Les douze nouvelles nouvelles | Page 3

Arsène Houssaye
Montaignac eut un mouvement de d��pit, car elle ��pousait des millions.
--Enfin, monsieur, votre ami a fait une b��tise! S'il lui faut une larme, je la lui donnerai; mais, de grace, brisons l��.
Elle s'��tait lev��e; l'ami d'Arthur se leva.
--Je comprends, mademoiselle, il y a des courses aujourd'hui. Seulement, je dois vous dire encore un mot: mon ami m'a nomm�� son ex��cuteur testamentaire; voici le premier article de son testament:
?Tu porteras ma t��te sur un plat d'argent �� Mlle Salom�� de Montaignac.?
Laure fit semblant d'��clater de rire.
--Voil�� qui est original et inattendu. Et que ferez-vous, monsieur?
La voix de l'ambassadeur siffla comme un serpent.
--Je remplirai mon r?le d'ex��cuteur testamentaire.
Il sortit et salua avec des larmes et des lames dans les yeux.
V
Naturellement, la jolie valseuse d'Arthur ne retarda pas son mariage d'un jour.
Le surlendemain, Sainte-Clotilde retentit de tous les chants d'all��gresse.
Les vingt duchesses ��taient l�� pour s'amuser du spectacle: les reporters cont��rent le menu et effeuill��rent, pour la curiosit�� des curieux toutes les fleurs d'innocence de la mari��e. Mais ce qu'ils ne dirent pas, je vais le dire:
Pendant la messe, une duchesse demanda �� son sigisb��e pourquoi Laure ��tait si pale et si ��mue, elle qui n'avait peur de rien. C'est que Mlle de Montaignac, jetant un rapide regard sur tous ceux qui ��taient de la f��te, avait reconnu Arthur Dupont, quoiqu'on l'e?t enterr�� la veille.
C'��tait bien lui: cravate blanche, redingote noire, lorgnon dans l'oeil, sourire sur les l��vres.
--C'est singulier, dit-elle, quand on a une image dans la t��te, on l'a dans les yeux. Mais, un moment apr��s, comme son fianc�� lui pr��sentait l'anneau nuptial, elle poussa un cri, car elle reconnut dans son fianc�� Arthur Dupont.
C'��tait lui, toujours lui. Elle se d��tourna et laissa tomber l'anneau nuptial qu'il lui avait mis au doigt.--Vision! dit-elle en dominant son ��motion.
En effet, la figure du mort avait disparu sous celle du vivant.
Laure eut une demi-heure de calme; mais, dans la sacristie, quand, tout le monde vint la f��liciter, elle vit passer dans le premier groupe de ses amis Arthur Dupont, plus enjou�� que jamais.--Ah! dit-elle, c'est une obsession!
Apr��s la messe, un lunch, avant que les ��poux prissent le train de Venise.
Comment se fit-il qu'au milieu des violettes et des ros��s-th��, sur un surtout sculpt�� et cisel�� par un ma?tre anonyme, elle vit la t��te d'Arthur Dupont?
Elle d��tourna les yeux; une seconde fois elle vit ce visage exsangue, les yeux ouverts. Il semblait qu'il la regardat avec une d��solation railleuse.
Elle ne put s'emp��cher de dire �� son mari:
--Voyez donc!
Mais elle ne vit plus que des ros��s-th�� et des violettes.
Le soir, on coucha �� Fontainebleau, o�� d��j�� les attendaient le valet de chambre et la femme de chambre.
On avait fait un grand feu dans une chambre �� coucher, qui portait le nom de chambre nuptiale, parce qu'elle a abrit�� je ne sais combien de jeunes ��pous��es. Ah! les horribles chambres nuptiales que ces salles d'auberge que choisissent aujourd'hui les mari��s de haut parage, ceux-l�� qui ont des h?tels et des chateaux!
Mlle de Montaignac se r��signa �� la mode, tout en regrettant son adorable cabinet de toilette, qui e?t emp��ch�� Eve d'��couter le serpent. Elle se d��shabilla lentement, comme une jeune fille qui fait tomber �� ses pieds, une �� une, deux par deux, toutes ses illusions.
Laure avait oubli�� les visions fun��bres quand, tout �� coup, elle entendit marcher derri��re elle. La chambre ��tait dans le demi-jour; elle se retourna.
--Ah! s'��cria-t-elle avec terreur.
C'��tait Arthur, toujours Arthur; il venait, souriant, une fleur d'oranger �� sa boutonni��re.
Laure s'��tait jet��e de c?t��, plus morte que vive; mais le mort souriait toujours.
Il remua les l��vres, mais il ne parla point.
La mari��e, dans l'��pouvante, avait mis ses mains sur ses yeux. Quand elle les rouvrit, elle reconnut que ce n'��tait plus Arthur. Son mari lui prit doucement la main et l'appuya sur son coeur. ?Ah! j'ai peur, j'ai peur, dit-elle.?
Les bougies s'��teignirent. La femme de chambre, l'oreille �� la porte, entendit, par intermittences, ces paroles de terreur passionn��e: ?O mon ami, aimez-moi toujours, reprenez-moi dans vos bras!?
Mlle de Montaignac ne voulut pas s'appeler Mme Dupont, mais celle de ses amies qui m'a cont�� l'histoire m'a dit en riant: ?Arthur lui appara?t si souvent la nuit que son premier enfant sera un Dupont!?
[Illustration: 016.png]

JANINA
[Illustration: 019.png]
II
JANINA.
I
La sc��ne se passe au beau milieu du tout-Paris, boulevard Malesherbes, dans un somptueux appartement.
Madame s'ennuie dans sa chambre �� coucher et s'impatiente en voyant la pendule, qui lui semble marcher �� rebours. Elle caresse son beau l��vrier et regarde par la fen��tre. Mais il ne vient pas!
Heureusement elle entend r��sonner le timbre. ?Oh! qui que tu sois, j'attends!?
Et, pour commencer, qu'est-ce que Madame? C'est une jolie jeune femme qui soupire sur trois ann��es de mariage. Son mari est charmant, quand il est l��,--mais il n'est jamais l��!--Pourquoi? puisque sa femme est charmante. Une douce paleur, l��g��rement bistr��e sous les yeux;
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 50
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.