Les chansons de Bilitis | Page 6

Pierre Louÿs
main et par la queue de nos tuniques.
Phitta Melia?! donnez-nous du miel. Phitta Na?ades! baignez-nous avec vous. Phitta M��liades! donnez l'ombre douce �� nos corps en sueur.
Et nous vous offrirons, Nymphes bienfaisantes, non le vin honteux, mais l'huile et le lait et des ch��vres aux cornes courbes.

15 -- LA BAGUE SYMBOLIQUE
Les voyageurs qui reviennent de Sardes parlent des colliers et des pierres qui chargent les femmes de Lydie, du sommet de leurs cheveux jusqu'�� leurs pieds fard��s.
Les filles de mon pays n'ont ni bracelets ni diad��mes, mais leur doigt porte une bague d'argent, et sur le chaton est grav�� le triangle de la d��esse.
Quand elles tournent la pointe en dehors cela veut dire: Psych�� �� prendre. Quand elles tournent la pointe en dedans, cela veut dire: Psych�� prise.
Les hommes y croient. Les femmes non. Pour moi je ne regarde gu��re de quel c?t�� la pointe se tourne, car Psych�� se d��livre ais��ment. Psych�� est toujours �� prendre.

16 -- LES DANSES AU CLAIR DE LUNE
Sur l'herbe molle, dans la nuit, les jeunes filles aux cheveux de violettes ont dans�� toutes ensemble, et l'une de deux faisait les r��ponses de l'amant.
Les vierges ont dit: ? Nous ne sommes pas pour vous. ? Et comme si elles ��taient honteuses elles cachaient leur virginit��. Un aegipan jouait de la fl?te sous les arbres.
Les autres ont dit: ? Vous nous viendrez chercher. ? Elles avaient serr�� leurs robes en tunique d'homme, et elles luttaient sans ��nergie en m��lant leurs jambes dansantes.
Puis chacune se disant vaincue, a pris son amie par les oreilles comme une coupe par les deux anses, et, la t��te pench��e, a bu le baiser.

17 -- LES PETITS ENFANTS
La rivi��re est presque �� sec; les joncs fl��tris meurent dans la fange; l'air br?le, et loin des berges creuses, un ruisseau clair coule sur les graviers.
C'est l�� que du matin au soir les petits enfants nus viennent jouer. Ils se baignent, pas plus haut que leurs mollets, tant la rivi��re est basse.
Mais ils marchent dans le courant, et glissent quelquefois sur les roches, et les petits gar?ons jettent de l'eau sur les petites filles qui rient.
Et quand une troupe de marchands qui passe, m��ne boire au fleuve les ��normes boeufs blancs, ils croisent leurs mains derri��re eux et regardent les grandes b��tes.

18 -- LES CONTES
Je suis aim��e des petits enfants; d��s qu'ils me voient, ils courent �� moi, et s'accrochent �� ma tunique et prennent mes jambes dans leurs petits bras.
S'ils ont cueilli des fleurs, ils me les donnent toutes; s'ils ont pris un scarab��e ils le mettent dans ma main; s'ils n'ont rien ils me caressent et me font asseoir devant eux.
Alors ils m'embrassent sur la joue, ils posent leurs t��tes sur mes seins; ils me supplient avec les yeux. Je sais bien ce que cela veut dire.
Cela veut dire: ? Bilitis ch��rie, dis-nous, car nous sommes gentils, l'histoire du h��ros Perseus ou la mort de la petite Hell��. ?

19 -- L'AMIE MARI��E
Nos m��res ��taient grosses en m��me temps et ce soir elle s'est mari��e, Melissa, ma plus ch��re amie. Les roses sont encore sur la route; les torches n'ont pas fini de br?ler.
Et je reviens par le m��me chemin, avec maman, et je songe. Ainsi, ce qu'elle est aujourd'hui, moi aussi j'aurais pu l'��tre. Suis-je d��j�� si grande fille?
Le cort��ge, les fl?tes, le chant nuptial et le char fleuri de l'��poux, toutes ces f��tes, un autre soir, se d��rouleront autour de moi, parmi les branches d'olivier.
Comme �� cette heure-m��me Melissa, je me d��voilerai devant un homme, je conna?trai l'amour dans la nuit, et plus tard des petits enfants se nourriront �� mes seins gonfl��s...

20 -- LES CONFIDENCES
Le lendemain, je suis all��e chez elle, et nous avons rougi d��s que nous nous sommes vues. Elle m'a fait entrer dans sa chambre pour que nous fussions toutes seules.
J'avais beaucoup de choses �� lui dire; mais en la voyant j'oubliai. Je n'osais pas m��me me jeter �� son cou, je regardais sa ceinture haute.
Je m'��tonnais que rien n'e?t chang�� sur son visage, qu'elle semblat encore mon amie et que cependant, depuis la veille, elle e?t appris tant de choses qui m'effarouchaient.
Soudain je m'assis sur ses genoux, je la pris dans mes bras, je lui parlai �� l'oreille vivement, anxieusement. Alors elle mit sa contre la mienne, et me dit tout.

21 -- LA LUNE AUX YEUX BLEUS
La nuit, les chevelures des femmes et les branches des saules se confondent. Je marchais au bord de l'eau. Tout �� coup, j'entendis chanter: alors seulement je reconnus qu'il y avait l�� des jeunes filles.
Je leur dis: ? Que chantez-vous? ? Elles r��pondirent: ? Ceux qui reviennent. ? L'une attendait son p��re et l'autre son fr��re; mais celle qui attendait son fianc�� ��tait la plus impatiente.
Elles avaient tress�� pour eux des couronnes et des guirlandes, coup�� des palmes aux palmiers
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