achats de médicamens dont les pharmacies
des hôpitaux doivent être approvisionnées pour deux mois, sera envoyé
au bureau général des hôpitaux de l'armée; mais lesdits médicamens
seront payés avant la livrée desdits inventaires, et le seront sur les lieux
d'après l'ordonnance du commissaire des guerres chargé de la police de
l'hôpital, sur le crédit que lui aura ouvert l'intendant général. Les
intendans de province ou de département sont autorisés à faire acquitter
d'urgence ces ordonnances, sauf aux receveurs de province ou de
département à porter les ordonnances acquittées en paiement.
«9° Lorsqu'un médicament ne se trouvera pas dans la pharmacie de
l'hôpital, d'après l'approvisionnement fait en conséquence des
dispositions ci-dessus, le directeur d'hôpital sera, dans ce cas seul,
autorisé à acheter ce médicament où il le trouvera, sur le fonds des
petits alimens, c'est-à-dire sur celui de 12 francs; et dans les huit jours
au plus tard, toute dépense faite sur ce fonds par l'économe sera visée
par le commissaire des guerres chargé de la police de l'hôpital.
«10° Il sera pris des mesures pour qu'il soit fabriqué du bon pain affecté
au service des hôpitaux, et fait avec de la farine de froment; M.
l'intendant général fera, autant qu'il pourra, distribuer du vin de Stettin,
qui est le meilleur qu'on puisse se procurer.»
Indépendamment de ces minutieux détails que j'ai pris plaisir à citer,
parce qu'ils prouvent toute la sollicitude de l'empereur pour les blessés,
d'autres soins l'occupaient encore: il passait une partie de la nuit avec M.
de Talleyrand; il songeait sérieusement à faire la paix, et à ce qu'il
pouvait être obligé d'entreprendre pour en finir, si on ne parvenait pas à
nouer une négociation.
Cette pensée, ainsi que les détails de son armée, ne l'occupaient
cependant pas exclusivement. Pendant ses absences, le conseil des
ministres se tenait à Paris sous la présidence de l'archichancelier; mais
il ne s'y rapportait que des affaires d'un intérêt général. Les rapports y
étaient faits comme à l'empereur, et accompagnés d'un projet de décret;
mais lorsqu'il s'agissait de quelque chose de délicat qui touchait la
politique ou se rattachait à quelque projet d'un intérêt particulier, les
ministres lui en écrivaient confidentiellement, et presque toujours il
décidait sans l'intermédiaire de personne.
Quant au grand travail de tout le personnel de l'administration des
affaires locales des départemens ou des communes, il passait par la
secrétairerie d'État; ce qui donnait à M. Maret un crédit et une influence
considérable au-dehors.
Ce travail des ministres était apporté de Paris à l'armée par un auditeur
au conseil d'État, qui, en arrivant au quartier-général, descendait chez le
secrétaire d'État pour lui remettre tous les portefeuilles dont sa voiture
était remplie. Celui-ci les lisait tous, et prenait ensuite les ordres de
l'empereur pour le travail. Cette habitude eut un mauvais résultat en ce
qu'elle mécontenta plusieurs ministres. Cela se conçoit aisément, parce
que tout le travail administratif passant d'abord entre les mains du
secrétaire d'État, il était naturel que ce fût lui qui, en le portant à la
signature, donnât à l'empereur des détails que le ministre avait omis
pour abréger le travail: c'est là précisément ce qui est devenu funeste,
parce que le succès d'une proposition d'un ministre quelconque
dépendait de M. Maret.
Par exemple, dans les nominations aux places de finance, de tribunaux
et de l'administration de l'intérieur, il était devenu impossible de faire
passer l'homme que le ministre ne voulait pas admettre. Après une
révolution comme la nôtre, il n'y a guère d'hommes (dans la catégorie
de ceux propres aux emplois) qui n'aient eu quelque part à des faits que
l'opinion n'a pas toujours approuvés, et c'était là que l'on trouvait
facilement une cause d'exclusion, lorsqu'on voyait sur un travail de
proposition le nom de l'homme qui déplaisait. Comme le ministre qui le
proposait n'avait pas prévu un refus, et qu'il fallait bien pourvoir à
l'emploi vacant dans son département, M. Maret proposait de suite un
autre sujet; l'empereur en était satisfait, et appelait cela du zèle à lui
aplanir les difficultés. On se gardait bien de lui dire que les ministres
étaient fort mécontens de voir à chaque instant leurs propositions ou
tronquées ou rejetées; cela faisait rejaillir sur eux une sorte de
déconsidération: on les appelait méchamment les premiers commis du
secrétaire d'État. Personne ne s'abusait: on faisait croire à l'empereur
que l'on disait à Paris «que l'on ne comprenait rien à son activité; qu'il
n'était pas possible de lui en imposer, même sur les moindres choses;
qu'il lisait tout.» Basse adulation qui eut des conséquences fâcheuses. Il
se forma autour de la secrétairerie d'État une clientelle composée de
tous les postulans qui étaient en instance auprès des autres ministères;
avec eux arrivèrent les coteries de femmes et d'hommes qui
protégeaient telle personne au préjudice de telle autre, et avec celles-ci
les intrigues, qui sont
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