d'officier d'ordonnance, au quartier-général de l'armée.
Sur ces entrefaites, le général Pichegru vint prendre le commandement en chef de l'armée. Dès son arrivée il se pronon?a ouvertement contre les mesures de terreur que déployaient les représentans du peuple; dès son arrivée aussi il se disposa à reprendre vivement l'offensive. Le jour même où l'armée commen?a son mouvement le général en chef me confia une mission pour l'armée de la Moselle, à notre gauche. Je me hatai de la remplir, et comme je revenais on se battait entre Belheim et Haguenau. Je ne tardai pas à reconna?tre que c'était mon régiment et le IIe de cavalerie qui étaient aux prises avec le corps émigré que commandait le duc de Bourbon. C'était une belle occasion que le ciel m'envoyait. Je courus prendre ma part du danger; je me mis à la tête de mon peloton, et je fus assez heureux pour me faire remarquer. Après l'action, je fus en rendre compte au général en chef, et ma bonne fortune voulut qu'il se trouvat dans ce moment avec le représentant du peuple. Je profitai de la circonstance pour parler de moi, et Pichegru prenant mon parti assura ma tranquillité d'un seul mot.
Quoique fort jeune alors, j'étais déjà connu à l'avant-garde de l'armée. Dur à la fatigue, sobre par habitude, ayant fait preuve de quelque témérité, et doué par la nature d'une bonne mémoire, j'étais devenu l'objet des préférences de mes chefs, quand il s'agissait d'exécuter quelque entreprise hasardeuse, et je fus bient?t attaché au général Ferino en qualité d'aide-de-camp. Par malheur, ce général, qui avait été quelque temps au service d'Autriche, était inexorable pour les moindres fautes de discipline; l'extrême licence des nouvelles recrues le mettait en fureur; il n'en pouvait cacher son mécontentement; aussi fut-il bient?t destitué.
Je me serais trouvé sans emploi, si Desaix, devenu général de division, ne m'e?t appelé près de sa personne, et je fis avec lui le blocus de Mayence pendant ce rigoureux hiver qui fut signalé par la conquête de la Hollande. L'amitié de Desaix pour moi ne se démentait pas; il m'employait activement à toutes les affaires d'avant-poste, genre de guerre qu'il aimait, parce qu'il y trouvait l'occasion de former les jeunes officiers sur lesquels il avait des projets.
Avant la fin du blocus de Mayence, Pichegru revint de Hollande prendre le commandement de l'armée du Rhin. Il la trouva dans un état de délabrement complet. Le Directoire lui enjoignait de passer le Rhin entre Brissac et Bale, et il ne trouvait dans les arsenaux aucun des objets indispensables pour cette opération. Il n'en cacha pas son mécontentement, et le ton de ses dépêches s'en ressentit. J'ai toujours cru que ce fut alors que germèrent dans son esprit les sentimens haineux qui plus tard lui firent commettre une action criminelle.
La division du général Desaix avait quitté le blocus de Mayence pour prendre position entre Brissac et Bale. Son avant-garde était commandée par Bellavene, et j'étais attaché à l'état-major, dont le quartier-général était à Ottmarsheim. Le corps de Condé était campé à Neubourg, sur la rive droite en face. Je commen?ai à remarquer que le général Pichegru allait bien souvent à Bale, quoique son quartier-général f?t à Illkirck près Strasbourg.
Un jour qu'il retournait de Bale à son quartier-général, il me fit appeler, et me donna une lettre à porter à M. Bacher, notre chargé d'affaires à Bale, qui devait me remettre une réponse pour Illkirck; et comme à cette époque il n'y avait pas un écu dans les caisses de l'armée, je remarquai que le général avait établi des relais à poste fixe pour que la communication f?t plus facile. Pendant quinze jours je fus toujours sur cette route, et certes, je ne me doutais guère que je portais les lettres destinées au prince de Condé.
Nous nous attendions à passer le Rhin dans ces parages, lorsque tout à coup nous re??mes l'ordre de partir pour Manheim, qui venait d'ouvrir ses portes d'après une influence intérieure toute dévouée à la France. Le général Pichegru avait chargé le général Desaix de prendre l'offensive sur la rive droite, et obtenu le rappel du général Ferino. Ce dernier voulut bien témoigner le désir de m'avoir près de lui. Le général Desaix m'ayant engagé à ne pas refuser, je suivis son conseil, et joignis le général Ferino à Manheim.
L'armée ne tarda pas à s'ébranler; elle s'avan?ait par les deux rives du Necker, lorsqu'elle vit déboucher les Autrichiens qui venaient à sa rencontre. L'action s'engagea; nous succombames, et f?mes vivement ramenés. Les troupes qui occupaient les lignes de Mayence ne combattirent pas d'une manière plus heureuse. Elles firent une perte d'artillerie énorme, et furent rejetées dans la direction de Kaiserlautern.
Le général Pichegru, dont ce double revers compliquait la position, fut obligé de repasser le Rhin au plus vite, et vint s'établir sur la petite rivière
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