de Pfrim pour recueillir les fuyards. La position devenait difficile; il n'y avait qu'une prompte coopération de l'armée de Sambre-et-Meuse qui p?t garantir la Lorraine et l'Alsace d'une invasion: il importait donc qu'elle f?t prévenue sans perdre de temps.
La mission était délicate. Sur l'indication du général Desaix, Pichegru me la confia. J'associai Sorbier, un de mes camarades, à ma périlleuse entreprise, afin qu'il p?t prendre les importantes dépêches, si je venais à être tué.
Nous nous m?mes à la tête de cinquante cavaliers choisis, tous gens audacieux et intrépides, et quittames l'armée à la nuit tombante. à l'aide des précautions que des officiers d'avant-garde ne doivent jamais négliger, nous traversames tout le pays qu'occupaient les troupes légères autrichiennes, et nous e?mes le bonheur d'atteindre Kaisemark sur la Nahe, où nous joign?mes la division Marceau, de l'armée de Sambre-et-Meuse. Nous lui rem?mes nos dépêches; et, comme il importait que le général Pichegru f?t fixé au plus vite sur la position qu'occupait le général Jourdan, nous nous hatames de partir pour le rejoindre. Nous ne savions trop cependant quelle direction nous devions prendre; car l'armée devait avoir continué son mouvement. Redoublant de précautions, ne marchant que la nuit, évitant les villages, nous arrivames enfin à la hauteur d'Allzée.
Le jour naissait, quelques paysans commen?aient à se répandre ?à et là dans la campagne. Nous joign?mes une jeune fille, qui nous apprit que nous n'étions qu'à quelques pas des Autrichiens. Ils marchaient à nous: quelques pas encore, et nous étions découverts. Nous lan?ames une seconde fois nos chevaux à travers champs, et nous atteign?mes bient?t la route de Gremdstadt à Mayence, à une bonne lieue des avant-postes du général Desaix. à peine y f?mes-nous, que nous v?mes accourir un escadron de chevau-légers autrichiens. Il n'y avait pas à reculer; nous f?mes nos dispositions: elles furent simples. Je dis à Sorbier de se mettre en tête du détachement et de le faire marcher par quatre, en prenant le c?té gauche du chemin, de manière qu'en faisant demi-tour à droite, par quatre, nous devions avoir l'ennemi sous le coupant de nos sabres: nous f?mes bient?t vivement poursuivis. Nous nous m?mes au galop, afin de rompre l'ennemi, que nous ne pouvions aborder en masse, et faisant brusquement face en arrière, nous accablions ceux des siens qui s'abandonnaient trop imprudemment à leur ardeur. Nous f?mes cette manoeuvre deux ou trois fois, et à chaque fois nous pr?mes quelques hommes et quelques chevaux. Néanmoins nous n'étions pas hors de danger, mais heureusement le feu des carabines fut entendu des avant-postes, d'où on envoya un détachement à notre secours.
Cette expédition nous valut les félicitations du corps d'armée: le général Pichegru y joignit la sienne, et le général Desaix me témoigna plus de bienveillance que jamais.
Le jour même, Pichegru, pressé par l'armée autrichienne, se mit en mouvement pour se porter sur Landau. Il prit position derrière le Queich; l'avant-garde en avant de Landau, où, en cas de blocus, le général Ferino eut ordre de se renfermer. Il y était depuis quelques jours, lorsqu'un parlementaire autrichien vint proposer un armistice, qui devait être commun aux deux armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse. Ce fut le premier armistice conclu dans le cours de cette guerre.
Pichegru profita de ce moment de repos pour se rendre à Paris. Il s'y plaignit vivement de l'état de dén?ment dans lequel on laissait l'armée. Le Directoire, qui n'aimait pas à rencontrer des difficultés de ce genre, lui déclara que s'il trouvait le fardeau trop lourd, il pouvait le déposer. On a dit, depuis, que déjà le Directoire commen?ait à soup?onner ses manoeuvres: je ne saurais l'assurer; mais ce qu'il y a de certain, c'est que l'armée, qui n'avait aucune connaissance de la perfidie de son général, crut qu'il n'avait été sacrifié que pour avoir trop chaudement pris ses intérêts.
Moreau, qui avait remplacé Pichegru à l'armée du Nord, vint encore, cette fois, le remplacer à l'armée du Rhin. L'armistice fut presque aussit?t dénoncé. L'archiduc Charles avait succédé au feld-maréchal Clairfait: c'était la première fois que ce prince paraissait à la tête des armées autrichiennes; il était impatient d'en venir aux mains. Moreau, de son c?té, se proposait de marcher à lui, mais il fallait franchir le fleuve: il s'appliqua à lui donner le change sur ce périlleux projet.
Il concentra ses troupes sous Landau, feignit de vouloir tenter des entreprises auxquelles il ne songeait pas; et quand tout fut prêt, tout disposé, il se porta, en deux marches, sous la citadelle de Strasbourg. Je n'étais que capitaine alors, mais j'étais déjà connu dans l'armée, et quoique d'un grade subalterne, je fus chargé d'exécuter le passage avec un bataillon qui fut mis sous mes ordres immédiats. Mes instructions portaient de me détacher, à minuit, de la rive gauche, de prendre rapidement terre à la droite, et de fixer le plus que je
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