rendu officiel de l'interrogatoire qu'il subit le
lendemain 13 mars, à la barre de la Convention:
Le citoyen Fournier, qui avait été mis en état d'arrestation, est introduit
à la barre. Il demande qu'il lui soit fait part du chef d'accusation articulé
contre lui, afin qu'il puisse répondre sur chaque article.
Le citoyen Bourdon (de l'Oise), député, dépose sur le bureau une
dénonciation signée, conçue en ces termes: «J'ai entendu Fournier faire
des reproches à deux ou trois inconnus de ne l'avoir pas appuyé; que,
sans cela, il aurait brûlé la cervelle à Petion.--_Signé_: BOURDON.»
Fournier, interrogé, répond que ce fait est faux, que le citoyen Petion a
passé près de lui dans le jardin qui avoisine la salle, qu'il a entendu
qu'on le huait, mais qu'il n'a tenu là-dessus aucun propos.
Interrogé sur la connaissance qu'il a des événements du 9 au 10 [mars
1793], il répond qu'il était aux Jacobins lorsqu'on y fit la motion de se
transporter en foule aux Cordeliers; qu'il s'y rendit de suite pour faire
part de l'arrivée des motionnaires; que ceux-ci demandaient qu'on se
saisit de tous les ennemis de la patrie, qu'on fermât les barrières, etc.;
que, sur ces entrefaites, il fut question de députer vers la Commune;
qu'il avait vu alors un homme inconnu qui voulait se nantir des
pouvoirs de la députation, mais qu'il s'en était emparé lui-même pour
éviter qu'ils ne tombassent en mauvaises mains; qu'il avait parlé au
procureur de la Commune et au maire: que ce dernier l'avait engagé à
employer les moyens qu'il croirait les plus efficaces pour tout pacifier;
qu'il était retourné aux Cordeliers pour calmer les esprits; que, de là, il
s'était porté à sa section, qu'il avait trouvée fermée, et qi'il était rentré
chez lui.
Interrogé pour savoir s'il a connaissance d'un Comité d'insurrection, a
dit ne rien savoir sur cet objet[9].
[Note 9: Cependant Garat, dans son rapport du 19 mars 1793, signala
Fournier, Varlet et Champion parmi les Cordeliers qui tentèrent
d'organiser ce comité d'insurrection. (Moniteur, XV, 750.)]
Interpellé, d'après la demande du citoyen Lidon, député, de déclarer s'il
n'a rien à dire qui soit relatif à des effets qui lui ont été remis par les
prisonniers détenus à Orléans, il a répondu que beaucoup de papiers,
d'assignats et d'effets précieux lui avaient été remis par Delessart et
autres prisonniers, qu'il avait fait inventorier le tout par la municipalité
de Versailles et en avait retiré procès-verbal; qu'arrivé à Paris après le
massacre qui fut fait des prisonniers, il voulait consigner le dépôt entre
les mains du citoyen Roland, ministre de l'intérieur, mais que le citoyen
Danton, ministre de la justice, lui dit de le porter à la Commune; qu'il
déclara au Conseil de la Commune qu'il ne remettrait rien sans un reçu;
qu'on lui en fit un des caisses; que, le lendemain, l'inventaire de
vérification fut fait en présence de témoins; qu'il en demanda une
double expédition; qu'on le renvoya au lendemain, et ensuite de jour en
jour; qu'ayant été quelque temps après en campagne, on décerna un
mandat d'arrêt contre lui, sous prétexte qu'il avait retenu 36,000 livres.
Il assure que cette arrestation n'avait eu d'autre but que de lui enlever
les papiers qui étaient relatifs au dépôt; que l'on avait cru que, par ce
moyen, cette affaire resterait là, mais que le Conseil de la Commune
s'occupait de l'apurement de ce compte et des vérifications nécessaires.
Un membre du Comité de surveillance dit que l'on n'a rien trouvé dans
les papiers de Fournier qui puisse motiver une plus longue arrestation.
Sur la proposition d'un autre membre, l'Assemblée décrète que le
citoyen Fournier sera mis en liberté, sauf à être entendu comme témoin
par le Tribunal extraordinaire[10].
[Note 10: _Procès-verbal de la Convention_, VII, 300-302.]
Mais Marat s'acharna après Fournier. Dans le _Publiciste de la
République française_ du 9 mai 1793, il l'accusa d'être un ambitieux,
un espion, un parasite. Fournier répondit par un factum
apologétique[11] où il y a des renseignements sur sa situation de
fortune. Après avoir rappelé qu'il est venu en France au sujet de la
propriété dont il a été dépouillé à Saint-Domingue: «Un premier
jugement par défaut, dit-il, vient de m'accorder un provisoire de
400,000 livres. Je toucherai cette somme dans peu, si le jugement est
confirmé contradictoirement. Jusque-là, je suis en effet misérable. Mes
ressources sont uniquement fondées sur la confiance officieuse de mes
amis. Je leur dois 78,000 livres, en 22 articles, dont j'ai toutes prêtes les
preuves.» Marat demandait à Fournier de quel argent il avait payé une
maison de campagne récemment achetée par lui. Il reconnut avoir
acheté, depuis plus de deux ans, un jardin à sept lieues de Paris, à
Verneuil (Seine-et-Oise): mais il ne l'a pas payé. «S'assurer de ce fait
chez le vendeur, Pasquier, marchand de vin, rue de
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