la liberté, qui lui sont
garantis par les lois, considérant que cette violence, dans un moment où
elle avait convoqué les membres extraordinairement pour s'occuper
d'un des plus grands intérêts de la République, présentait quelque chose
de suspect, a arrêté que ledit Fournier serait envoyé au Comité
révolutionnaire de la section de l'Unité, qui serait invité à suivre suivant
la rigueur des lois, que le détail de tous les faits serait inséré au
procès-verbal, qu'expédition d'icelui sera envoyée aux Comités
révolutionnaires et au Comité de sûreté générale, invite tous les
citoyens qui auront de justes dénonciations à faire contre ledit Fournier
à se présenter devant les autorités constituées et nomme, pour porter
lesdits procès-verbaux et suivre la dite affaire, les citoyens Rault, Augé,
Brochet, Fenau, Cahier, officier gendarme.
_Signé au registre:_
MOMORO, président,
et GUILLAUMIN jeune, secrétaire.
_Délivré conforme au registre par moi, secrétaire soussigné:_
GUILLAUMIN jeune, secrétaire.
Fournier fut enfermé à l'Abbaye. Le 12 germinal an II (1er avril 1794),
il y fut interrogé par la Commission administrative de la police de Paris
au sujet d'une sorte de manifeste royaliste qu'on avait trouvé dans ses
papiers. Le 11 fructidor suivant (28 août 1794), le Comité
révolutionnaire de la section du Contrat-Social demanda sa mise en
liberté, en disant qu'il était faux qu'il eut calomnié Marat. Un arrêté du
Comité de sûreté générale en date du 1er vendémiaire an III (22
septembre 1794) lui ouvrit les portes de sa prison: il y était resté un peu
plus de neuf mois.
Ses tribulations étaient loin d'être finies. Il fut arrêté de nouveau le 19
ventôse an III (9 mars 1795) et conduit à la Force, d'où il écrivit au
Comité de sûreté générale la lettre suivante:
Claude Fournier, cultivateur, aux représentants du peuple membres du
Comité de la sûreté générale de la Convention.
_De la maison d'arrêt de la Force, le 26 messidor, l'an III de la
République une et indivisible._
Citoyens représentants.
J'ai été arrêté par votre ordre le 19 pluviôse (_sic_) dernier et mis en
détention à la maison de la Force, où je suis encore.
J'ignore quels sont les motifs de ma détention. Je n'ai pas encore été
interrogé. Cette nouvelle captivité est la suite d'une première qui a duré
quatorze mois. J'ose assurer, affirmer même, que ni l'une ni l'autre n'ont
été méritées. Cependant ma fortune, déjà altérée par les malheurs que
j'ai éprouvés sous le despotisme royal, se réduit presque à rien
maintenant, tant par les sacrifices que j'ai faits pour ma patrie pendant
la Révolution, dont je suis un des premiers apôtres, que par les
persécutions que j'éprouve depuis près de deux ans.
Une circonstance particulière vient encore ajouter à mes peines. Je tiens
à loyer un appartement situé rue du Doyenné, section des Tuileries. Le
bail vient d'expirer le 1er juillet (_vieux style_). Le principal locataire
vient de me faire faire une sommation de vider les lieux de mes
meubles, et ce dans le jour, sinon il me menace de les faire jeter sur le
carreau.
Il m'est impossible, citoyens représentants, de satisfaire à cette
sommation, puisque je suis privé de ma liberté. Une autre raison m'en
empêche encore: ce sont les scellés apposés par votre ordre chez moi.
La perplexité dans laquelle je me trouve est telle que, si celui qui me
poursuit n'est point arrêté dans sa course judiciaire, mes meubles et
effets vont être exposés au pillage et mes papiers perdus.
Je pense, citoyens représentants, que vous exposer ma situation c'est
vous en indiquer le remède. Il est tout entier et uniquement dans votre
justice. Je la réclame, elle m'est due, et vous ne me la refuserez pas.
Si j'avais été à même de connaître les faits que l'on m'impute, je me
serais empressé de les détruire. Mais telle est la conduite tyrannique de
mes ennemis envers moi: ils frappent tous leurs coups dans les ténèbres,
bien convaincus qu'ils sont que, s'ils paraissaient au grand jour, ils ne
tarderaient pas à être couverts de confusion.
Quoi qu'il en soit, citoyens représentants, et quoi qu'il m'en ait déjà
coûté, je supporte mes malheurs avec la fermeté républicaine qui m'est
propre. Mon silence même est peut-être plus accablant pour ceux qui
me persécutent qu'une défense publique, quelque éclatante qu'elle
puisse être.
Je demande, citoyens représentants, que provisoirement vous fassiez
suspendre les poursuites que le citoyen Châtelain ou quoi que ce soit
(_sic_) le citoyen Bligny, son homme d'affaires, demeurant rue
Neuve-Égalité, n° 297, section de Bonne-Nouvelle, dirigent contre moi,
jusqu'à ce que vous ayez statué sur ma détention.
Je vous demande également, au nom de la justice, que vous vous
fassiez rendre compte des motifs de mon arrestation, que vous
ordonniez qu'ils me seront communiqués afin que j'y puisse répondre et
vous mettre à même de me rendre ma liberté, dont je suis privé depuis
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