troisi��me acc��s de rage, qui faillit lui occasionner une nouvelle consommation de vin et d��huile aromatis��s: car, en voyant cette jeune mauvaise t��te s����chauffer et menacer de tout casser dans l����tablissement si l��on ne retrouvait pas sa lettre, l��h?te s����tait d��j�� saisi d��un ��pieu, sa femme d��un manche �� balai, et ses gar?ons des m��mes batons qui avaient servi la surveille.
?Ma lettre de recommandation! s����cria d��Artagnan, ma lettre de recommandation, sangdieu! ou je vous embroche tous comme des ortolans!?
Malheureusement une circonstance s��opposait �� ce que le jeune homme accompl?t sa menace: c��est que, comme nous l��avons dit, son ��p��e avait ��t��, dans sa premi��re lutte, bris��e en deux morceaux, ce qu��il avait parfaitement oubli��. Il en r��sulta que, lorsque d��Artagnan voulut en effet d��gainer, il se trouva purement et simplement arm�� d��un tron?on d����p��e de huit ou dix pouces �� peu pr��s, que l��h?te avait soigneusement renfonc�� dans le fourreau. Quant au reste de la lame, le chef l��avait adroitement d��tourn�� pour s��en faire une lardoire.
Cependant cette d��ception n��e?t probablement pas arr��t�� notre fougueux jeune homme, si l��h?te n��avait r��fl��chi que la r��clamation que lui adressait son voyageur ��tait parfaitement juste.
?Mais, au fait, dit-il en abaissant son ��pieu, o�� est cette lettre?
-- Oui, o�� est cette lettre? cria d��Artagnan. D��abord, je vous en pr��viens, cette lettre est pour M. de Tr��ville, et il faut qu��elle se retrouve; ou si elle ne se retrouve pas, il saura bien la faire retrouver, lui!?
Cette menace acheva d��intimider l��h?te. Apr��s le roi et M. le cardinal, M. de Tr��ville ��tait l��homme dont le nom peut-��tre ��tait le plus souvent r��p��t�� par les militaires et m��me par les bourgeois. Il y avait bien le p��re Joseph, c��est vrai; mais son nom �� lui n����tait jamais prononc�� que tout bas, tant ��tait grande la terreur qu��inspirait l����minence grise, comme on appelait le familier du cardinal.
Aussi, jetant son ��pieu loin de lui, et ordonnant �� sa femme d��en faire autant de son manche �� balai et �� ses valets de leurs batons, il donna le premier l��exemple en se mettant lui-m��me �� la recherche de la lettre perdue.
?Est-ce que cette lettre renfermait quelque chose de pr��cieux? demanda l��h?te au bout d��un instant d��investigations inutiles.
-- Sandis! je le crois bien! s����cria le Gascon qui comptait sur cette lettre pour faire son chemin �� la cour; elle contenait ma fortune.
-- Des bons sur l����pargne? demanda l��h?te inquiet.
-- Des bons sur la tr��sorerie particuli��re de Sa Majest��?, r��pondit d��Artagnan, qui, comptant entrer au service du roi grace �� cette recommandation, croyait pouvoir faire sans mentir cette r��ponse quelque peu hasard��e.
?Diable! fit l��h?te tout �� fait d��sesp��r��.
-- Mais il n��importe, continua d��Artagnan avec l��aplomb national, il n��importe, et l��argent n��est rien: -- cette lettre ��tait tout. J��eusse mieux aim�� perdre mille pistoles que de la perdre.?
Il ne risquait pas davantage �� dire vingt mille, mais une certaine pudeur juv��nile le retint.
Un trait de lumi��re frappa tout �� coup l��esprit de l��h?te qui se donnait au diable en ne trouvant rien.
?Cette lettre n��est point perdue, s����cria-t-il.
-- Ah! fit d��Artagnan.
-- Non; elle vous a ��t�� prise.
-- Prise! et par qui?
-- Par le gentilhomme d��hier. Il est descendu �� la cuisine, o�� ��tait votre pourpoint. Il y est rest�� seul. Je gagerais que c��est lui qui l��a vol��e.
-- Vous croyez?? r��pondit d��Artagnan peu convaincu; car il savait mieux que personne l��importance toute personnelle de cette lettre, et n��y voyait rien qui p?t tenter la cupidit��. Le fait est qu��aucun des valets, aucun des voyageurs pr��sents n��e?t rien gagn�� �� poss��der ce papier.
?Vous dites donc, reprit d��Artagnan, que vous soup?onnez cet impertinent gentilhomme.
-- Je vous dis que j��en suis s?r, continua l��h?te; lorsque je lui ai annonc�� que Votre Seigneurie ��tait le prot��g�� de M. de Tr��ville, et que vous aviez m��me une lettre pour cet illustre gentilhomme, il a paru fort inquiet, m��a demand�� o�� ��tait cette lettre, et est descendu imm��diatement �� la cuisine o�� il savait qu����tait votre pourpoint.
-- Alors c��est mon voleur, r��pondit d��Artagnan; je m��en plaindrai �� M. de Tr��ville, et M. de Tr��ville s��en plaindra au roi.? Puis il tira majestueusement deux ��cus de sa poche, les donna �� l��h?te, qui l��accompagna, le chapeau �� la main, jusqu���� la porte, remonta sur son cheval jaune, qui le conduisit sans autre incident jusqu���� la porte Saint-Antoine �� Paris, o�� son propri��taire le vendit trois ��cus, ce qui ��tait fort bien pay��, attendu que d��Artagnan l��avait fort surmen�� pendant la derni��re ��tape. Aussi le maquignon auquel d��Artagnan le c��da moyennant les neuf livres susdites ne cacha-t-il point au jeune homme qu��il n��en donnait cette somme exorbitante qu���� cause de l��originalit�� de sa couleur.
D��Artagnan entra donc dans Paris �� pied, portant son petit paquet sous son bras, et marcha tant qu��il trouvat �� louer une chambre qui conv?nt �� l��exigu?t�� de ses

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