des l��vres rouges qui ne sont pas peintes et qui ont faim; la passion les agite, comme les ailes du nez, qui est d'un millim��tre trop court, mais qui est bien dessin��. Les l��vres, qui ne se touchent pas tout �� fait, permettent de voir, comme dans un ��crin, des dents qui voudraient mordre. Le menton s'accuse un peu trop; mais quelle adorable volupt�� dans les ondulations du cou, sous les vagues rebelles des cheveux noirs!
Si nous ��tions au bal, nous en verrions bien d'autres; je pourrais peindre tout �� loisir--puisque je le verrais--le sein provocant de Janina, c'est le nom de la jeune mari��e;--je pourrais peindre les ��paules et les bras dans toute la volupt�� de leur fr��missement, br?l��s par les flammes vives de la valse. Mais, Janina ��tant chez elle et non chez les autres, je ne veux pas ��tre indiscret.
Cependant, le valet de chambre annonce Mme Hamilton, une Am��ricaine francis��e qui court le monde parisien �� toute vapeur.
Elle n'a pas une seconde �� elle, tant elle est �� ses bonnes oeuvres. Elle se jetterait au feu pour faire le bien, si elle avait le temps. Ses bonnes oeuvres sont de plus d'une sorte. Curieuse comme ��ve, elle veut ��tre de tout; prenant sa part des chagrins comme sa part des joies, elle brouille les amoureux, sauf �� les raccommoder. Elle ne permet pas qu'on fasse rien sans elle. Celle-l�� n'est pas jolie; voil�� pourquoi sa vie est si occup��e--pour les autres.
Elle entre chez Janina comme une petite bourrasque.
--Ah! ma ch��re amie, tu ne sais pas ce qui m'arrive?... Mais que vois-je?... tu as pleur��!... Es-tu folle de ne pas prendre gaiement la vie, dans une si jolie chambre �� coucher!
Cette chambre �� coucher ��tait tendue de peluche bleue, piqu��e de broderies Louis XIII. L'ameublement contrastait, puisque c'��tait du pur Louis XVI, en bois laqu�� blanc, filets rose tendre ou bleu de ciel, dans le ton du plafond l��g��rement azur�� et sem�� de nuages touch��s par l'aurore.
Mme Hamilton embrassa Janina.
--Comment, mamour, tu t'ennuies ici? Ah! si j'avais comme toi ce beau lit estrade �� baldaquin, cette armoire �� trois battants o�� tu peux te voir trois fois dans ses glaces biseaut��es. Et ce secr��taire pour ��crire de ton style �� la S��vign��. Et ce chiffonnier pour cacher tes lettres. Heureuse femme!
Janina soupira.
--Ah! oui, c'est un paradis. Mais, dans ce beau lit, il manque un homme. Si je me mire dans ces trois glaces, c'est pour voir mon chagrin. Ce secr��taire ne me sert qu'�� ��crire �� moi-m��me des pages folles que je cache bien vite dans ce chiffonnier. Mais je n'ai peur de rien, j'ai pleur�� toutes mes larmes et je me vengerai....
--Voyons, voyons, ma Janina.... Un million de dot! une figure d'ange! Et ton mari te trompe; mais n'es-tu pas veng��e en pensant qu'il te trompe avec une dr?lesse sans orthographe, celle qu'on appelle la Faramineuse.
--H��las! �� quoi me sert-il de savoir la grammaire, si ce n'est �� conjuguer le verbe je souffre �� tous les temps.
--Ne te d��sole pas, nous arrangerons cela.
Un silence.
--Que veux-tu que je fasse? J'ai tout tent�� pour reconqu��rir Fernand. Il est affol�� par cette fille. Ah! quel est donc son secret pour l'encha?ner ainsi?
--L'amour n'a pas de secret; c'est l'amour, voil�� tout.
--Et quand on pense qu'on a supprim�� les lettres de cachet! Ah! si j'��tais roi, comme j'enverrais toutes ces coquines �� Saint-Lazare.
--Il est vrai qu'il n'y a plus de place!
Encore un silence!
Tout d'un coup, Mme Hamilton bondit sur son fauteuil comme la pythonisse sur son tr��pied.
--Eur��ka! pour dire un mot grec en latin.
--Tu as trouv��?
--Oui. Dans les naufrages, il faut tout risquer. Puisque c'est ici le naufrage de ton bonheur, mets les chaloupes �� la mer.
--Pourquoi ces m��taphores hors de propos?
--C'est que je lis des romans. ��coute bien. Tu vas aller de ce pas �� l'h?tel du Louvre, o�� il n'y a jamais de Parisiens, car ce n'est pas comme au Grand-H?tel. Tu ��criras �� la Faramineuse,--on dit qu'elle s'appelle Caroline Berlin.--Tu la prieras de venir te trouver pour une affaire qui l'int��resse. N'oublie pas de signer ta lettre: princesse Pacinska, ou Pacinskoff.
--Eh bien! quand j'aurai cette fille sous la main?
--Je sais bien que tu auras envie de la mettre en pi��ces. Mais il faudra que tu aies le courage de lui sourire...
A cet instant, le valet de chambre annon?a la comtesse d'Oriac, une femme aust��re, qui ne riait plus, peut-��tre parce qu'elle avait trop ri. Sur quoi, Mme Hamilton salua et s'��loigna en toute hate.
--Pardonnez-moi, madame, dit Janina �� la nouvelle venue, je cours apr��s cette folle, car j'ai un mot �� lui dire.
La jeune mari��e rejoignit Mme Hamilton, qui lui dit en quelques mots ce qu'elle devait faire �� l'h?tel du Louvre.
--Tu es toqu��e, dit Janina en ��clatant de rire pour cacher ses larmes.
II
Ce qui n'emp��cha pas Janina d'aller
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