présenté à Zagé pour qu'il devint ami des Anglais, cependant il ne l'aimait pas. Ce jeune homme était si différent de Théodoros, que celui-ci avait douté sérieusement qu'il f?t son fils. Ses cinq ou six autres enfants, issus de ses relations illégitimes avec ses concubines, résidaient à Magdala et étaient élevés dans le harem. Il s'était fort peu enquis d'eux: mais toutes les fois qu'il passait à Magdala, il envoyait chercher Alamayou et passait des heures entières à jouer avec lui. Quelques jours avant sa mort, il le présenta à M. Rassam en disant: ?Alamayou, pourquoi ne saluez-vous pas votre père?? Puis à la fin de l'audience, il l'envoya pour nous accompagner jusqu'à notre quartier.
La mère d'Alamayou ne se plaignit jamais; quoique délaissée par son mari, elle lui fut toujours fidèle. Elle employait habituellement toutes ses journées à lire le livre qu'elle aimait par-dessus tout, les Psaumes, ou bien la Vie des Saints et de la Vierge Marie. Elle n'avait d'autre distraction que d'élever à ses c?tés ce fils unique et bien-aimé, pour lequel elle ressentait une si profonde affection. Lorsque Menilek, roi de Shoa, fit sa manifestation devant l'Amba, une trahison étant à craindre, elle renvoya son fils, et faisant appeler les officiers et les soldats, elle leur f?t jurer fidélité an tr?ne. Deux jours avant sa mort, Théodoros fit venir sa femme qu'il n'avait pas vue depuis plusieurs années, et passa une après-midi entière avec elle et son fils.
Après la prise de Magdala, Waizero Terunish et Waizero Tamagno sa rivale furent envoyées à notre première prison, où elles furent protégées et traitées avec sympathie. Il m'échut en partage de les recevoir a leur arrivée; et je fis mes efforts pour leur inspirer toute confiance, apaiser leur terreur, et les assurer que sous le pavillon britannique, elles seraient traitées avec honneur et respect.
C'était le 13 avril 1866 que Théodoros, alors puissant, nous avait tra?treusement arrêtés dans sa propre maison; et chose étrange, ce fut le 13 avril, deux ans plus tard, que son corps fut porté dans notre tente, pendant que sa femme et sa favorite recevaient l'hospitalité sous le toit de ceux mêmes qu'il avait si longtemps maltraités.
Les deux reines et le jeune Alamayou accompagnèrent l'armée anglaise dans sa retraite. Waizero Tamagno, dès qu'elle put retourner prudemment chez elle a Yedjow, nous quitta avec beaucoup de témoignages de sensibilité et de gratitude pour toutes les boutés et les attentions dont elle avait été l'objet, surtout de la part du commandant en chef. Mais la pauvre Terunish mourut à Aikullet. Sou fils Alamayou, fils de Théodoros et petit-fils d'Oubié, vient d'atteindre, orphelin et exilé, le rivage britannique, où il est certain de trouver les égards et les soins affectueux dus à son infortune.
Notes:
[1] Shamas, vêtement bland de colon, brodé de rouge, tissé dans le pays.
[2] La wancha est une grande coupe de corne.
[3] Giraf, fouet de peau d'hippopotame.
[4] L'injerna est une espèce de gateau fait de petites graines de teff.
[5] Brindo, boeuf cru.
II
Les Européens en Abyssinie.--M. Bell et M. Plowden.--Leur vie et leur mort.--Le consul Cameron.--M. Lejean.--M. Bardel et la réponse de Napoléon III à Théodoros.--Le peuple de Gaffat.--M. Stern et la mission de Djenda.--Etat des affaires à la fin de 1863.
L'Abyssinie semble avoir été, de tout temps, un objet de fascination pour les Européens. Les deux premiers, dont le nom est lié aux dernières affaires d'Abyssinie, sont MM. Bell et Plowden, qui entrèrent dans ce pays en 1842. M. John Bell, plus connu dans ce pays sons le nom de Johannes, fut le premier attaché à la fortune de Ras-Ali. Il prit du service sous ce prince et fut élevé au rang de basha (capitaine); mais il para?t que Ras-Ali ne lui accorda jamais une grande confiance. Il le toléra plut?t à cause de l'amitié que M. Bell avait inspirée à son ami, M. Plowden, que pour la propre personne du capitaine. Bell, peu de temps après, épousa une jeune demoiselle d'une des meilleures familles de Begemder. Il eut trois enfants de cette union; deux filles, mariées toutes les deux à des serviteurs de souverains européens, et un fils, qui quitta le pays en même temps que les captifs. Bell combattit à c?té de Ras-Ali à la bataille d'Amba-Djisella, qui fut si fatale à ce prince; mais il se retira vers la fia du combat dans une église, pour y attendre, en prière, l'issue des événements. Théodoros ayant eu connaissance de sa présence dans le sanctuaire, lui lit dire de venir et lui promit solennellement et par serment qu'il serait traité en ami. Bell obéit, et désormais une étroite amitié se forma et grandit entre l'Anglais et l'empereur.
Bell, au bout de peu d'années, s'était tellement identifié aux Ethiopiens, qu'il eu avait pris tous les usages, tant pour les vêtements que pour la nourriture. C'était un homme d'un jugement
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