Les loups de Paris | Page 4

Jules Lermina
jours ont avanc�� le terme.... Elle est accourue vers moi, terrifi��e, affol��e... je l'ai cach��e dans une cabane des gorges d'Ollioules... et hier elle a mis au monde un gar?on.... Que faire?... Doit-elle avouer les liens qui l'unissent �� vous?... elle le veut, et je crois que nulle force humaine ne pourra la retenir... et cependant c'est sa perte.... Notre p��re la chassera, la maudira... sa vengeance s'��tendra sur le petit ��tre innocent qui, h��las! sourit dans son berceau.... Jacques, �� cette heure supr��me, vous ��tes le seul ma?tre de la destin��e de ma pauvre soeur.... Dictez-lui votre volont��. Oh! �� vous, �� vous seul elle ob��ira... exigez qu'elle cache la naissance de cet enfant... exigez qu'elle se sauve... dites-nous �� qui nous devons confier notre cher tr��sor.... Oh! comme nous l'aimerons! Pauvre petit orphelin, du moins tu auras deux m��res.... Je pleure... je ne puis plus ��crire.... Tout ce que la plume ne peut expliquer vous le devinerez, vous le comprendrez!... Jacques, un mot, quelques lignes... arrachez Marie au d��sespoir... sauvez-la! Je ne veux pas qu'elle se perde, je ne veux pas qu'elle meure.... ��crivez, de grace, ��crivez...?
La lettre ��tait brusquement interrompue. Sans doute un incident avait emp��ch�� qu'elle f?t continu��e.
Mais Jacques en savait assez.
Hagard, les yeux grands ouverts comme ceux d'un fou, il froissait machinalement entre ses doigts cette lettre dont chaque mot lui torturait le coeur.
Lamalou n'osait plus parler. Il devinait quelque ��pouvantable d��sespoir, auquel il lui ��tait impossible de porter rem��de. De grosses larmes montaient �� ses yeux et sa gorge ��tait serr��e comme dans un ��tau.
Tout �� coup Jacques se redressa.
Ses deux mains se pos��rent sur les ��paules du ge?lier. Il plongea dans ses yeux son regard franc et clair, qui ��tincelait:
--Ami! lui dit-il, au nom de mon p��re, au nom de tous ceux que tu aimes, il faut que je sorte d'ici....
Lamalou recula, stup��fait. Non, en v��rit��, il n'avait pas entendu cela. La bouche b��ante, il regardait Jacques. ��videmment il n'avait pas compris.
--Pierre, reprit Jacques de sa voix male et vibrante, je te supplie de m'entendre. Vois-tu! la mort n'est rien... mais, cette nuit, il me faut ma libert��!
L'homme put enfin articuler quelques mots.
--Ah! monsieur de Costebelle, vous savez bien que c'est impossible... c'est de la folie.... La libert��! Ah! vous n'y songez pas... ne me demandez pas cela!
--Pierre, continua Jacques, combien faut-il de temps pour aller aux gorges d'Ollioules?
--Pour un bon marcheur, une heure et demie.
--Autant pour le retour, trois heures. Il n'est pas encore onze heures.... Laisse-moi sortir d'ici, et avant quatre heures je serai de retour, et ils me trouveront l�� pour me tuer...
--Tenez, monsieur Jacques, je ne puis vous comprendre. Ce que vous demandez est tellement insens��!... Comme si cela se pouvait!... Voyons! calmez vous! revenez �� la raison...
--Pierre, je veux ma libert��...
--Demandez-moi ma vie... je vous la donnerai... mais autre chose... c'est impossible...
--Pierre, il y a six ans de cela, un jour, un homme avait gliss�� de la falaise dans la mer... le flot hurlait, la temp��te rugissait... l'homme ��tait perdu... tenter de le sauver ��tait une folie... cet homme ��tait un vieillard... Pierre, c'��tait ton p��re!... Je me suis pr��cipit�� �� travers les vagues et j'ai sauv�� ton p��re!... Pierre, l'as-tu donc oubli��?...
--Non! non! faisait le ge?lier, qui fr��missait.
--Pierre, c'est ma m��re qui a attach�� au front de ta femme le bouquet des mari��es...
--C'est vrai!... c'est vrai!...
--Pierre, tu m'as berc�� dans tes bras... comme dans mes bras j'ai berc�� ton premier enfant...
--Oui.
--Eh bien! au nom de tous ces souvenirs, au nom de ton p��re, de ton petit enfant qui me souriait et m'embrassait, donne-moi ces trois heures de libert��!
Lamalou chancelait. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Il s'appuyait au mur pour ne pas tomber.
--Pierre, vois... je me mets �� genoux devant toi... je te supplie... �� mains jointes.... Pierre!
Et Jacques, de ses deux bras, embrassait les genoux du ge?lier.
Tout �� coup l'homme s'��cria:
--C'est ma vie que vous voulez, eh bien! prenez-la!
--Enfin! fit Jacques en se redressant d'un bond.
--Mais comment sortir d'ici? fit Pierre.
--Ne peux-tu pas m'ouvrir les portes?
--Moi! un pauvre porte-clefs.... Mais �� deux pas d'ici les sentinelles s'empareraient de vous.... Comment passer au guichet d'entr��e?
--Mon Dieu! tout est perdu! s'��cria Jacques en se tordant les mains.
--Non! attendez! par ici....
Le cachot dans lequel Jacques ��tait enferm�� prenait air et lumi��re par le soupirail donnant sur la rade. Un ��norme barreau de fer, scell�� dans le ciment, fermait la meurtri��re.
--Vous ��tes bon nageur, fit Pierre. Je sais ?a, puisque vous avez sauv�� mon p��re. Vous allez vous jeter dans la rade.... Le seul danger, c'est que le bruit de votre chute soit entendu.... Mais je ne crois pas que ce p��ril-l�� soit grand....
Jacques avait bondi vers le soupirail et secouait furieusement la barre de fer.
--Laissez cela, dit Lamalou, qui, depuis qu'il avait pris sa r��solution, avait recouvr��
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