Les Trois Mousquetaires | Page 7

Alexandre Dumas
leva donc et, pouss�� par l��h?te, commen?a de descendre; mais, en arrivant �� la cuisine, la premi��re chose qu��il aper?ut fut son provocateur qui causait tranquillement au marchepied d��un lourd carrosse attel�� de deux gros chevaux normands.
Son interlocutrice, dont la t��te apparaissait encadr��e par la porti��re, ��tait une femme de vingt �� vingt-deux ans. Nous avons d��j�� dit avec quelle rapidit�� d��investigation d��Artagnan embrassait toute une physionomie; il vit donc du premier coup d��oeil que la femme ��tait jeune et belle. Or cette beaut�� le frappa d��autant plus qu��elle ��tait parfaitement ��trang��re aux pays m��ridionaux que jusque-l�� d��Artagnan avait habit��s. C����tait une pale et blonde personne, aux longs cheveux boucl��s tombant sur ses ��paules, aux grands yeux bleus languissants, aux l��vres ros��es et aux mains d��albatre. Elle causait tr��s vivement avec l��inconnu.
?Ainsi, Son ��minence m��ordonne..., disait la dame.
-- De retourner �� l��instant m��me en Angleterre, et de la pr��venir directement si le duc quittait Londres.
-- Et quant �� mes autres instructions? demanda la belle voyageuse.
-- Elles sont renferm��es dans cette bo?te, que vous n��ouvrirez que de l��autre c?t�� de la Manche.
-- Tr��s bien; et vous, que faites-vous?
-- Moi, je retourne �� Paris.
-- Sans chatier cet insolent petit gar?on?? demanda la dame.
L��inconnu allait r��pondre: mais, au moment o�� il ouvrait la bouche, d��Artagnan, qui avait tout entendu, s����lan?a sur le seuil de la porte.
?C��est cet insolent petit gar?on qui chatie les autres, s����cria-t- il, et j��esp��re bien que cette fois-ci celui qu��il doit chatier ne lui ��chappera pas comme la premi��re.
-- Ne lui ��chappera pas? reprit l��inconnu en fron?ant le sourcil.
-- Non, devant une femme, vous n��oseriez pas fuir, je pr��sume.
-- Songez, s����cria Milady en voyant le gentilhomme porter la main �� son ��p��e, songez que le moindre retard peut tout perdre.
-- Vous avez raison, s����cria le gentilhomme; partez donc de votre c?t��, moi, je pars du mien.?
Et, saluant la dame d��un signe de t��te, il s����lan?a sur son cheval, tandis que le cocher du carrosse fouettait vigoureusement son attelage. Les deux interlocuteurs partirent donc au galop, s����loignant chacun par un c?t�� oppos�� de la rue.
?Eh! votre d��pense?, vocif��ra l��h?te, dont l��affection pour son voyageur se changeait en un profond d��dain en voyant qu��il s����loignait sans solder ses comptes.
?Paie, maroufle?, s����cria le voyageur toujours galopant �� son laquais, lequel jeta aux pieds de l��h?te deux ou trois pi��ces d��argent et se mit �� galoper apr��s son ma?tre.
?Ah! lache, ah! mis��rable, ah! faux gentilhomme!? cria d��Artagnan s����lan?ant �� son tour apr��s le laquais.
Mais le bless�� ��tait trop faible encore pour supporter une pareille secousse. �� peine eut-il fait dix pas, que ses oreilles tint��rent, qu��un ��blouissement le prit, qu��un nuage de sang passa sur ses yeux et qu��il tomba au milieu de la rue, en criant encore:
?Lache! lache! lache!
-- Il est en effet bien lache?, murmura l��h?te en s��approchant de d��Artagnan, et essayant par cette flatterie de se raccommoder avec le pauvre gar?on, comme le h��ron de la fable avec son lima?on du soir.
?Oui, bien lache, murmura d��Artagnan; mais elle, bien belle!
-- Qui, elle? demanda l��h?te.
-- Milady?, balbutia d��Artagnan.
Et il s����vanouit une seconde fois.
?C��est ��gal, dit l��h?te, j��en perds deux, mais il me reste celui- l��, que je suis s?r de conserver au moins quelques jours. C��est toujours onze ��cus de gagn��s.?
On sait que onze ��cus faisaient juste la somme qui restait dans la bourse de d��Artagnan.
L��h?te avait compt�� sur onze jours de maladie �� un ��cu par jour; mais il avait compt�� sans son voyageur. Le lendemain, d��s cinq heures du matin, d��Artagnan se leva, descendit lui-m��me �� la cuisine, demanda, outre quelques autres ingr��dients dont la liste n��est pas parvenue jusqu���� nous, du vin, de l��huile, du romarin, et, la recette de sa m��re �� la main, se composa un baume dont il oignit ses nombreuses blessures, renouvelant ses compresses lui- m��me et ne voulant admettre l��adjonction d��aucun m��decin. Grace sans doute �� l��efficacit�� du baume de Boh��me, et peut-��tre aussi grace �� l��absence de tout docteur, d��Artagnan se trouva sur pied d��s le soir m��me, et �� peu pr��s gu��ri le lendemain.
Mais, au moment de payer ce romarin, cette huile et ce vin, seule d��pense du ma?tre qui avait gard�� une di��te absolue, tandis qu��au contraire le cheval jaune, au dire de l��h?telier du moins, avait mang�� trois fois plus qu��on n��e?t raisonnablement pu le supposer pour sa taille, d��Artagnan ne trouva dans sa poche que sa petite bourse de velours rap�� ainsi que les onze ��cus qu��elle contenait; mais quant �� la lettre adress��e �� M. de Tr��ville, elle avait disparu.
Le jeune homme commen?a par chercher cette lettre avec une grande patience, tournant et retournant vingt fois ses poches et ses goussets, fouillant et refouillant dans son sac, ouvrant et refermant sa bourse; mais lorsqu��il eut acquis la conviction que la lettre ��tait introuvable, il entra dans un
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