Mémoire sur la réunion des trois services, des postes aux chevaux, de la poste aux lettre | Page 5

M. de Saint-Victour
dit, jour et nuit au pas, conduits par des chevaux
de poste, seroient chargés de toutes les malles et caisses lourdes, et on y
ménageroit des places pour les voyageurs les moins aisés.
On croit qu'il seroit avantageux que les premières berlines fussent
construites en Angleterre, sous les yeux de quelqu'un d'intelligent dans
cette partie, ensuite continuées sur ces modèles, à Bruxelles,
Valenciennes, Lille et Strasbourg, où la qualité du bois et les formes
légères qu'elle facilite, sans nuire à la solidité, donneroient beaucoup
d'avantages, indépendamment de l'économie dans la construction.
Il suffiroit, pour monter ce service, de 250 à 300 voitures, qui, en les
supposant à 3000 livres chaque, feroient une somme de 750 à 900 mille
livres.
Pendant leur construction, à laquelle moins d'un an doit suffire, on
pourroit préparer, par une correspondance avec les départemens, les
établissemens convenables à chacun d'eux, qui, pendant le même
intervale, constitueroit ses postes aux chevaux en nombre et en force
relative à leur exercice.

L'exécution de ce plan, confiée à Paris, à une administration zélée, qui
dépendroit immédiatement du ministre des finances, qui se concerteroit
avec les départemens pour toutes ses opérations, et qui conséquemment
les dirigeroit sans obstacles vers le bien général, présente encore des
moyens d'amélioration, entr'autres celui d'unir d'intérêt, dans chaque
département, les maîtres de postes de la même route, pour leur faciliter
le retour de leurs chevaux respectivement à charge, d'où résulteroit une
économie dans le prix des courses: spéculation qu'avoient faites les
compagnies qui s'étoient offertes, et dont il a été parlé.
De trouver, dans les cas de voyages extraordinaires des princes, ou dans
ceux de la cour, des chevaux dans le département et au plus près, pour
renforcer les postes, sans déplacer à grands frais, et cependant au
dommage des maîtres de postes, les chevaux à trente, quarante, et
même quatre-vingt lieues de distance.
De multiplier les moyens de transporter les lettres, et de prévenir les
circuits qu'on leur fait faire aujourd'hui, avec le double inconvénient de
la perte du temps et d'autoriser des sur-taxes.
Enfin, dans l'état actuel des choses, la poste aux lettres et les
messageries, en se nuisant respectivement, pèsent sur les postes aux
chevaux, les trois parties sur le public ou sur le trésor. On croit pouvoir
assurer que les messageries seules ont coûté au roi, depuis 1776, de six
à sept millions, soit par les sacrifices qui ont été faits dans cette année,
pour jetter de la défaveur sur le plan de M. Turgot[2], soit par les
indemnités accordées aux différens fermiers qui se sont succédés
depuis. Par la réunion de ces trois services, et en se servant de l'esprit
public et des connoissances locales que l'on peut attendre des
départemens pour en diriger la meilleure organisation, ils s'aideroient
respectivement, et procureroient au trésor de l'état, à l'administration,
au commerce et au public, les plus grands avantages; ce que l'on ne
peut raisonnablement pas attendre de deux compagnies séparées,
armées de priviléges, et n'ayant à s'occuper d'en diriger l'exercice que
vers leurs plus grands profits.

Apperçu des économies ou des augmentations du produit que présente
le projet de la réunion des trois services des postes aux chevaux, de la
poste aux lettres, et des messageries.
Première économie. L'intendance de la poste aux chevaux supprimée,
et son exercice remis aux départemens. . . . . . 600,000 l.
[En marge: Voir cet article dans l'ouvrage de M. Necker sur
l'administration des finances, vol. II, § 37.]
Seconde économie. Suppression du secret . . . . . . . . . 450,000 l.
[En marge: Voir idem, le § 36.]
Troisième économie. Suppression des priviléges des maîtres de postes,
au moins . . . . . . . . . . . . . . . . 800,000 l.
Quatrième économie. Dix-huit fermiers de la poste aux lettres ou des
messageries, qui peuvent être suppléés par dix régisseurs au plus; les
employés des deux parties, soit à Paris, soit dans les provinces, qui
peuvent être dédoublés; on ne croit pas exagérer en portant les
bénéfices des uns et les appointemens des autres à . . . . 1200,000 l.
Augmentation du produit des messageries servies par les chevaux de
postes et de la poste aux lettres, en multipliant, par les voitures de
messageries, les moyens de transport, et en prévenant tous ceux de
frauder, que facilite le régime actuel. . . . . . . . . . . . . . . . . 3000,000 l.
-------------- 6,050,000 liv.
Plus de six millions en diminution de dépenses ou en augmentation de
produits par des moyens qui, loin de peser sur le public, lui seront utiles,
et offriront encore à l'administration les plus grandes facilités à de
nouvelles économies pour l'entretien des grandes routes, pour le
transport le plus rapide de l'argent, pour les
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