Mémoire sur la réunion des trois services, des postes aux chevaux, de la poste aux lettre | Page 7

M. de Saint-Victour
un cheval de plus, et que la voiture la plus
lourdement construite, chargée de malles et de paniers, ne paie que six
chevaux, pourvu qu'elle ne contienne que quatre personnes; tandis
qu'une voiture légère, sans malles ni paniers, si elle contient cinq
personnes, paie sept chevaux? Le bon sens et la justice établiroient ce
que doit payer une voiture sur son poids au total.
La marche des lettres n'est pas moins inconséquente dans les circuits
qu'on leur fait faire: il en résulte une lenteur qui est nuisible aux
affaires et au commerce, et leur sur-taxe, en raison de ces circuits, est
une vexation qui, en résultat, altère le produit de cette partie.
C'est en tout de nouveaux erremens à suivre; mais heureusement ce
sont ceux qui pourront être avoués par la raison, et qui, dirigés vers
l'utilité publique, donneront une augmentation de produit dont personne
n'aura à se plaindre, puisque cette augmentation résultera d'abus à
réformer et de facilités à leur substituer.
Enfin, et cette dernière considération doit presser la réunion de ces trois
services dans les mains de régisseurs qui se concertent avec les
départemens pour leur meilleure organisation: la formation des
départemens, des districts et des nouveaux tribunaux va changer le
mouvement intérieur pour les voyageurs et pour les correspondances: il
aboutira moins de l'un et de l'autre à Paris; mais il faudra multiplier les
facilités dans l'intérieur, où il en existe très-peu. Deux compagnies
séparées, qui ont des baux à termes et des établissemens faits, ne les
dérangeront point sans réclamer des diminutions sur les prix de leurs
baux, des indemnités, etc. Plusieurs années peuvent s'écouler dans ces
débats, toujours importuns aux ministres, principalement occupés de
maintenir les revenus; et cependant toutes les parties de ce service
public et bien important seront en souffrance et dépériront, au point

d'exiger plus de dépenses et plus d'obstacles que n'en présenteroit une
opération faite à propos.
Cette opération est fort simple aujourd'hui, puisqu'il faut se servir des
moyens qui existent, un tems, et jusqu'à ce que les postes aux chevaux
soient constituées et que les nouvelles voitures soient faites. Il seroit
facile aux dix régisseurs qui auroient à conduire, pendant quinze ou
dix-huit mois, la poste aux lettres et les messageries à-peu-près sur le
pied actuel, de se concerter avec les départemens chargés dès à présent
de la restauration, et successivement du maintien et de la police des
postes aux chevaux, sur les établissemens à faire ou sur ceux à
perfectionner pour rendre le service de la poste aux lettres et celui des
messageries aussi utiles qu'ils sont susceptibles de l'être au public, au
commerce et au nouvel ordre des choses. Ces régisseurs seroient
d'autant plus à portée d'apprécier, en connoissance de cause, les projets
qui leur seroient donnés par les divers départemens, tant relativement à
l'utilité publique, que pour une augmentation de produit, qu'ils auroient
sous les yeux l'objet de comparaison dans les établissemens actuels; et
ils n'auroient à présenter à la décision du ministre que des résultats bien
constatés.
Enfin cette opération majeure, en administration, offre encore une
augmentation considérable dans les revenus, soit en économies, soit en
produit; et sous ces deux points de vue, elle paroît également
intéressante dans les circonstances présentes.

Autres observations remises à M. le duc de Biron, sur les réflexions des
anciens fermiers des Messageries, relatives à un projet de MM. Alary
et de Saint-Victour, dans un mémoire imprimé et remis au comité des
finances de l'assemblée nationale, par lesdits anciens fermiers.
MM. les anciens fermiers des messageries ont dit, dans le précis des
observations imprimées et remises par eux au comité des finances: que
le plan du sieur de Saint-Victour avoit des bases communes avec celles
du sieur Alary, et par conséquent aussi mal fondées; qu'il tendoit
également, quoique d'une manière différente, à compromettre le service

des postes et des messageries.
Si le sieur de Saint-Victour a pu donner lieu à cette erreur, par la
manière dont il a présenté son plan sur la réunion des trois services, il
doit d'autant plus s'empresser de la rectifier, que ce sont les idées de feu
M. Turgot qu'il a voulu développer dans ce plan, et que le sieur de
Saint-Victour n'y a ajouté que ce que l'état des choses, bien différent de
ce qu'il étoit en 1775, lui a paru propre à augmenter les avantages
d'utilité publique, qui avoient dès-lors décidé l'opération de M. Turgot.
M. Alary demande un privilége exclusif pendant trente ans, pour une
compagnie qui se chargera de l'entreprise de toutes les postes aux
chevaux du royaume. Voilà la base de son plan qui est imprimé; il
n'appartient pas au sieur de Saint-Victour d'en analyser les
conséquences.
La base du plan remis par ce dernier est de rendre les postes aux
chevaux, laissées aux maîtres de ces postes, les agens du
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