mari��s qui filent les derniers jours de leur lune de miel.
Je ne dresserai pas l'arbre g��n��alogique des Falbert, non plus que celui des Aymar, quoique tout le monde descende d'Adam et Eve, c'est-��-dire que les hommes sont toujours plus ou moins tromp��s par les femmes. Voil�� la vraie noblesse h��r��ditaire, puisque c'est la noblesse des passions.
L��once Falbert, licenci�� en droit, s'��tait mari�� �� la veille de plaider sa premi��re cause. S'il s'��tait mari��, ce n'��tait pas dans la pr��occupation d'avoir beaucoup d'enfants, mais parce qu'il avait rencontr�� dans une petite f��te mondaine Mlle d'Aymar, qui prenait tous les coeurs au cotillon. Il n'y fit pas trop le chevalier de la triste figure. Il soupa �� c?t�� d'elle, il la cajola par toutes les caresses de la causerie et des oeillades, si bien que Mme Agn��s dit �� sa fille, quelques jours apr��s:
--Sais-tu pourquoi tu es distraite? C'est parce que tu penses �� M. L��once Falbert.
--Pas du tout, maman.
--Alors, s'il demandait ta main, tu lui dirais de repasser?
--Non, je lui dirais oui;
--Et pourquoi ��pouserais-tu plut?t qu'un autre M. L��once Falbert?
--Par curiosit��.
--Ah! je te reconnais bien l��; tout ce que tu fais et tout ce que tu feras, curiosit��, curiosit��, curiosit��!
--Mais, maman, un roman que j'ai lu malgr�� toi m'a dit l'autre jour qu'il fallait lire toutes les pages du livre de la vie.
--Ce roman, ma ch��re Ang��le, ne parle pas comme un livre, mais comme un roman; car il est dit aussi que, si la vie n'��tait pas un mauvais livre, on ne s'y amuserait pas. J'esp��re que tu ne prends pas au s��rieux toutes ces b��tises-l��?
Mlle Ang��le ne r��pondit pas, mais elle pensa que, si sa m��re pensait ainsi, c'est qu'elle ��tait revenue de ces ?b��tises-l��?.
Si Mme d'Aymar avait parl�� �� sa fille de L��once Falbert, c'est que le matin m��me une amie ��tait venue lui confier les esp��rances du futur avocat.
--Futur avocat! s'��crie la m��re; ma fille r��ve de tous les palais, except�� du Palais de Justice.
--Rassurez-vous, ma ch��re amie, M. L��once Falbert n'est pas si b��te que de se planter devant un mur mitoyen; il sera avocat stagiaire, mais ce sera le stage de la politique. Son p��re, qui est membre du conseil g��n��ral de son pays, le fera passer d��put�� aux prochaines ��lections l��gislatives.
--Quelle est son opinion?
--Il n'en a pas.
--Alors, je lui donne ma fille.
Vraie m��re de famille! Elle comprenait qu'un homme politique qui n'a pas d'opinion doit arriver �� tout, quel que soit le gouvernement. Outre que M. L��once Falbert n'avait pas d'opinion, son p��re lui donnait vingt-cinq mille livres de rente. Mme d'Aymar en donnait �� peu pr��s autant �� sa fille, si bien que les jeunes mari��s pourraient faire bonne figure dans le monde du palais et de la politique.
Le mariage se fit �� trois semaines de l��. On se demanda comment L��once, avec une si belle t��te, avait pu s'amouracher d'un petit chafouin comme Ang��le; car elle eut beau balayer arrogamment l'��glise d'une belle tra?ne de dentelle, nul ne dit au passage: La mari��e est jolie. Seuls, les charnels, les lascifs, les libertins lou��rent la coupe de son sein. ?Cette belle coupe renvers��e,? disent les po��tes. Les po��tes disent encore: ?Un sein abondant.? L��, il e?t fallu dire surabondant. Aussi les m��res des filles an��miques disaient-elles tout haut: ?C'est scandaleux; je ne permettrais pas �� ma fille de pareilles avant-sc��nes.?
II
Cependant le mari�� entra?na la mari��e, pour la nuit des noces, dans une villa de son d��partement, qui avait re?u les plus beaux d��cors pour cette premi��re repr��sentation.
Ang��le n'eut pas besoin que les matrones vinssent �� la rescousse pour la d��cider �� franchir le seuil de la chambre nuptiale. Tout est entra?nant pour une curieuse.
Par malheur pour L��once, ce n'��tait pas l'amour qui la prenait par la main. Aussi, ce fut avec un ��clat de rire et non avec des larmes qu'elle passa le Rubicon.
Elle le repassa, toujours rieuse, se demandant ing��nument pourquoi L��once ne riait pas comme elle.
Mais il ��tait si amoureux qu'elle lui pardonnait d'��tre un peu trop sacerdotal dans sa passion.
Le jeune licenci�� ne songeait pas �� plaider d'autre cause que celle de son bonheur. Comme on avait manqu�� les derniers bals de juin et la f��te du Grand Prix, Ang��le voulut bien s'attarder dans sa villa, car on lui avait donn�� le nom de la Villa Ang��le. Elle s'amusa �� y jeter tout l'alliage du Louis XVI et du japonisme, ce qui ��merveilla les voisins de campagne--par ou?-dire--puisqu'on vivait dans une maison ferm��e, avec quelques journaux, un peu de musique et beaucoup de primeurs. Tous les matins, Paris apportait des nouvelles, des fraises, des crevettes, des dentelles, des cerises et des chiffons.
Ang��le ��tait gourmande et coquette. Les femmes qui ne sont pas belles ont la fureur de se faire belles. Ce n'��tait pas pour son mari que la jeune femme
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