Les douze nouvelles nouvelles | Page 5

Arsène Houssaye
�� l'h?tel du Louvre.
C'est l�� que se passe la seconde sc��ne, dans une de ces chambres bien num��rot��es qui font la joie d'une ��trang��re et qui feraient le d��sespoir d'une Parisienne.
Elle avait ��crit �� la Faramineuse, par la main de Mme Hamilton.
Il n'y avait pas une heure qu'elle attendait, quand Caroline Bertin, qui ce jour-l�� n'avait rien �� faire, vint en personne pour r��pondre �� la lettre d'appel, inqui��t��e d'ailleurs par ce singulier autographe.
D��s que la jeune femme entendit frapper, elle noua un double voile. Elle ouvrit et se mit �� contre-jour pour parler �� Caroline Bertin.
--Mademoiselle, j'arrive de Russie. Je sais que vous ��tes �� la mode et je ne m'en ��tonne point en vous voyant. Vous faites la pluie et le beau temps dans les r��gions de la galanterie. Voulez-vous que je vous donne dix mille francs pour...
--Donnez toujours, princesse, nous verrons apr��s. C'est que le mari de Janina n'��tait pas si g��n��reux. Il fallait lui arracher les billets de cinq cents francs. La jeune mari��e d��ploya dix billets de mille francs comme si elle e?t d��ploy�� son ��ventail. La Faramineuse les saisit avec ivresse.
--Tout ce qu'il vous plaira, madame.
Caroline Bertin s'attendait �� recevoir une d��claration �� bout pourtant.
--Mademoiselle, je sais votre vie intime. Vous avez pour amant le vicomte de***, qui a ��t�� le mien. Je veux le voir sans l'avertir. Faites-moi le sacrifice de m'ouvrir pour cette nuit votre chambre �� coucher, o�� vous ne serez pas.
--De tout mon coeur, princesse.
--A quelle heure rentre votre amant?
--Il vient toujours �� minuit et demi.
--Eh bien! je serai l�� avant minuit.
Disposez tout pour que la com��die soit bien jou��e; je donnerai cinq cents francs �� votre femme de chambre. Naturellement, il n'y aura pas une bougie allum��e; il n'y aura pas m��me une bougie dans la chambre �� coucher, car je ne veux pas ��tre reconnue.
Caroline Bertin ��tait silencieuse. Elle ne voulait pas rendre les dix mille francs, mais elle ne voulait pas perdre le vicomte. Enfin, une id��e folle lui passant pas l'esprit, elle parut se r��signer.
--Soyez tranquille, princesse. J'ai une petite gueuse de femme de chambre qui est trop fut��e pour faire une b��tise... Donnez-moi toujours les cinq cents francs... ?a lui donnera du coeur �� l'ouvrage.
Naturellement, elle trouvait que ce serait de la folie de donner plus de cinq louis �� une femme de chambre.
Janina, qui d��j�� n'avait pas une haute estime pour la Faramineuse, lui donne cinq cents francs sous un regard de piti��.
--Donc, �� minuit, dit-elle.
Caroline Bertin tendit la main �� Janina, qui ne daigna pas comprendre; la jeune femme voulait bien qu'on lui tend?t la main pour recevoir de l'argent, mais non pour serrer la sienne.
En descendant le grand escalier de l'h?tel du Louvre, la courtisane rencontra le prince Rio.
--D'o�� viens-tu, Caroline?
La Faramineuse prit un air myst��rieux pour conter l'histoire au prince.
--Voil�� un mari heureux! s'��cria-t-il en riant.
--Prince, vous avez votre coup��, mettez-moi �� ma porte pour causer un peu.
Que se dirent-ils?
Cependant la pseudo-princesse ��clatait en sanglots.
Est-il possible que je vais jouer cette com��die? Oh! non, je ne la jouerai pas.
Elle s'offensa de toute sa dignit��.
--Et pourtant, comme je serais heureuse de dire demain �� mon mari: ?Comment avez-vous pass�� la nuit??
Affol��e par sa passion, la t��m��raire jeune femme ��tait capable de tout, hormis de trahir Fernand. Elle se disait que peut-��tre Mme Hamilton avait raison et qu'il fallait tout risquer pour ne pas tout perdre. Qui sait s'il ne voudrait pas recommencer toujours cette nuit-l��?
III
Jusqu'�� onze heures, Janina, comme un roseau au vent, s'inclinait tour �� tour sous la volont�� et l'ind��cision, se disant: ?Je n'irai pas,? quand elle ��tait d��cid��e �� tenter l'aventure; se disant: ?J'irai,? quand elle avait renonc�� �� tout.
Ce qui la d��cida, co?te que co?te, vaille que vaille, c'est que son mari ne rentra pas pour d?ner. Il lui ��crivit un mot qui la gla?a.
Comme il aspirait �� un secr��tariat d'ambassade, il lui parlait du ministre.
--Encore un mensonge! dit-elle en jetant la lettre au feu. Le ministre, c'est sa ma?tresse; eh bien! je serai son ministre, moi!
La Faramineuse demeurait rue Royale, dans un petit appartement qui ��tait une premi��re station vers les splendeurs de la vie de courtisane. Jusque-l�� elle avait eu plus de dettes que de rentes sur l'��tat. Son capital se composait de cinquante mille francs de diamants, d'un mobilier de toutes les paroisses et d'un temp��rament de soupeuse. Pas une obole de plus!
Janina fut presque surprise de trouver cet int��rieur quelque peu m��lancolique.
--Comment, murmura-t-elle en entrant, il se pla?t mieux sur ce fumier que dans mon nid de dentelles!
Elle jeta ses yeux partout, avec la curiosit�� d'une grande dame chez une courtisane. Elle commen?a par d��chirer une photographie de son mari, �� la glace de la chemin��e. Presque aussit?t, en feuilletant un roman de cuisini��re, elle trouva comme signet une autre photographie. On pourrait croire
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