les tarifs;
connoissances nécessaires des exportations & des importations, secret
dans les expéditions? Oseroit-on confier des objets aussi importans à
des Rouliers isolés, à des Commissionnaires qui ne peuvent jamais
présenter assez de sûretés, ni procurer autant de ressources & de
moyens? Sans ces sûretés, & sans l'avantage de l'exactitude & de la
régularité des expéditions, les Négocians seroient souvent exposés à
voir manquer leurs opérations & à compromettre leur crédit & leur
fortune.
[En marge: Transport des prisonniers.]
Le privilége du transport des prisonniers, des exécutoires & des papiers
de procédures, ne touche aucunement à la liberté, ni à l'intérêt public &
du Commerce: il assure la fidélité & l'exactitude de la remise des
procédures, & répond de la sûreté des prisonniers.
[En marge: Transport des paquets de 50 liv. & au-dessous.]
Le privilége du transport des petits paquets, réduit au poids de
cinquante livres & au-dessous, ne peut pas nuire à l'intérêt ni aux
spéculations du Commerce. Le Public & le Commerce sont libres de
faire voiturer par qui bon leur semble tous les effets, ballots &
marchandises au-dessus du poids de 50 livres; mais les petits objets que
le commerce est presque toujours intéressé à faire parvenir avec célérité,
se transportent par les Diligences; ils ne sont pas du ressort des
Rouliers, & ne les intéressent pas assez pour leur donner la faculté de
s'en charger, au détriment des Messageries, dont d'ailleurs la forme de
leurs voitures garantit la sûreté, non-seulement au Commerçant, mais
encore plus à la classe indigente des Citoyens. Ces petits objets sont
aussi trop souvent livrés aux Couriers des dépêches, sur-tout les bijoux
& effets précieux, même les espèces d'or, dont la fraude fait un tort
considérable aux Messageries, augmente beaucoup le poids de la malle,
surcharge dont les Maîtres de poste se plaignent journellement. Les
soldats, les matelots, les ouvriers & journaliers sont assurés qu'ils
retrouveront leurs effets dans les dépôts des Messageries; avantage
qu'ils n'ont pas en les confiant à des Rouliers qui n'ont guères d'intérêt à
leur conservation; ils ne sauroient même à qui s'adresser pour les
retrouver, ou les faire payer s'ils étoient perdus ou avariés. Ce privilége
est très-essentiel aux Messageries, & ne nuit à personne.
[En marge: Les relais.]
Le privilége d'avoir des relais n'appartient qu'aux Postes & aux
Messageries. Cette faculté exclusive ne nuit pas au Public: il procure la
célérité à la marche des voitures; il répand beaucoup d'argent dans les
Provinces; il alimente le service des Maîtres de poste; il consolide le
privilége des Diligences, & c'est lui qui a fait porter le produit des
Messageries à 1,100,000 livres, de 302,000 livres qu'il rapportoit avant
que M. Turgot eût établi les Diligences.
[En marge: CONCLUSION.]
Il n'est pas possible de se persuader que l'on ait jamais l'intention de
détruire l'établissement des Messageries, arrivé au point de perfection
où il est aujourd'hui, & cela par l'espoir de le remplacer plus
avantageusement par un nouveau régime qui affranchisse le Public & le
Commerce de la prétendue gêne de ses priviléges; mais on ne doute pas
aussi que tous les avantages du régime actuel ne soient mis en
opposition avec les inconvéniens que l'on lui suppose, & que l'on ne
s'assure bien, avant de se décider à faire aucun changement dans cette
partie d'administration, si le nouveau régime donnera autant de sûretés,
de facilités, de ressources & d'ordre dans son ensemble.
On observe en général & on en a déjà éprouvé les effets, que les
destructions, les essais & les changements sont souvent dangereux &
occasionnent toujours des dépenses considérables au gouvernement. La
suppression du bail actuel des Messageries coûteroit d'autant plus
qu'outre le remboursement de 1,150,000 livres d'avances, l'acquisition
de 3,000,000 livres des effets & équipages tant aux Fermiers qu'aux
sous-Fermiers, il faudroit encore ajouter l'indemnité pour la privation
de sept années de jouissance, qui feroit un objet de 2,666,000 livres, à
répartir tant aux fermiers Généraux qu'à leurs sous-Fermiers.
On joindra à ce Mémoire un tableau des recettes & des dépenses de
l'exploitation des Messageries depuis 1775. L'opinion qu'assez
généralement on a cherché à répandre dans le Public, des dépenses
qu'elles coûtent à l'État est si fausse, qu'il est nécessaire & facile de
démontrer l'erreur dans laquelle on est resté: on n'acquiert pas une
augmentation de revenus de 798,000 livres, & des propriétés
considérables sans qu'il en coûte; cependant, lorsque des propriétés
restent, que les revenus sont certains, que l'on pourroit les voir encore
s'accroître & que les fonds mis en avant sont rentrés, on ne peut pas
disconvenir qu'une pareille administration n'ait au contraire été
très-utile au Gouvernement.
Si les détails & les faits consignés dans ce Mémoire peuvent concourir
à prouver la nécessité de la continuation de l'établissement des
Messageries en France, si l'on a démontré que le peu de gêne résultante
du Privilège, est
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