la voix?Donne moy, juste Ciel, moins de biens à la fois.?Ah mon Prince! ah Madame! ? mon coeur! ? ma langue!?à qui s'adressera ma premiere harangue??Quelle voix, quels discours, quels termes si charmans?Exprimeront mes voeux, & mes remercimens??Pour de si grands bien-faits il n'est point d'eloquence?Qui ne dise bien moins que ne fait mon silence,?Et vous voyez assez dans ma confusion,?Et mes profonds respects, & mon affection.?Contentez vous, Seigneur, de ce mu?t langage,?Et vous, chere Olympie, agreez mon servage,?Puis que le Ciel le veut, mon amour, & mon Roy,?Avec mon coeur icy je vous donne ma foy.
HONORIUS.
Sus donc puis que le Ciel l'a pour vous destinée,?Celebrons aujourd'huy cet illustre Hymenée,?Allez vous preparer.
OLYMPIE.
Heureux commandement!
ALEXIS.
Allons, obeissons.
EUPHEMIEN.
Dans mon ravissement,?Je ne s?aurois, Seigneur, vous respondre autre chose,?Sinon que je connois le sang de Theodose,?Et qu'avecque son rang vous avez herité?De ce coeur si remply de generosité,?Qui pouvant par le fer dompter la terre et l'onde;?Par ses seules bontez s'acquerroit tout le monde.
HONORIUS.
Allez Euphemien, vous connoistrez encor?Que mon coeur vous cedent un si rare tresor,?Je n'ay pas fait pour vous tout ce que je medite:?Je veux joindre aujourd'huy la fortune au merite,?Et donner en faveur d'Olympie et de vous,?à mon heureux rival, un prix digne de nous.
SCENE II.
HONORIUS, SOSIMENE, ARISTANDRE.
SOSIMENE.
Certes une vertu si rare & si sublime?Montre combien, Seigneur, vous estes magnanime,?Et combien aux grands coeurs doit estre cher & doux?L'honneur & le bon-heur d'estre estimez de vous,?Aprez cette action, & cet effort extreme?Que vostre Esprit royal a fait contre soy-mesme,?Apres ce grand combat que vous avez rendu?Quel Empire, Seigneur, ne vous sera point de???Vaincre les nations c'est faire peu de chose,?De ces Evenemens la fortune dispose,?Et les plus valeureux succombent quelquefois?Par un trait de malheur soubz de honteuses loix:?Mais quiconque eslevé dans un degré suprême?Peut vaincre ses desirs & regner sur soy-mesme,?Triompher de l'amour & de ses passions?Il peut facilement dompter les nations,?Et quoy que la fortune ou projette, ou conspire,?De tout cet Univers ne faire qu'un Empire.
HONORIUS.
Quiconque songe moins à ses sujets qu'à soy,?Est indigne du Rang & du tiltre de Roy,?Comme ce nom sacré nous tire du vulgaire?Tout ce que nous faisons doit passer l'ordinaire,?Tout doit estre royal, tout illustre, tout grand,?Tout juste, & tout en fin digne de nostre sang.?Un Monarque qui veut signaler sa memoire?Doit estre seulement amoureux de sa gloire,?Et pour cet interest qu'il doit seul regarder?Aux services des siens prest de tout accorder:?J'estois (je le confesse) amoureux d'Olympie,?Ses aimables attraits m'avoient l'ame ravie,?Et ses hautes vertus qui peuvent tout charmer?Avoient porté mon coeur & mes yeux à l'aimer.?Mais quand j'ay sur ce poinct ma raison consultée,?Quand en d'autres liens je l'ay veue arrestée,?Quand j'ay consideré les soins d'Euphemien,?Le zele de son fils, mon amour, & le sien,?La mutuelle ardeur qui bruloit ces deux ames,?Ne nous opposons pas à de si belles flames,?Ay-je dit, & faisant un effort genereux,?Pour un coeur que je cede, acquerons nous en deux.
ARISTANDRE.
Quoy qu'ayent fait pour l'Estat, & le Fils, & le Pere,?Olympie est pour eux un assez grand salaire,?Sans que vous adjo?tiez en cette occasion?à vos rares bontez tant de profusion:?Songez que vostre espargne est tantost espuisée?Par les guerres sans fin où Rome est exposée,?Et qu'un Prince prudent ne doit pas oublier?Tous ses autres sujets pour un particulier.
HONORIUS.
Quoy que vous me disiez, vous n'avez rien à craindre,?Et mon peuple aura peu de sujet de se plaindre,?Si le noble mespris que je faits des tresors?Me fait mesme aux vivans recompenser les morts.?Il me souvient amis, quel estoit ce grand homme,?Qui prodigua son sang pour le salut de Rome,?Quand le superbe Attale eut dessein de m'oster?Du Tr?ne où son orgueil l'invitoit de monter:?C'estoit, vous le s?avez, le pere d'Olympie,?Il m'en laissa le soing quand il laissa la vie,?Et je l'ay du depuis eslevée en ma Cour?Avec beaucoup de zele & beaucoup plus d'amour,?Luy donnant un Espoux je luy tiens lieu de pere,?Et par cette raison un illustre douaire?Me doit envers la fille acquitter aujourd'huy?Du service important que j'ay receu de luy.
ARISTANDRE.
Seigneur.
HONORIUS.
C'est assez dit, il suffit Aristandre??Qu'on ne m'en parle plus. Mais que viens-je d'entendre??D'où procede ce bruit? Dieu? qu'est-ce que je vois?
SCENE III.
POLIDARQUE, HONORIUS, PHILOXENE, ARISTANDRE, SOSIMENE, & suitte.
POLIDARQUE.
Deux Rivaux, mais Subjets du plus juste des Rois,?Ouy vous voyez Seigneur, vous voyez, grand Monarque,?Philoxene à vos pieds, avecque Polidarque,?Tous deux plains de respect, tous deux victorieux,?Mais tous deux aujourd'huy l'un de l'autre envieux,?Nostre rang est égal, nos charges sont pareilles,?Et mes exploits, Seigneur, égalent ses merveilles:?Car si pour cet Estat il a bien combatu,?J'ay pour vous l'agrandir signalé ma vertu,?D'une pareille ardeur nous avons fait la guerre,?Son bras est une foudre, & le mien un tonnerre:?Un semblable succez a suivy nos combats,?Alaric est vaincu, Stilicon est à bas,?Et nous avons tous deux en cette concurrence,?Et les mesmes desirs, & la mesme esperance.?Tous deux sommes amis, & tous les deux Amans?Tous deux ont mesme coeur &
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