Louis Riel, Martyr du Nord-Ouest | Page 6

Not Available
je n'ai donc qu'à me préparer; vos lettres de délégation
m'assurent d'une réception amicale.
Messieurs, votre visite personnelle me cause une grande joie, et, je me
glorifie ne même temps de l'honneur que vous me faites, mais le
caractère officiel de votre visite lui donne une tournure tout à fait
remarquable, et je considérerai ce moment comme un des plus heureux
de ma vie,--un événement que ma famille se souviendra toujours, et
j'espère qu'avec l'aide de Dieu, mon appui vous sera utile afin que cet
événement soit une bénédiction pour vous et pour moi, qui en ai eu
beaucoup, cette année, la quarantième de mon existence. Il vaut mieux
être franc--je ne crois pas que les conseils que je vous donnerai, tandis
que je serai dans ce pays, concernant les territoires du Canada, auront
aucune influence de l'autre côté de la frontière; mais la question peut

être envisagée d'un autre point de vue: D'après les clauses 31 et 32 du
traité de Manitoba, j'ai droit à certaines terres, dont j'ai été privé
directement ou indirectement par le gouvernement du Canada.
Nonobstant le fait que je sois devenu citoyen américain, ma
réclamation pour ces terres est encore valide; par conséquent, mes
intérêts étant les mêmes que les vôtres, j'accepte votre bonne invitation,
et j'irai passer quelques mois parmi vous, dans l'espérance qu'à force
d'envoyer des pétitions, nous obtiendrons du gouvernement le
redressement de tous nos griefs.
L'élément métis forme une partie considérable de la population du
Montana, et si nous comptons les blancs qui, par suite de mariages ou
autrement ont intérêt à sauvegarder les privilèges des Métis, il est
évident, qu'ils forment une classe puissante. Je suis actuellement
occupé à faire leur connaissance, et je suis un de ceux qui aiment à voir
régner parmi eux l'union. De plus, j'ai fait des amis et des
connaissances parmi lesquels j'aime à vivre. Je vous accompagnerai,
mais je reviendrai en septembre.
J'ai l'honneur d'être, messieurs les délégués,
Votre humble serviteur,
LOUIS RIEL.
Le journal Le Manitoba, qui depuis a obéi à l'ordre d'injurier Riel,
écrivait en ce temps là: «On dit que M. Riel revient avec sa famille. Oh!
s'il pouvait seulement avoir l'heureuse idée de demeurer constamment
parmi nous. Cet homme ne peut faire que du bien à ses concitoyens...»
Et le 10 août suivant, Sir A. P. Caron, en villégiature à la
Rivière-du-Loup, donnait un dîner politique auquel assistaient Sir John
A. Macdonald et une dizaine de conservateurs de la province de
Québec. Le chef du cabinet y déclara: «que la présence de Riel au
Nord-Ouest n'avait rien d'inquiétant pour le gouvernement, que tout au
contraire elle favorisait ses vues, et que le chef métis travaillait à
concilier les intérêts des populations avec ceux de la couronne, qu'il
méritait de la reconnaissance plutôt que du blâme.»

Le 5 septembre, une grande réunion, dont le Manitoba a rendu compte,
se tint à Saint-Laurent, et adopta, sur la proposition de Riel, les
propositions suivantes:
Nous voulons, 1° La subdivision des territoires du Nord-Ouest en
provinces.
2° Pour les habitants du Nord-Ouest des avantages semblables à ceux
qui ont été accordés en 1870 aux habitants du Manitoba.
3° Une concession de 240 acres de terre aux Métis qui n'ont pas encore
reçu de concession.
4° La concession immédiate par lettre patente des terrains actuellement
occupés par les Métis.
5° La mise en vente, par le gouvernement, de 500,000 acres de terre; le
produit de cette vente devant être placé à intérêt pour subvenir aux
besoins des Métis pour l'établissement d'hôpitaux, d'orphelinats et
d'écoles, ou encore pour fournir aux pauvres gens des charrues ou
d'autres instruments agricoles et des semences.
6° La mise en réserve de 100 cantons (townships) dans des terrains
marécageux et qui ne seront probablement peuplés d'ici à longtemps;
ces terrains devant être distribués aux enfants des Métis de la prochaine
génération et pendant 120 ans, chaque enfant devant recevoir sa part à
l'âge de 18 ans.
7° Une subvention d'au moins 1,000 piastre pour établir un couvent
dans les établissements considérables des Métis.
8° L'amélioration dans les conditions du travail des Sauvages pour les
empêcher de mourir de faim, et un plus grand soin de leur personne.
Mgr Grandin, évêque de Saint-Albert, le R. P. Fourmond, le R. P.
Touze, le R. P. Lecoq, assistaient à cette assemblée, et Mgr Grandin fut
vivement prié par les Métis de faire connaître son opinion.

«Parmi ces propositions, dit Sa Grandeur, il y en a qui touchent de trop
près à la politique, celles-là nous sont indifférentes et nous ne voulons
nous en mêler aucunement, parce qu'elles n'ont qu'un intérêt douteux
pour la population et la religion. Quant aux autres, nous nous en
occupons depuis longtemps; et nous nous sommes efforcés de les faire
admettre par le gouvernement; nous avons fait tout ce qui dépendait de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 52
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.