Thionville, à côté
du club de Cordeliers.»
[Note 11: _A Marat, journaliste_. Paris, 14 mai an II, in-4 de 7 pages.]
On le voit: les explications de Fournier ne sont pas tout à fait à son
honneur.
Cependant, Marat étant mort, la Commune de Paris lui donna une
mission de confiance: elle le chargea, le 26 juillet 1793, d'aller acheter
des grains dans les départements du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et
autres circonvoisins. Nous ne savons comment il s'acquitta de cette
mission, ni même s'il la remplit réellement.
Fournier fut un de ceux qui, en août 1793, dénoncèrent la comédie de
_Paméla_ comme étant une apologie séditieuse de la noblesse[12].
[Note 12: _Paméla ou la vertu récompensée_, comédie en cinq actes et
en vers, par François de Neufchâteau, fut représentée pour la première
fois au Théâtre de la Nation, le 1er août 1793. On trouvera dans
l'_Histoire du Théâtre-Français_, par Etienne et Martainville (tome III,
pages 99 à 105), l'histoire des incidents qui troublèrent les
représentations de cette pièce et amenèrent l'arrestation de l'auteur et
des comédiens. Voir aussi E. Biré, Paris pendant la Terreur, p. 287.]
A la même époque, il pétitionnait à la Convention pour réclamer la
formation d'une armée révolutionnaire: il se voyait déjà général de cette
armée.
En octobre suivant, il fut un instant emprisonné à Versailles à cause
d'un duel[13].
[Note 13: Séance du club des Jacobins du 15 octobre 1793:
«_Blanchet_: Fournier, qui dénonça, il y a quelque temps, l'incivisme
du Théâtre-Français relativement à _Paméla_, qui a donné depuis la
Révolution des preuves réitérées de patriotisme, est actuellement en
prison à Versailles. Il a été arrêté sous le prétexte d'un duel. La Société
doit son appui à cet officier, connu par son civisme.
«Un membre du Comité de correspondance rend compte des démarches
qu'il a faites à ce sujet; il annonce que Fournier va être mis en liberté.»]
Depuis sa querelle avec Marat, Fournier avait été éliminé du club des
Cordeliers, comme un faux frère, un renégat. Dénoncé par Vincent, il
fut arrêté dans le club même, au moment où il essayait d'y rentrer de
force (22 frimaire an II--12 décembre 1793), comme il ressort du
curieux document inédit qu'on va lire:
CLUB DES CORDELIERS
_Séance du duodi 22 frimaire, l'an second de la République française
une et indivisible._
_Présidence de_ MOMORO.
On faisait lecture de la correspondance lorsqu'un membre fait la
proposition de laisser introduire Dunouy l'aîné et Fournier, dit
l'Américain, dans la Société.
A ces noms, la Société a reconnu d'abord dans Dunouy l'aîné un de ses
membres qui l'avait abandonnée et ne paraissait plus dans son sein
depuis la scission que des scélérats ont tentée en cherchant à détruire le
club des Cordeliers et n'a pas vu sans étonnement le retour de cet
homme dans son sein, à l'instant où il venait d'être éloigné du sein de la
Commune, comme ayant apostrophé et parlé avec dédain et mépris du
peuple[14].
[Note 14: Dunouy avait en effet été exclu de la Commune, le 12
frimaire an II, comme «exagéré». (Moniteur, XVIII, 580.)]
Elle a également vu dans Fournier un individu expulsé de son sein
comme protecteur de la faction liberticide des rolandistes et des
girondistes, un des plus cruels ennemis de Marat, un de ses
dénonciateurs perfides. Après discussion, l'Assemblée a passé à l'ordre
du jour sur la proposition d'introduction dans son sein des nommés
Dunouy et Fournier.
Les individus qui avaient déjà mis un pied dans la salle voulurent
réclamer, mais le président fut chargé de maintenir l'exécution de
l'arrêté et les censeurs invitèrent Dunouy et Fournier à se retirer. Ils
semblaient être hors de la salle, les travaux de l'Assemblée reprenaient
leur cours et la porte battante les tenait séparés du local des séances,
lorsque l'on renouvelle la proposition de laisser introduire Fournier, dit
l'Américain, qui, disait-on, voulait être entendu.
A l'instant, la Société manifeste [son] animadversion par un
mouvement spontané de justice (_sic_) et d'indignation de se voir
interrompue dans ses travaux par des hommes auxquels elle était
fondée de refuser l'entrée de ses séances.
On apercevait Fournier au travers de la porte faire des signes de
menace.
Un orateur étant monté à là tribune pour y développer, avec l'énergie
dont doit être animé tout Cordelier, les justes motifs du refus de la
Société de laisser introduire dans son sein Fournier, et la Société ayant
maintenu son premier arrêté, à l'instant la porte a été foncée avec
violence, Fournier s'est introduit dans la salle et, montrant au doigt
l'orateur, il lui a dit d'un ton furieux et menaçant, et le bras levé, qu'il
saurait bien le faire traduire au Tribunal révolutionnaire; cette menace a
occasionné une nouvelle scène et un second mouvement d'indignation.
Considérant que ce citoyen a apporté du trouble dans sa séance,
considérant qu'il a porté atteinte aux droits de
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