son éventail; votre soeur, votre cousine, etc.? (On peut diversifier les titres de parenté; il suffit que ce soient des femelles.)
Nota. -- Il y en a un qui a poussé la moralité jusqu’à dire: Je n’irai pas voir ce drame avec ma ma?tresse. -- Celui-là, je l’admire et je l’aime; je le porte dans mon coeur, comme Louis XVIII portait toute la France dans le sien; car il a eu l’idée la plus triomphante, la plus pyramidale, la plus ébouriffée, la plus luxorienne qui soit tombée dans une cervelle d’homme, en ce beno?t dix-neuvième siècle où il en est tombé tant et de si dr?les.
La méthode pour rendre compte d’un livre est très expéditive et à la portée de toutes les intelligences:
?Si vous voulez lire ce livre, enfermez-vous soigneusement chez vous; ne le laissez pas tra?ner sur la table. Si votre femme et votre fille venaient à l’ouvrir, elles seraient perdues. -- Ce livre est dangereux, ce livre conseille le vice. Il aurait peut- être eu un grand succès, au temps de Crébillon, dans les petites maisons, aux soupers fins des duchesses; mais maintenant que les moeurs se sont épurées, maintenant que la main du peuple a fait crouler l’édifice vermoulu de l’aristocratie, etc., etc., que... que... que... -- il faut, dans toute oeuvre, une idée, une idée... là, une idée morale et religieuse qui... une vue haute et profonde répondant aux besoins de l’humanité; car il est déplorable que de jeunes écrivains sacrifient au succès les choses les plus saintes, et usent un talent, estimable d’ailleurs, à des peintures lubriques qui feraient rougir des capitaines de dragons (la virginité du capitaine de dragons est, après la découverte de l’Amérique, la plus belle découverte que l’on ait faite depuis longtemps). -- Le roman dont nous faisons la critique rappelle Thérèse philosophe, Félicia, le Compère Mathieu, les Contes de Grécourt.? -- Le journaliste vertueux est d’une érudition immense en fait de romans orduriers; -- je serais curieux de savoir pourquoi.
Il est effrayant de songer qu’il y a, de par les journaux, beaucoup d’honnêtes industriels qui n’ont que ces deux recettes pour subsister, eux et la nombreuse famille qu’ils emploient.
Apparemment que je suis le personnage le plus énormément immoral qu’il se puisse trouver en Europe et ailleurs; car je ne vois rien de plus licencieux dans les romans et les comédies de maintenant que dans les romans et les comédies d’autrefois, et je ne comprends guère pourquoi les oreilles de messieurs des journaux sont devenues tout à coup si janséniquement chatouilleuses.
Je ne pense pas que le journaliste le plus innocent ose dire que Pigault-Lebrun, Crébillon fils, Louvet, Voisenon, Marmontel et tous autres faiseurs de romans et de nouvelles ne dépassent en immoralité, puisque immoralité il y a, les productions les plus échevelées et les plus dévergondées de MM. tels et tels, que je ne nomme pas, par égard pour leur pudeur.
Il faudrait la plus insigne mauvaise foi pour n’en pas convenir.
Qu’on ne m’objecte pas que j’ai allégué ici des noms peu ou mal connus. Si je n’ai pas touché aux noms éclatants et monumentaux, ce n’est pas qu’ils ne puissent appuyer mon assertion de leur grande autorité.
Les Romans et les Contes de Voltaire ne sont assurément pas, à la différence de mérite près, beaucoup plus susceptibles d’être donnés en prix aux petites tartines des pensionnats que les Contes immoraux de notre ami le lycanthrope, ou même que les Contes moraux du doucereux Marmontel.
Que voit-on dans les comédies du grand Molière? La sainte institution du mariage (style de catéchisme et de journaliste) bafouée et tournée en ridicule à chaque scène.
Le mari est vieux et laid et cacochyme; il met sa perruque de travers; son habit n’est plus à la mode; il a une canne à bec-de- corbin, le nez barbouillé de tabac, les jambes courtes, l’abdomen gros comme un budget. -- Il bredouille, et ne dit que des sottises; il en fait autant qu’il en dit; il ne voit rien, il n’entend rien; on embrasse sa femme à sa barbe; il ne sait pas de quoi il est question: cela dure ainsi jusqu’à ce qu’il soit bien et d?ment constaté cocu à ses yeux et aux yeux de toute la salle on ne peut plus édifiée, et qui applaudit à tout rompre.
Ceux qui applaudissent le plus sont ceux qui sont le plus mariés.
Le mariage s’appelle, chez Molière, George Dandin ou Sganarelle.
L’adultère, Damis ou Clitandre; il n’y a pas de nom assez doucereux et charmant pour lui.
L’adultère est toujours jeune, beau, bien fait et marqués pour le moins. Il entre en chantonnant à la cantonade la courante la plus nouvelle; il fait un ou deux pas en scène de l’air le plus délibéré et le plus triomphant du monde; il se gratte l’oreille avec l’ongle rose de son petit doigt coquettement écarquillé; il peigne
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