Mémoire sur la réunion des trois services, des postes aux chevaux, de la poste aux lettre | Page 8

M. de Saint-Victour
et sur les ma?tres de postes, que le trésor public étoit obligé de dédommager par d'autres priviléges, par des gages et par des gratifications, des moyens qui rendoient le privilége des messageries inutile, parce qu'ils auroient réuni aux plus grandes facilités pour le public et pour le commerce, dans le service de la poste aux lettres et des messageries, beaucoup d'avantages pour plusieurs objets de l'administration, détaillés dans le plan remis par le sieur de Saint-Victour au comité des finances; enfin un sort assuré et indépendant de tout secours onéreux, soit au peuple, soit au trésor public, pour les ma?tres des postes, et il augmentoit le produit des messageries et de la poste aux lettres.
Jusques-là on ne peut voir aucune base commune avec celle du plan de M. Alary.
Le sieur de Saint-Victour a ajouté à ces vues d'utilité publique, une idée que M. Turgot ne pouvoit avoir en 1775, et qui agrandit autant qu'elle assure, tous les avantages qui avoient déterminé ce ministre. Cette idée est de confier aux départemens, à chacun dans son étendue, d'abord la restauration des postes aux chevaux, et successivement leur surveillance et leur discipline.
Cette dernière idée s'éloigne encore plus du plan de M. Alary.
Quelles craintes fondées les anciens fermiers des messageries peuvent-ils dès-lors se flatter de répandre sur la s?reté des deux services de la poste aux lettres et des messageries? Si, comme on ne peut le contester, ces deux services doivent être dirigés vers la plus grande utilité publique, qui peut plus que l'influence directe des départemens éloigner ces craintes affectées, puisqu'en même tems qu'ils indiqueront les établissemens les plus utiles à faire, ils auront tous les moyens que n'avoit s?rement pas l'intendant des postes aux chevaux, de leur donner et de maintenir toute la force qu'exigeront ces établissemens: il ne seroit d'ailleurs rien innové dans les deux services de la poste aux lettres et des messageries, jusqu'à ce que les régisseurs qui les réuniroient, fussent assurés, par les départemens même, de l'utilité des nouveaux établissemens à faire, et de la s?reté de leurs agens.
Le sieur de saint-Victour ose donc croire qu'il a présenté de véritables vues de liberté, qu'elles se concilient avec la prospérité du commerce, avec l'intérêt du public, avec les avantages que l'on doit, sans nuire à l'un et à l'autre, chercher à procurer au trésor de la nation, et enfin avec les principes de l'assemblée nationale.
MM. les anciens fermiers des messageries conviennent, dans le cours de leurs observations, que les circonstances exigent des adoucissemens dans l'exercice du privilége des messageries, et y souscrivent dans leur soumission; mais est-ce le moment de composer avec ce que les priviléges ont de nuisible ou d'odieux, lorsqu'il n'y a plus d'obstacles à leur substituer des moyens utiles?
Ils sentent aussi que tous les changemens faits et à faire dans l'administration, vont déranger l'ancien mouvement des messageries (ils auroient pu ajouter celui de la poste aux lettres), et faire perdre aux messageries des objets ci-devant considérables de produit.
Mais trop attachés à leur ancienne existence, ils ne voient pas, ou feignent de ne pas voir, que les moyens les plus utiles de remplacement ne peuvent se trouver que dans la plus grande activité que l'on pourra faciliter au commerce; et quelqu'intelligence qu'on puisse accorder à leur expérience, quelqu'étendue qu'on donne à leurs facultés, on ne pourra jamais leur accorder qu'ils aident à l'activité du commerce dans le transport des marchandises, autant que peuvent le faire les postes aux chevaux bien constituées, et menant au pas, sans interruption, jour et nuit, les fourgons qui, au lieu de huit lieues, en feront au moins vingt dans les vingt-quatre heures, et qui, par cet avantage inappréciable pour le commerce, attireront successivement tout le roulage.
Le service de la poste aux lettres se fera aussi avec plus de célérité et plus directement par les voitures, pour les voyageurs, conduites par les chevaux de postes, que par les moyens que la ferme des messageries, chargée de cette partie de service, peut employer.
Enfin, si les anciens fermiers des messageries, d'après leur exposé, peuvent, en se chargeant des convois et transports militaires, procurer une économie annuelle sur cette partie, de 350 mille livres; combien à plus forte raison le pourront, non pas les ma?tres de postes, mais les départemens qui traiteront avec eux, puisque ces établissemens couvrent la surface du royaume, et que bien constitués, ils auront une quantité de chevaux bien supérieure à celle que peuvent employer les fermiers des messageries, obligés cependant, comme les ma?tres de postes, à remplir leurs engagemens vis-à-vis du service public.
Il reste à examiner quelles sont ces dépenses considérables, tant pour le remboursement des administrateurs des postes, fermiers et sous-fermiers des messageries, que par la mise de fonds de la régie qu'entra?neroit les prétendues innovations proposées par le sieur de Saint-Victour.
Peut-on appeller une dépense le remboursement des fonds d'avance
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