bien! qu'il vienne me trouver, nous r��glerons la chose ensemble!...
--Ne dites pas cela, Jahoua, s'��cria vivement la jeune fille.
--Calmez-vous, ch��re Yvonne! je ferai ce que vous voudrez. Mais ne vous occupez plus de Keinec, par grace! Songez plut?t �� votre p��re, que la temp��te aura si fort tourment��! Quelle sera sa joie en vous revoyant saine et sauve! Dans une demi-heure nous serons pr��s de lui. Tenez! voici ma jument grise qui nous attend...
Les deux jeunes gens, en effet, ��taient arriv��s devant la porte d'une sorte de grange situ��e au milieu du village. Un paysan bas-breton tenait les r��nes d'une belle b��te des Pointes de la Coquille, achet��e �� la derni��re foire de la Martyre.
Jahoua aida Yvonne �� monter sur une grosse pierre. Lui-m��me s'��lan?a sur le cheval, et, contraignant l'animal �� s'approcher de la pierre, il prit Yvonne en croupe. La jolie Bretonne passa ses bras autour de la taille de son fianc��, et tous les deux gagn��rent rapidement la campagne. Ils se dirigeaient vers le petit village de Fouesnan, qu'habitait le p��re d'Yvonne.
IV
LE CHEMIN DES PIERRES-NOIRES.
La fureur de la temp��te arrivait �� son d��clin. La nuit ��tait sombre encore, mais les nuages, d��chir��s par la rafale, permettaient de temps �� autre d'apercevoir un coin du ciel bleu ��clair�� par le scintillement de quelques ��toiles. Les feux de la Saint-Jean, allum��s sur tous les points de la campagne, formaient une illumination pittoresque.
En sortant de Penmarckh, les deux jeunes gens s'engag��rent dans un sentier encaiss�� et bord�� d'un rideau d'ajoncs entrem��l��s de ch��nes s��culaires. Ce sentier se nommait le chemin des Pierres-Noires. Il devait cette d��nomination �� des vestiges de monuments druidiques noircis par le temps, qui s'��levaient �� une petite distance de Penmarckh, et auxquels il conduisait.
Au moment o�� Jahoua et Yvonne, batissant projets sur projets, n��gligeaient le pr��sent pour ne songer qu'�� l'avenir, un homme, traversant la campagne en ligne droite, gagnait rapidement le chemin creux. Cet homme ��tait Keinec, qui, son fusil en bandouli��re, son pen-bas �� la main, courait sur les roches avec l'agilit�� d'un chamois. En quelques minutes, il eut atteint la cr��te du talus qui bordait le sentier. L��, il se coucha �� plat-ventre. ��cartant sans bruit et avec des pr��cautions infinies les branches ��pineuses des ajoncs, il pr��ta l'oreille d'abord, puis ensuite il avan?a lentement la t��te. Il entendit les sabots de la jument grise de Jahoua r��sonner sur les pierres du chemin, et il vit venir de loin, �� travers l'ombre, les deux amoureux. Alors se relevant d'un bond, prenant ses sabots �� la main, il courut parall��lement au sentier jusqu'�� un endroit o�� celui-ci d��crivait un coude pour s'enfoncer dans les terres. Les ajoncs, plus ��pais, formaient un rideau imp��n��trable. Keinec les ��lagua avec son couteau. Cela fait, il planta en terre une petite fourche, et appuyant sur cette fourche le canon de sa carabine, il attendit:
Yvonne et Jahoua riaient en causant. A mesure qu'ils avan?aient dans le pays, les feux allum��s pour la Saint-Jean devenaient de plus en plus distincts. Les montagnes et la plaine offraient le coup d'oeil f��erique d'une splendide illumination.
--Voyez-vous, ma belle Yvonne? Notre-Dame de Groix a eu piti�� de nous; elle nous a sauv��s de la temp��te. Elle a calm�� l'orage pour que nous puissions achever la route sans danger.
--La premi��re fois que nous retournerons �� Groix, il faudra faire pr��sent �� Notre-Dame d'une pi��ce de toile fine pour son autel, r��pondit la jeune fille.
--Nous la lui porterons ensemble aussit?t apr��s notre mariage.
--Ah! prenez donc garde! votre jument vient de butter!
--C'est qu'elle a gliss�� sur une roche. Mais voil�� que nous atteignons le coude du sentier, et de l'autre c?t��, la chauss��e est meilleure.
Les deux jeunes gens approchaient en effet de l'endroit o�� Keinec se tenait embusqu��. La crosse de la carabine solidement appuy��e sur son ��paule, le doigt sur la d��tente, dans une immobilit�� absolue, Keinec ��tait pr��t �� faire feu.
Les voyageurs s'avan?aient en lui faisant face. Mais la jument grise allait �� petits pas; elle s'arr��tait parfois, et Jahoua ne songeait gu��re �� lui faire hater sa marche.
De la main gauche, le malheureux Keinec labourait sa poitrine que d��chiraient ses ongles crisp��s. Enfin le moment favorable arriva. Keinec voulut presser la d��tente, mais sa main demeura inerte, un nuage passa sur ses yeux. Sa t��te s'inclina lentement sur sa poitrine. Puis, par une r��action puissante, il revint �� lui soudainement. Mais les deux jeunes gens ��taient pass��s, et c'��tait maintenant Yvonne qu'il allait frapper la premi��re. Deux fois Keinec la coucha en joue. Deux fois sa main tremblante releva son arme inutile.
--Oh! je suis un lache! murmura-t-il avec rage.
Et Keinec se relevant et prenant sa course, bondit sur la falaise pour devancer de nouveau les deux promis. Les pauvres jeunes gens continuaient gaiement leur route, ignorant que la mort f?t si pr��s d'eux, mena?ante,
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