mesmes sentimens,?Et tous deux, grand Monarque, attendent d'Olympie,?Et de vostre faveur, ou la mort, ou la vie.
HONORIUS.
Ce que vous demandez n'est plus en mon pouvoir.
PHILOXENE.
Ah Seigneur, regardez le prix de nostre espoir:?Voyez de ce costé le Sceptre & la Couronne,?Que portoit Alaric, que mon Rival vous donne:?Et si malgré l'éclat d'un don si precieux?Vous daignez devers moy tourner un peu les yeux,?Vous verrez un objet peut-estre moins aimable,?Mais bien plus important & plus considerable,?Puis qu'avecque le sang de ce grand ennemy,?J'ay rendu desormais vostre Tr?ne affermy.?Ouy voilà Stilicon, ce superbe, ce traistre,?Qui vouloit envahir l'Empire de son Maistre,?Et qui par ma valeur justement abatu?Est contraint de baiser les pas de la vertu:?Voyez ces deux presens, regardez l'un & l'autre,?Il vous donne un Empire, & je sauve le vostre,?Et nous ne demandons pour prix de nos travaux?Que l'amour d'Olympie.
HONORIUS.
Adorables Rivaux,?Je vois, je vois assez, & j'ay dans la memoire?Tant d'efforts signalez de valeur & de gloire,?Que vous avez tousjours heureusement produits?Malgré tant de mutins que vous avez détruits.?Ouy, ouy, je vous dois tout; mais cette recompance?Est plus en mes desirs que dedans ma puissance.?Vous voulez Olympie; elle n'est plus à moy,?Alexis la possede, il a receu sa foy,?Elle s'est à ses voeux elle-mesme donnée,?Et j'en ay ce matin accordé l'Himenée:?Mais Princes genereux apres tant de hauts faits?Il est juste qu'aussi vous soyez satisfaits;?Vous qui me presentez ce Sceptre, & cette marque,?Que portoit cy-devant un indigne Monarque,?Prenez les de ma main, & leur rendez l'esclat?Qu'Alaric a terny par son lache attentat.?Et vous à qui je dois mon Estat & ma vie?Qu'un rebelle sujet m'eust sans doute ravie,?Entrez, puis qu'autrement je ne puis m'acquiter?Au Tr?ne où la raison vous permet de monter.?Occupez.
PHILOXENE.
Ah Seigneur! Excusez nostre audace,?Ou bien si nostre offence est indigne de grace,?Adjo?tez, grand Monarque, à ce chef odieux?Celuy d'un temeraire & d'un ambitieux:?Mais qui dans ses desirs n'a jamais fait paroistre?Qu'il eust aucun dessein sur le rang de son maistre.
POLIDARQUE.
Ouy commandez, Seigneur, qu'on nous prive du jour,?Et donnez nous la mort pour un crime d'amour,?Aussi bien Alexis possedant Olympie?Avecque nostre espoir, faut-il perdre la vie.
HONORIUS.
Non, vivez: le destin vous doit estre plus doux,?Vous aimiez Olympie, & j'aimois comme vous,?à tous trois mesme objet a fait nostre esperance,?Une mesme rigueur fait nostre recompance;?Et puis qu'en vain tous trois nous avons combatu?Consolons nous tous trois par la mesme vertu,?Et témoignons au Ciel que nos ames bien nées?Attendent de ses soins nos bonnes destinées.
SCENE IV.
ALEXIS, & suitte.
ALEXIS.
Amis, je suis assez redevable à vos soins,?Mon amour desormais ne veut plus de tesmoins,?Et dans les deux transports dont mon ame est saisie?Elle n'a plus besoin de vostre courtoisie.?Adieu, laissez moy seul, afin qu'en liberté?Je songe aux beaux liens où je suis arresté;?Vous s?avez qu'à cette heure à mes voeux opportune,?Le grand nombre deplait, & la suitte importune,?Un amant est timide, on contraint son ardeur,?Et je s?ay qu'Olympie a beaucoup de pudeur.?Accordez aujourd'huy cette grace à ma flame.
ARASPE, _au nom de tous_.
Nous vous obeissons.
SCENE V.
ALEXIS _seul_.
Que feras-tu mon ame??Hé bien me voylà seul où tu m'as fait venir.?Que resoudray-je enfin? que dois-je devenir??Où tourneront mes pas? quel chemin dois-je suivre??Quitteray-je un objet sans qui je ne puis vivre??Quitteray-je un objet de graces revestu;?La perfection mesme, & la mesme vertu??Un objet que je dois, & puis cherir sans blame??Olympie en un mot, & qui plus est ma femme??Ah mon ame! c'est trop, je n'y puis consentir.?Dis moy qu'a-t'elle fait qui m'oblige à partir??L'amour qu'elle a pour moy n'est-il pas legitime??Ne puis-je pas aussi la posseder sans crime??N'a-t'elle pas mon coeur? n'est-elle pas à moy??Puis-je blamer ses feux, ou douter de sa foy??Non non, elle est charmante, elle est sage & modeste,?Son ame est toute pure, & sa flame est celeste:?Toutesfois inhumain, ouy tu la veux laisser.?Estouffe coeur ingrat, estouffe ce penser,?Et croy qu'il n'appartient qu'à des ames barbares?D'abandonner ainsi des Espouses si rares,?Mais quoy le Ciel le veut, & son commandement?Dessus mes volontez agit absolument.?J'ay beau luy resister, il faut que j'obeisse,?Que pour suivre ses loix, Alexis se haisse,?Qu'il se prive de tout, & qu'en ce mesme jour?Il renonce à soy-mesme ainsi qu'à son amour.?Vous me le commandez Princesse souveraine?De la Terre & des Cieux incomparable Reyne.?Hé bien j'obeiray, je ne conteste plus,?Et sans perdre le temps en regrets superflus,?Je vais où vostre voix aujourd'huy me convie.?Adieu donc chere espouse, adieu chere Olympie,?Doux charme de mes sens, vertueuse beauté,?Rare exemple d'amour & de fidelité.?Adieu pardonne moy, si mon obeissance?Nous impose à tous deux une si rude absence,?Je te quitte, il est vray: mais j'atteste les Cieux?Que j'emporte en mon coeur, ce qu'on oste à mes yeux?Et qu'en quelques endroits que mon destin m'appelle?Malgré l'esloignement je te seray fidele.?Tout le monde n'a rien d'esgal à tes appas,?Et rien ne me pourroit arracher de tes bras?Si le divin objet qui m'invite, et me presse?N'estoit ma souveraine & premiere maistresse,?Je l'entend,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.