qui ��tait identique �� lui-m��me, sa m��re, dont il ��tait un reflet pur et brillant; Dieu, dont il se faisait une id��e ��trange, appropri��e �� sa nature d'esprit; et enfin une chim��re de femme qu'il cr��ait �� son image, et qu'il aimait dans l'avenir sans la conna?tre.
Le reste n'existait pour lui que comme une sorte de r��ve facheux auquel il essayait de se soustraire en vivant seul au milieu du monde. Toujours perdu dans ses r��veries, il n'avait point le sens de la r��alit��. Enfant, il ne pouvait toucher �� un instrument tranchant sans se blesser; homme, il ne pouvait se trouver en face d'un homme diff��rent de lui, sans se heurter douloureusement contre cette contradiction vivante.
Ce qui le pr��servait d'un antagonisme perp��tuel, c'��tait l'habitude volontaire et bient?t inv��t��r��e de ne point voir et de ne pas entendre ce qui lui d��plaisait en g��n��ral, sans toucher �� ses affections personnelles. Les ��tres qui ne pensaient pas comme lui devenaient �� ses yeux comme des esp��ces de fant?mes, et, comme il ��tait d'une politesse charmante, on pouvait prendre pour une bienveillance courtoise ce qui n'��tait chez lui qu'un froid d��dain, voire une aversion insurmontable.
Il est fort ��trange qu'avec un semblable caract��re le jeune prince p?t avoir des amis. Il en avait pourtant, non-seulement ceux de sa m��re, qui estimaient en lui le digne fils d'une noble femme, mais encore des jeunes gens de son age, qui l'aimaient ardemment, et qui se croyaient aim��s de lui. Lui-m��me pensait les aimer beaucoup, mais c'��tait avec l'imagination plut?t qu'avec le coeur. Il se faisait une haute id��e de l'amiti��, et, dans l'age des premi��res illusions, il croyait volontiers que ses amis et lui, ��lev��s �� peu pr��s de la m��me mani��re et dans les m��mes principes, ne changeraient jamais d'opinion et ne viendraient point �� se trouver en d��saccord formel.
Cela arriva pourtant, et, �� vingt-quatre ans, qu'il avait lorsque sa m��re mourut, il s'��tait d��go?t�� d��j�� de presque tous. Un seul lui resta tr��s-fid��le. C'��tait un jeune Italien, un peu plus ag�� que lui, d'une noble figure et d'un grand coeur; ardent, enthousiaste; fort diff��rent, �� tous autres ��gards, de Karol, il avait du moins avec lui ce rapport qu'il aimait avec passion la beaut�� dans les arts, et qu'il professait le culte de la loyaut�� chevaleresque. Ce fut lui qui l'arracha de la tombe de sa m��re, et qui, l'entra?nant sous le ciel vivifiant de l'Italie, le conduisit pour la premi��re fois chez la Floriani.
II.
Mais qu'est-ce donc que la Floriani, deux fois nomm��e au chapitre pr��c��dent, sans que nous ayons fait un pas vers elle?
Patience, ami lecteur. Je m'aper?ois, au moment de frapper �� la porte de mon h��ro?ne, que je ne vous ai pas assez fait conna?tre mon h��ros, et qu'il me reste encore certaines longueurs �� vous faire agr��er.
Il n'y a rien de plus imp��rieux et de plus press�� qu'un lecteur de romans; mais je ne m'en soucie gu��re. J'ai �� vous r��v��ler un homme tout entier, c'est-��-dire un monde, un oc��an sans bornes de contradictions, de diversit��s, de mis��res et de grandeurs, de logique et d'incons��quences, et vous voulez qu'un petit chapitre me suffise! Oh! non pas, je ne saurais m'en tirer sans entrer dans quelques d��tails, et je prendrai mon temps. Si cela vous fatigue, passez, et si, plus tard, vous ne comprenez rien �� sa conduite, ce sera votre faute et non la mienne.
L'homme que je vous pr��sente est lui et non un autre. Je ne puis vous le faire comprendre en vous disant qu'il ��tait jeune, beau, bien fait et de belles mani��res. Tous les jeunes premiers de romans sont ainsi, et le mien est un ��tre que je connais dans ma pens��e, puisque, r��el ou fictif, j'essaie de le peindre. Il a un caract��re tr��s-d��termin��, et l'on ne peut pas appliquer aux instincts d'un homme les mots sacramentels qu'emploient les naturalistes pour d��signer le parfum d'une plante ou d'un min��ral, en disant que ce corps exhale une odeur sui generis.
Ce sui generis n'explique rien, et je pr��tends que le prince Karol de Roswald avait un caract��re sui generis qu'il est possible d'expliquer.
Il ��tait ext��rieurement si affectueux, par suite de sa bonne ��ducation et de sa grace naturelle, qu'il avait le don de plaire, m��me �� ceux qui ne le connaissaient pas. Sa ravissante figure pr��venait en sa faveur; la faiblesse de sa constitution le rendait int��ressant aux yeux des femmes; la culture abondante et facile de son esprit, l'originalit�� douce et flatteuse de sa conversation lui gagnaient l'attention des hommes ��clair��s. Quant �� ceux d'une trempe moins fine, ils aimaient son exquise politesse, et ils y ��taient d'autant plus sensibles, qu'ils ne concevaient pas, dans leur franche bonhomie, que ce f?t l'exercice d'un devoir, et que la sympathie y entrat pour rien.
Ceux-l��, s'ils eussent pu le
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