?Je suis trop vieux pour plaire aux femmes, mais je suis assez riche pour les payer.?--Tour ing��nieux et galant pour exprimer que sir Hugh Middleton avait fait tous les travaux �� ses frais.
Ursus ��tait remarquable dans le soliloque. D'une complexion farouche et bavarde, ayant le d��sir de ne voir personne et le besoin de parler �� quelqu'un, il se tirait d'affaire en se parlant �� lui-m��me. Quiconque a v��cu solitaire sait �� quel point le monologue est dans la nature. La parole int��rieure d��mange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi. C'��tait, on ne l'ignore point, l'habitude de Socrate. Il se p��rorait. Luther aussi. Ursus tenait de ces grands hommes. Il avait cette facult�� hermaphrodite d'��tre son propre auditoire. Il s'interrogeait et se r��pondait; il se glorifiait et s'insultait. On l'entendait de la rue monologuer dans sa cahute. Les passants, qui ont leur mani��re �� eux d'appr��cier les gens d'esprit, disaient: c'est un idiot. Il s'injuriait parfois, nous venons de le dire, mais il y avait aussi des heures o�� il se rendait justice. Un jour, dans une de ces allocutions qu'il s'adressait �� lui-m��me, on l'entendit crier:--J'ai ��tudi�� le v��g��tal dans tous ses myst��res, dans la tige, dans le bourgeon, dans la s��pale, dans le p��tale, dans l'��tamine, dans la carpelle, dans l'ovule, dans la th��que, dans la sporange, et dans l'apoth��cion. J'ai approfondi la chromatie, l'osmosie, et la chymosie, c'est-��-dire la formation de la couleur, de l'odeur et de la saveur.--Il y avait sans doute, dans ce certificat qu'Ursus d��livrait �� Ursus, quelque fatuit��, mais que ceux qui n'ont point approfondi la chromatie, l'osmosie et la chymosie, lui jettent la premi��re pierre.
Heureusement Ursus n'��tait jamais all�� dans les Pays-Bas. On l'y e?t certainement voulu peser pour savoir s'il avait le poids normal au del�� ou en de?�� duquel un homme est sorcier. Ce poids en Hollande ��tait sagement fix�� par la loi. Rien n'��tait plus simple et plus ing��nieux. C'��tait une v��rification. On vous mettait dans un plateau, et l'��vidence ��clatait si vous rompiez l'��quilibre; trop lourd, vous ��tiez pendu; trop l��ger, vous ��tiez br?l��, On peut voir encore aujourd'hui, �� Oudewater, la balance �� peser les sorciers, mais elle sert maintenant �� peser les fromages, tant la religion a d��g��n��r��! Ursus e?t eu certainement maille �� partir avec cette balance. Dans ses voyages, il s'abstint de la Hollande, et fit bien. Du reste, nous croyons qu'il ne sortait point de la Grande-Bretagne.
Quoi qu'il en f?t, ��tant tr��s pauvre et tr��s apre, et ayant fait dans un bois la connaissance d'Homo, le go?t de la vie errante lui ��tait venu. Il avait pris ce loup en commandite, et il s'en ��tait all�� avec lui par les chemins, vivant, �� l'air libre, de la grande vie du hasard. Il avait beaucoup d'industrie et d'arri��re-pens��e et un grand art en toute chose pour gu��rir, op��rer, tirer les gens de maladie, et accomplir des particularit��s surprenantes; il ��tait consid��r�� comme bon saltimbanque et bon m��decin; il passait aussi, on le comprend, pour magicien; un peu, pas trop; car il ��tait malsain �� celle ��poque d'��tre cru ami du diable. A vrai dire, Ursus, par passion de pharmacie et amour des plantes, s'exposait, vu qu'il allait souvent cueillir des herbes dans les fourr��s bourrus o�� sont les salades de Lucifer, et o�� l'on risque, comme l'a constat�� le conseiller De l'Ancre, de rencontrer dans la brou��e du soir un homme qui sort de terre, ?borgne de l'oeil droit, sans manteau, l'��p��e au c?t��, pieds nus et deschaux?. Ursus du reste, quoique d'allure et de temp��rament bizarres, ��tait trop galant homme pour attirer ou chasser la gr��le, faire para?tre des faces, tuer un homme du tourment de trop danser, sugg��rer des songes clairs ou trisles et pleins d'effroi, et faire na?tre des coqs �� quatre ailes; il n'avait pas de ces m��chancet��s-l��. Il ��tait incapable de certaines abominations. Comme, par exemple, de parler allemand, h��breu ou grec, sans l'avoir appris, ce qui est le signe d'une sc��l��ratesse ex��crable, ou d'une maladie naturelle proc��dant de quelque humeur m��lancolique. Si Ursus parlait latin, c'est qu'il le savait. Il ne se serait point permis de parler syriaque, attendu qu'il ne le savait pas; en outre, il est av��r�� que le syriaque est la langue des sabbats. En m��decine, il pr��f��rait correctement Gallien �� Cardan, Cardan, tout savant homme qu'il est, n'��tant qu'un ver de terre au respect de Gallien.
En somme, Ursus n'��tait point un personnage inqui��t�� par la police. Sa cahute ��tait assez longue et assez large pour qu'il p?t s'y coucher sur un coffre o�� ��taient ses hardes, peu somptueuses. Il ��tait propri��taire d'une lanterne, de plusieurs perruques, et de quelques ustensiles accroch��s �� des clous, parmi lesquels des
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.