Lillustre Olympie, ou Le St Alexis | Page 6

Nicolas-Marc Desfontaines
elle veut que je quitte ce lieu,?Et tout ce que je puis, est de te dire Adieu.
_Fin du Premier Acte._
ARGUMENT
DU II. ACTE.
Polidarque & Philoxene ne pouvans si facilement se despouiller de la passion qu'ils avoient pour Olympie, rodent sur la fin de la nuict autour du Palais d'Euphemien, où s'imaginans que leur maistresse estoit en la possession d'Alexis, ils s'eschappent à quelques transports qui finissent par l'abbord d'Aristandre qui les meine vers l'Empereur qui les mandoit pour s'informer d'eux, s'ils ne s?avoient rien de l'absence d'Alexis qui mettoit toute la Cour en peine; en suitte de ce mandement s'ouvre la chambre nuptiale, en laquelle Olympie paroist en des-habillé, ses habits nuptiaux estans preparez sur une table, où apres plusieurs plaintes qui témoignoient son inquietude & son amour, elle rencontre soubs sa toillete le portraict d'Alexis, & une chaine de diamans qu'Alexis avant son depart y avoit laissée: cette veue redouble sa passion & ses regrets, dans lesquels Aglés, mere d'Alexis vient témoigner qu'elle prend beaucoup de part. Apres ces Scenes, Alexis paroist dans un bois avec deux ou trois Gueux qu'il a revestus de ses plus beaux habits en ayant pris un d'esclave, & là leur donnant son espée & son chapeau qu'il avoit encor en main avec son argent, les embrasse & leur dit Adieu. Ces pauvres si superbement revestus, & tous estonnez d'un eschange si advantageux font dessein d'aller à l'armée de l'Empereur.
ACTE II.
SCENE PREMIERE.
PHILOXENE, POLIDARQUE.
PHILOXENE.
Nos debas sont finis, s'en est fait Polidarque,?Nostre valeur en vain oblige un grand Monarque;?En vain nous terrassons ses plus faux ennemis,?Alexis a le prix qu'il nous avoit promis;?Il a tout nostre espoir, il a nos recompences,?Et voylà, cher amy, le fruict de nos absences.?Cependant qu'un Mignon par un destin plus doux?Triomphe insolemment d'Olympie & de nous.?Ah le lache! il ne mit jamais la main aux armes,?Et nous tirions du sang quand il versoit des larmes;?Toutesfois son bon-heur le va mettre en un rang?Qui nous fera verser & des pleurs, & du sang.
POLIDARQUE.
Sans faire l'esprit fort, j'advoueray, Philoxene,?Que cet évenement m'a fait beaucoup de peine,?Et que le souvenir d'un si sensible affront?M'a mis la rage au coeur comme la honte au front:?Mais puisque s'en est fait, le mal est sans remede,?Nous perdons Olympie, Alexis la possede,?Et cet effeminé l'ayant en son pouvoir,?Se mocque maintenant de nostre desespoir:?Dissimulons Amy, quittons cette humeur noire,?Songeons doresnavant à sauver nostre gloire,?Et pour nous retirer d'une indigne prison,?Mettons au front d'amour les yeux de la raison.
PHILOXENE.
Que tu sens Polidarque une legere atteinte!?Qu'une flame en ton coeur est aisément esteinte;?Et que facilement tu portes tes esprits?à passer sans regret de l'amour au mespris.?Helas, je tache en vain d'estouffer en mon ame?Ce brazier importun qui me perd & m'enflame,?Le vent de mes souspirs le rend plus violent,?Et plus je le combas plus il est insolent.?à quoy donc me resoudre? ah lache en cet orage?Qu'un reste de prudence assiste ton courage:?Fuy cet indigne objet qui causa ton amour,?Quitte un injuste Prince, abandonne sa Cour,?Et par un traittement & si prompt & si rude?Tu puniras leur hayne, & leur ingratitude.?Mais que dis-je insensé? non changeons de projet,?Espargnons l'Empereur, & perdons un sujet,?Le traistre l'a seduit & gaigné par adresse,?Allons le poignarder au sein de sa maistresse,?Faire que cette nuict luy dérobe le jour,?Et qu'un traict de la mort chasse celuy d'amour.
POLIDARQUE.
Ah rappelle tes sens? & pour ton allegeance,?Qu'un genereux mespris te serve de vengeance,?Laisse les malheureux dans leurs fers enlassez,?Le temps & les regrets les puniront assez,?Et croy que le seul bruit de tes hautes conquestes?T'acquerera les voeux des beautez plus parfaictes.?Mais que cherche Aristandre? il s'advance vers nous.
SCENE II.
PHILOXENE, POLIDARQUE, ARISTANDRE.
PHILOXENE.
Que veux-tu?
ARISTANDRE.
L'Empereur est en peine de vous,?Et vous mande par moy d'aller en diligence?Le trouver au Palais pour chose d'importance.
PHILOXENE.
Pour chose d'importance? en cette occasion?J'ay peine à concevoir cette commission,?Si matin, & si tost; quelle affaire le presse?
ARISTANDRE.
J'ignore son dessein, mais ma charge est expresse.
POLIDARQUE.
Marche, nous te suivons.
ARISTANDRE.
L'absence d'Alexis,?Ou je suis bien trompé cause tous ses soucis.
PHILOXENE.
L'absence d'Alexis? Sa Majesté s'ennuye?Qu'il demeure si tard dans les bras d'Olympie,?Elle nous veut sans doute envoyer à present?Pour haster son reveil.
ARISTANDRE.
Non non, il est absent,?On le cherche par tout, & sa femme elle-mesme?En est ainsi que nous en une peine extreme.
POLIDARQUE.
Allons voir ce que c'est.
PHILOXENE.
Escoute mes souhaits!?Amour; & qu'Alexis ne revienne jamais.
SCENE III.
OLYMPIE, LUCELLE, VIRGINIE, _dans la Chambre nuptiale_.
OLYMPIE.
Alexis est sorty! Que dites vous Lucelle??Alexis est sorty! non non, il m'est fidele,?Il m'aime, il me cherit, & son retardement?N'est que pour esprouver
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