de zèle et de patriotisme[3]»; et, le 14,
il adressait au même personnage une lettre de félicitations[4].
[Note 3: Mortimer-Ternaux, Histoire de la Terreur, III, 594.]
[Note 4: Papiers de Fournier, aux Archives nationales, F7 6504.]
Il est fort possible que Fournier ait traité durement les prisonniers
confiés à sa garde, mais la septembrisade de Versailles ne doit pas lui
être imputée.
Fournier eut plus de mal à se disculper de l'accusation d'improbité. Il
passait pour avoir dilapidé l'argent qui lui avait été confié par la
Commune en vue de son expédition et pour avoir soustrait à son profit
une partie des effets des prisonniers. Il fut même arrêté quelques jours
après son retour d'Orléans; mais la Commune ordonna sa mise en
liberté, par arrêté du 20 septembre 1792[5].
[Note 5: Mortimer-Ternaux, III, 588.--Cet auteur a consulté les
registres de la Commune de Paris, aujourd'hui détruits.]
Il est certain qu'une partie des effets des prisonniers disparut. Mais
Fournier affirma que cette disparition avait eu lieu depuis qu'il n'était
plus responsable de ce dépôt. Voici d'ailleurs le compte qu'il rendit au
ministre de l'intérieur:
1° Il a pris à Étampes, en allant à Orléans, deux pièces de canon avec
leurs affûts et trois caissons d'artillerie, le tout bien conditionné, et les a
remis à l'Hôtel de Ville, dont le général Santerre doit en rendre compte.
2° A Orléans, il a fait remettre toutes les malles appartenant aux
prisonniers d'État, ainsi que plusieurs autres effets, tant argenterie
qu'autres objets, trouvés dans les prisons. Le tout a été renfermé dans
chaque chambre des prisonniers dont il a lui-même fermé les portes et
remis les clefs au geôlier, en présence de MM. Garran de Coulon et
Bourdon [de] la Crosnière, commissaire du pouvoir exécutif, pour le
tout être remis à qui de droit.
3° Arrivé à Versailles, jour du massacre des prisonniers, tous leurs
effets et bagages ont été remis entre les mains de la Commune de
Versailles[6]. Ces mêmes effets m'ont été remis pour être déposés entre
les mains du ministre de la justice, ce que j'ai fait en arrivant à Paris. M.
Danton m'a observé qu'il fallait déposer le tout à l'Hôtel de Ville; et j'ai
rempli cette mission et ai fait faire un inventaire du tout, ainsi que d'une
cassette qui m'avait été confiée, de même qu'un paquet que M.
Delessart m'avait remis en secret, contenant plusieurs lettres de change
et d'autres papiers importants, dont je me suis cru obligé de faire le
dépôt plutôt que de le remettre à l'adresse qu'il m'avait indiqué.
[Note 6: Le procès-verbal qui fut dressé à cette occasion (10 septembre
1792) se trouve dans les papiers de Fournier.]
4° Il a été remis, par les volontaires du détachement, de l'or monnayé et
autre argent, ainsi que des billets nationaux, montres et autres effets à la
Commune de Versailles en dépôt pour en rendre compte.
Je certifie le tout sincère et véritable.
A Paris, le 5 octobre, l'an 1er de la République française.
Signé: FOURNIER[7]
[Note 7: Fournier se fit délivrer, le 30 brumaire an V, aux Archives,
une copie certifiée de cette lettre. Cette copie fait actuellement partie de
la collection d'autographes de M. Étienne Charavay, qui a bien voulu
nous la communiquer.--Ces comptes de Fournier ont d'ailleurs été déjà
publiés par Mortimer-Ternaux, III, 590.]
En même temps, il remit à Roland un état détaillé de ses dépenses.
Roland se déclara satisfait, approuva hautement Fournier par ses lettres
à la Convention des 5 et 6 octobre 1792 et, comme Fournier réclamait
une indemnité pour frais extraordinaires et que toutes les dépenses de
l'expédition n'avaient pas été réglées, la Convention, par décret du 9
décembre suivant, vota les crédits nécessaires. Le général de
l'expédition d'Orléans se trouva ainsi couvert par l'approbation directe
de Roland et par l'approbation indirecte de la Convention.
Malheureusement pour lui, il arriva que le procès-verbal du dépôt qu'il
avait effectué à la Commune de Paris fut égaré. Il ne put obtenir qu'une
attestation du secrétaire greffier Coulombeau qu'il avait rendu ses
comptes[8], mais non un état détaillé. Or, lui-même nous apprend que
les plus précieux objets avaient disparu dans l'intervalle. De là les
soupçons, vraisemblablement injustes, dont il fut poursuivi toute sa vie.
[Note 8: Cette attestation, en date du 12 août 1793, se trouve aux
Archives, dans les papiers de Fournier.]
Dénoncé et surveillé, il fut l'objet, en mars 1793, d'un rapport de police
où il est traité de chevalier d'industrie associé à une coquine, la femme
Marthe Fonvielle, dite Pujol, sa maîtresse, et à une prétendue marquise
de Saint-Giran (Voir ses papiers, aux Archives).
Marat ne pouvait lui pardonner d'avoir été protégé par Roland. Dans la
séance du 12 mars 1793, il le signala comme étant un des instigateurs
de l'insurrection avortée du 10 mars. Fournier fut décrété d'arrestation.
Voici le compte
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