Les douze nouvelles nouvelles | Page 6

Arsène Houssaye
que c'��tait celle de M. Alphonse, plac��e �� la bonne page. Pas du tout. C'��tait le portrait d'un prince Rio, qui aime toutes les compagnies--m��me les mauvaises.
La Faramineuse se servait de cette photographie en guise de coupe-papier.
Janina reconnut le prince. Elle le rencontrait dans le monde. Elle constata une fois de plus qu'il ressemblait �� son mari.
Cependant, l'heure allait sonner. La jeune femme, de plus en plus pale, entendait battre son coeur. Il lui semblait qu'elle allait mourir. Elle tomba agenouill��e et demanda pardon �� Dieu.
Quand elle se releva, le hasard la mit en pr��sence d'une bouteille de fine champagne. Pour se donner du courage, elle fit comme ces com��diennes qui ont peur �� leur entr��e en sc��ne: elle but �� pleine vol��e.
Je ne sais si le courage lui vint plus tard, mais la fine champagne ne l'emp��cha pas de s'��crier:
--Quoi! c'est moi, moi Janina de R., qui vais me mettre dans ce lit!
Elle avait reconnu, d'ailleurs, que la Faramineuse lui avait donn�� luxe du beau linge. Caroline Bertin, en la quittant, avait achet�� au Louvre une magnifique paire de draps brod��s au plumetis avec une couronne de princesse.
Ce n'��tait pas une vaine d��pense: cela lui servirait pour les grands jours. Mais au moins la princesse en aurait la virginit��!
A peine d��shabill��e, Janina s'��cria: ?Jamais!? Un peu plus, elle remettait sa robe.
Mais elle entendit du bruit. Il fallait franchir le Rubicon.
Elle ��teignit les deux bougies du cand��labre, elle les jeta dans la chemin��e et se nicha dans le lit, o�� elle fit semblant de dormir.
La Faramineuse lui avait dit que son amant la surprenait toujours endormie.
La porte s'ouvrit.
--Lui! murmura Janina. O mon Dieu, faites-nous mourir tous les deux.
A ce moment, la femme de chambre r��p��tait encore au nouveau venu sa le?on--bien apprise.
IV
Ici, les documents font absolument d��faut �� l'historien. Ce qu'il sait bien, c'est ceci:
Le lendemain, bien avant l'aurore. Janina s'envola comme un oiseau qui ne bat que d'une aile; ou plut?t, pour parler en prose, elle s'habilla en toute hate vers quatre heures du matin, l'heure o�� elle savait que son mari s'��chappait des bras de la Faramineuse. Sa longue pelisse cachait sa t��te comme son corps, mais elle ne se trouvait pas encore assez cach��e pour sortir de chez une fille et pour rentrer chez une honn��te femme!
Rentra-t-elle chez une honn��te femme?
Fut-elle vraiment bien surprise quand sa fille de chambre lui dit, tout ��bahie de la voir rentrer si tard sans ��tre en toilette de bal:
--Madame sait-elle que Monsieur est revenu de tr��s bonne heure avec une fi��vre de cheval?
Fut-ce pour Janina le Man��, Th��cel, Phar��s venant la surprendre dans l'enivrement de son triomphe,--ou de sa d��faite? Savait-elle, �� ce moment, que le beau prince entrevu en photographie dans le vulgaire roman que lisait la Faramineuse avait pris--nouveau Jupiter--les plumes et le nid d'Amphitryon?
Je ne sais par quelle indiscr��tion l'histoire courut vaguement, sans toutefois qu'on arrachat les masques. Ce qui est certain, c'est qu'une amie de la Faramineuse lui dit un jour: ?On pr��tend que tu as touch�� dix mille francs pour rapatrier une femme avec son mari.
--Ma ch��re amie, j'ai touch�� quinze mille francs: dix mille francs de la dame, et cinq mille francs du prince.
--C'��tait donc un prince?? La Faramineuse se mordit les l��vres.
Ste Th��r��se a dit: ?Nous avons dans le coeur la source des larmes qui lavent nos p��ch��s.? Janina qui avait tant pleur��, pleura encore.
Son mari ne retourna pas chez la Faramineuse.--Ni elle non plus.

LE
HUITI��ME P��CH�� CAPITAL
[Illustration: 037.png]
III
LE HUITI��ME P��CH�� CAPITAL
I
C'��tait la plus invraisemblable des extravagantes h��raldiques.
Il l'aimait jusqu'au ciel: Il l'aimait jusqu'aux ab?mes. C'��tait l'ame de son ame, l�� chair de sa chair, la vie de sa vie.
D��s qu'elle n'��tait plus sous sa main ou sous ses yeux, tout s'arr��tait en lui, le mouvement de l'id��e et le battement du coeur. Il se croyait dans un Sahara sans oasis, il ne respirait plus que du feu. Et pourquoi l'aimait-il?
Elle n'��tait ni belle ni jolie; pas m��me la beaut�� du diable; mais elle avait du diable--je ne sais quoi de la perversit�� des filles d'Eve qui donne le vertige �� ceux que l'amour affole. Et puis elle avait des yeux! Ces yeux pers, profonds comme la mer, entra?nants comme la vague, ��clatants comme la temp��te. Et puis, elle avait des l��vres rouges, des framboises parfum��es qui riaient sur ses dents aigu?s. Et puis, elle avait un sein provocant, qui donnait �� sa d��sinvolture je ne sais quoi de batailleur et de va-de-l'avant.
Quand il voyait ce sein, il tombait agenouill�� et demandait �� Ang��le la grace d'y cueillir des fraises, expression que j'abandonne aux lettr��s de l'avenir.
Si toutes celles qui ne sont ni belles ni jolies n'��taient pas aim��es, ce serait un d��sastre sur la terre, qui ne vit que par l'amour.
Mais de qui parlons-nous?
J'oubliais. Nous parlons de monsieur et de madame Falbert, deux jeunes
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