agens dans les départemens, qui exigeroient
des dépenses inutiles, et qui n'aboutiroient peut-être qu'à contrarier les
opérations de l'administration.
Je ne prétends point, citoyen représentant, que l'on doive adopter pour
les postes un régime purement et simplement administratif au compte
de la République. Peut-être la ferme, malgré tous ses inconvéniens,
devroit-elle lui être préférée; mais il a été proposé une meilleure
organisation, un moyen mixte qui tient à-la-fois à la ferme et à la régie,
qui présente les avantages de la première, et n'est point sujet aux abus
de la seconde, je veux dire une direction d'administrateurs intéressés
dans les produits. Vous avez présenté, il y a six mois, au Directoire et
au ministre des finances, un plan conforme à cette opinion.
Vous n'avez vu encore, citoyen, aucune objection solide contre le
systême d'une régie intéressée, et je pense que l'on n'en pouvoit point
faire.
En effet l'on convient que l'activité que des fermiers pourroient apporter,
et les améliorations qu'ils produiroient ne naîtroient que de l'énergie de
l'intérêt personnel; croit-on qu'en excitant celui d'une régie, l'on ne sera
pas fondé à attendre autant de son zèle que de celui d'une compagnie
fermière? Celle-ci pourra-t-elle augmenter à son gré la recette plutôt
qu'une régie? Aura-t-elle plus de desir ou de moyens de réduire les
dépenses[3]?
Les postes, dans l'état actuel, ne peuvent être d'aucun produit. Le Corps
Législatif va s'occuper de corriger le tarif dans toutes ses parties,
principalement dans l'autorisation du mode de paiement, partie
numéraire, partie mandats, et de celui en assignats valeur nominale des
lettres adressées aux militaires, ainsi que de limiter les droits de
contre-seing et franchises, qui sont prodigués d'une manière intolérable.
On ne doit pas croire que ces réformes, sur-tout dans le principe,
puissent procurer annuellement plus de 4 ou 5 millions, à moins que les
administrateurs, par leur persévérance et leurs lumières, ne parviennent
à détruire radicalement, au moyen des réductions sévères, des
changemens économiques, et la surveillance exacte qu'ils opéreront,
jusqu'au dernier des abus que leur expérience leur fera reconnoître.
Pour exciter les régisseurs à apporter dans les améliorations toute
l'activité dont ils seroient susceptibles, il seroit donc nécessaire, non
qu'il leur fût accordé un traitement, ainsi qu'il a été proposé, ni qu'on
fixât le maximum de la somme qu'ils obtiendroient sur la recette
générale; (limiter le degré d'encouragement qui leur seroit accordé, ne
seroit-ce pas limiter leur économie, et désigner le terme des efforts que
la République a le droit d'attendre de leur zèle?) mais que sur la recette
nette qu'ils verseroient à la trésorerie nationale, ils fussent autorisés à
retenir entre leurs mains, pour être partagée également entr'eux une
prime de trois deniers pour livre, à quelque taux que les produits
pussent s'élever. Par ce moyen, les régisseurs auroient à se distribuer la
somme de 12,500 livres pour chaque million qu'ils déposeroient
annuellement au trésor public; et en supposant l'administration
composée de cinq membres, ce seroit 2,500 livres que chacun d'eux
toucheroit par chaque million de recette.
Un intérêt moindre ou plus considérable présenteroit également des
abus[4].
Ces régisseurs dirigeront en même-temps les postes aux chevaux et les
postes aux lettres, qu'il convient de réunir plus étroitement en les
établissant dans le même local[5]. Surveillant à-la-fois les deux parties,
ils en saisiront mieux l'ensemble et soutiendront l'une par l'autre;
c'est-à-dire, les postes aux lettres par la restauration et une bonne
organisation des postes aux chevaux, et celles-ci par une modique
portion des produits des postes aux lettres.
Que d'avantages présenteroit une semblable administration? Sous cette
régie, si la chose produit au bout de l'année des bénéfices imprévus,
l'état seul en profite; sous des fermiers, la compagnie seule s'en gratifie,
ou s'arrange pour n'en céder qu'une part légère au gouvernement. Sous
cette régie, composée d'anciens et honnêtes employés, la sûreté du
service n'est point en danger, comme elle le seroit, s'il étoit livré à des
étrangers qui ne font des offres brillantes que parce qu'ils espèrent
qu'une fois entrées dans cette utile administration, s'il ne résultoit pas
pour eux des profits des bouleversemens qu'ils opéreroient, le
gouvernement ne voudroit pas exiger à la rigueur l'exécution des
clauses de leur bail, ni profiter de leurs pertes, et qu'il accourroit à leur
secours, pour prévenir la chûte entière des postes.
Cette régie évite les dépenses et les abus nombreux qu'occasionneroit la
création d'un commissaire du Directoire, de ses bureaux, de ses
inspecteurs; dépense qui seroit plus considérable qu'on ne l'imagine,
abus dont on ne peut prévoir les dangers.
Cette régie a l'avantage inappréciable d'exciter, parmi les employés,
une émulation que le systême de l'entreprise ne peut que détruire: en
effet, les connoissances de beaucoup d'entr'eux peuvent les appeler à
diriger une administration qui n'exige point de mise de fonds; mais il en
est peu qui, par leur fortune, puissent prétendre à faire partie d'une
compagnie financière;
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