général, mais
permettez-moi de refuser toute récompense pécuniaire, je ne veux pas d'argent.»
Nous pourrions multiplier à l'infini de pareils exemples. Il n'est pas un de nos régiments
qui ne possède les noms de sous-officiers inscrits sur son livre d'or. Nos annales sont
remplies d'actes d'héroïsme, car le soldat français n'a pas son égal au monde. Il sait obéir
et mourir pour son pays et il aura toujours pour devise ces deux mots gravés dans son
coeur: «Honneur et Patrie!»
Ne vous rappelez-vous point, M. Descaves, vous qui avez eu l'honneur de porter
l'uniforme, avoir entendu, le soir, les conteurs ordinaires des chambrées, enthousiasmer
leur auditoire avec le récit dramatique des exploits accomplis par quelqu'un des
sous-officiers légendaires dont nous avons cité les noms?
Ah! Ce n'est pas le vôtre qu'ils citeront, soyez en sûr! Ceux qu'ils citent ont trouvé la
gloire par l'héroïsme avant que vous n'ayez atteint à la célébrité par le scandale...
A votre âge, Monsieur, Bobillot était mort!!
* * * * *
S'il a été facile de convaincre M. Descaves de mauvaise foi, alors qu'il accusait nos
sous-officiers de lâcheté, il ne sera pas moins aisé de le confondre, alors qu'il essaye de
les flétrir en leur reprochant le vol et la concussion.
«C'était de la part du fourrier, écrit-il à la page 56 de son libelle, les semaines de
distribution, un rabiau minutieux sur le pain, sur le sucre et le café livrés au percolateur,
sur le vin fourni par l'ordinaire, sur les étiquettes de paquetage et de râtelier d'armes, sur
les permissions établies, vendues aux bleus.
«Toute l'ignominie de l'exploitation des grades, toutes les roueries de l'intimidation, des
responsabilités esquivées, déplacées; le CYNISME DANS L'ESCROQUERIE ET LA
LÂCHETÉ DANS LE DÉPOUILLEMENT--les deux nouveaux fourriers firent ce
honteux apprentissage à bonne école...»
Il faut supposer dans le lecteur l'ignorance la plus profonde des lois et règlements
militaires pour oser lui imposer de pareilles allégations.
Est-ce que, dans l'armée, l'examen le plus rigoureux ne s'étend pas aux faits les plus
minimes?
Les sous-officiers donnent le prêt irrégulièrement, prétend M. Descaves.
Est-ce que, s'il en était ainsi, les soldats hésiteraient à réclamer, avec d'autant plus de
certitude d'être écoutés, sans courir le moindre risque, que le sergent-major prévaricateur
serait immédiatement cassé?
Est-il nécessaire de discuter des histoires de compromissions indignes avec les
fournisseurs? Mais les denrées fournies par ces derniers ne sont-elles pas soumises à
l'examen scrupuleux de la commission des ordinaires?
Est-ce que la sollicitude paternelle des chefs de corps, qui s'intéresse aux plus infimes
détails de l'existence du troupier, ne peut pas contrôler à l'improviste la gestion de
l'ordinaire, et rectifier immédiatement une erreur, d'ailleurs improbable?
Le décret du 28 décembre 1883, portant règlement sur le service intérieur des troupes
d'infanterie, porte, en termes exprès au paragraphe 9, chapitre premier:
«Le colonel a la haute surveillance des ordinaires du régiment. Il détermine le mode de
gestion à suivre d'après les instructions du commandement et suivant les circonstances
locales. Il provoque la concurrence entre les fournisseurs, il recourt à l'intervention des
autorités municipales, du sous-préfet et du préfet, lorsque le régiment éprouve des
difficultés provenant de coalitions ou de collusions.
«Il fixe le versement à faire à l'ordinaire, demande des ordres au général de brigade au
sujet du taux du boni, veille à la formation judicieuse des fonds d'économie et s'assure
que la somme qui dépasse le maximum fixé est déposée dans la caisse du trésorier (art.
90).»
Ainsi, rien n'échappe à l'oeil vigilant du colonel.
N'est-elle pas légendaire au régiment, la visite de cet officiel supérieur dans les cuisines?
Qui ne l'a pas vu goûter diligemment au succulent bouillon qu'on prépare pour les
hommes?
M. Descaves a vraiment de l'impudeur lorsqu'il vient vous raconter que sous-officiers et
bouchers s'entendent comme larrons en foire pour empoisonner nos soldats avec des
viandes de rebut!
Et d'ailleurs, la condamnation sévère qui, tout dernièrement encore, frappait des
misérables, coupables d'avoir fourni des vivres avariés aux troupes du camp d'Avor, est
un exemple saisissant, présent à toutes les mémoires, de la surveillance exercée par
l'autorité militaire pour rendre impossibles les faits avancés sans vergogne par l'auteur de
Sous-Offs.
* * * * *
Il n'a pu dissimuler sur ce point, comme sur bien d'autres du reste, la fragilité de ses
arguments. Il a senti trembler sous ses pieds, comme le sol de l'Etna à la veille d'une
éruption, le terrain sur lequel il se plaçait. Aussi a-t-il employé, à l'appui de sa thèse, un
artifice subtil, un stratagème de composition, que nous ne saurions trop flétrir.
A côté d'une foule de sous-officiers, qu'il habille en gibier de Cour d'Assises, et pour
nous faire croire à une impartialité dont nous ne sommes pas dupes, il a tracé le portrait
d'un adjudant intègre.
Le piège est grossier, et personne n'y a été pris.
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.