir��e.
La falaise, descendant �� pic dans la mer, avait permis au lougre de venir s'amarrer bord �� bord avec elle. Une planche, pos��e d'un c?t�� sur le rocher et de l'autre sur le bastingage de l'arri��re, ��tablissait la communication entre _le Jean-Louis_ et la terre ferme. Marcof se dirigea de ce c?t��. Au moment o�� il allait poser le pied sur le pont-volant, un homme s'avan?a venant de l'extr��mit�� oppos��e. Le marin se recula et livra passage.
--Jocelyn! fit-il vivement en reconnaissant le nouveau venu.--Vous avez �� me parler?
--De la part de monseigneur.
--Est-ce qu'il d��sire me voir?
--Cette nuit m��me.
--Il a donc appris mon arriv��e?
--Oui; un domestique �� cheval attendait �� Penmarckh pendant l'orage, et avait ordre de revenir au chateau d��s l'entr��e du _Jean-Louis_ dans la crique.--Vous viendrez n'est-ce pas?
--Sans doute, Jocelyn; aussit?t que les feux de la Saint-Jean seront ��teints, je me rendrai au chateau de Loc-Ronan.
Jocelyn traversa la planche et disparut dans les t��n��bres. Marcof r��veilla Bervic, lui donna quelques ordres, puis, passant une paire de pistolets dans sa large ceinture, il descendit �� terre et s'enfon?a dans un ��troit sentier qui longeait le pied des falaises.
* * * * *
D��s qu'Yvonne et Jahoua eurent senti le rocher immobile sous leurs pieds, le jeune Breton poussa un soupir de satisfaction. Glissant son bras autour de la taille de sa fianc��e, il entra?na rapidement la jeune fille vers l'int��rieur du village. Ils firent ainsi deux cents pas environ sans ��changer une parole. Jahoua, le premier, rompit le silence.
--Yvonne! fit-il d'une voix lente.
--Jahoua! r��pondit la jeune fille en levant sur son promis ses grands yeux expressifs tout charg��s de langueur.
--Ch��re Yvonne! je sens votre bras trembler sous le mien. Les coups de mer vous ont mouill��e; avez-vous froid?
--Non, Jahoua, mais je me sens faible.
--Voulez-vous que nous nous arr��tions un moment?
--Oh! non, dit vivement la jolie Bretonne; marchons plus vite, au contraire.
Un court silence r��gna de nouveau.
--Ma ch��re ame! reprit le jeune homme, vous semblez triste et soucieuse. Est-ce que vous ne m'aimez plus?
--Si fait, je vous aime toujours, Jahoua, r��pondit Yvonne avec un adorable accent de sinc��rit��.
--La pr��sence de Keinec vous a fait mal? avouez-le...
--Oh! oui.
--Vous avez eu peur, peut-��tre?
--Oh! oui, r��p��ta Yvonne pour la seconde fois.
--Craignez-vous donc Keinec?
--Je ne le devrais pas; car, lui ne m'a jamais fait mal; bien au contraire, il m'a toujours prodigu�� les soins affectueux d'un fr��re; mais, depuis qu'il est revenu au pays, depuis que nous sommes promis, Jahoua, je ne m'explique pas pourquoi, le nom seul de Keinec me fait trembler.
--N'y pensez pas!
--Quand je le vois, sa vue me donne un coup dans le coeur!
--Vous avez tort de vous troubler ainsi. Il ne nous a pas seulement regard��s, lui!
--Keinec n'a rien �� se reprocher envers moi, tandis que moi, j'ai repris la parole que je lui avais donn��e...
--Puisque vous ne l'aimiez pas.
--Mais il m'aime, lui!
--Eh
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