Les Quarante-cinq, vol 2 | Page 6

Alexandre Dumas, père
la qui��tude que nous donne dans toutes les positions de ce monde, si fausses qu'elles soient, l'appui d'un plus fort que nous.
Pendant ce temps Borrom��e continuait sa course, �� laquelle il imprimait une vitesse qui lui donnait l'esp��rance de rattraper le temps perdu.
Il connaissait en effet les habitudes de M. de Mayenne, et avait sans doute, pour ��tre bien inform��, des raisons qu'il n'avait pas cru devoir d��tailler �� ma?tre Nicolas Poulain.
Toujours est-il qu'il arriva suant et soufflant �� l'h?tel Saint-Denis, au moment o�� le duc et la duchesse, ayant caus�� de leurs grandes affaires, M. de Mayenne allait cong��dier sa soeur pour ��tre libre d'aller rendre visite �� cette dame de la Cit�� dont nous savons que Joyeuse avait �� se plaindre.
Le fr��re et la soeur, apr��s plusieurs commentaires sur l'accueil du roi et sur le plan des dix, ��taient convenus des faits suivants.
Le roi n'avait pas de soup?ons, et se faisait de jour en jour plus facile �� attaquer.
L'important ��tait d'organiser la Ligue dans les provinces du nord, tandis que le roi abandonnait son fr��re et qu'il oubliait Henri de Navarre. De ces deux derniers ennemis, le duc d'Anjou, avec sa sourde ambition, ��tait le seul �� craindre; quant �� Henri de Navarre, on le savait par des espions bien renseign��s, il ne s'occupait que de faire l'amour �� ses trois ou quatre ma?tresses.
-- Paris ��tait pr��par��, disait tout haut Mayenne; mais leur alliance avec la famille royale donnait de la force aux politiques et aux vrais royalistes; il fallait attendre une rupture entre le roi et ses alli��s: cette rupture, avec le caract��re inconstant de Henri, ne pouvait pas tarder �� avoir lieu.
Or, comme rien ne presse, continuait de dire Mayenne, attendons. -- Moi, disait tout bas la duchesse, j'avais besoin de dix hommes r��pandus dans tous les quartiers de Paris pour soulever Paris apr��s ce coup que je m��dite; j'ai trouv�� ces dix hommes, je ne demande plus rien.
Ils en ��taient l��, l'un de son dialogue, l'autre de ses _apart��s_, lorsque Mayneville entra tout �� coup, annon?ant que Borrom��e voulait parler �� M. le duc.
-- Borrom��e! fit le duc surpris, qu'est-ce que cela?
-- C'est, monseigneur, r��pondit Mayneville, celui que vous m'envoyates de Nancy, quand je demandai �� Votre Altesse un homme d'action et un homme d'esprit.
-- Je me rappelle! je vous r��pondis que j'avais les deux en un seul, et je vous envoyai le capitaine Borroville. A-t-il chang�� de nom, et s'appelle- t-il Borrom��e?
-- Oui, monseigneur, de nom et d'uniforme; il s'appelle Borrom��e, et est jacobin.
-- Borroville, jacobin!
-- Oui, monseigneur.
-- Et pourquoi donc est-il jacobin? Le diable doit bien rire, s'il l'a reconnu sous le froc.
-- Pourquoi il est jacobin? La duchesse fit un signe �� Mayneville. Vous le saurez plus tard, continua celui-ci, c'est notre secret, monseigneur; et, en attendant, ��coutons le capitaine Borroville, ou le fr��re Borrom��e, comme il vous plaira.
-- Oui, d'autant plus que sa visite m'inqui��te, dit madame de Montpensier.
-- Et moi aussi, je l'avoue, dit Mayneville.
-- Alors introduisez-le sans perdre un instant, dit la duchesse.
Quant au duc, il flottait entre le d��sir d'entendre le messager et la crainte de manquer au rendez-vous de sa ma?tresse.
Il regardait �� la porte et �� l'horloge. La porte s'ouvrit, et l'horloge sonna onze heures.
-- Eh! Borroville, dit le duc, ne pouvant s'emp��cher de rire, malgr�� un peu de mauvaise humeur, comme vous voil�� d��guis��, mon ami! -- Monseigneur, dit le capitaine, je suis en effet bien mal �� mon aise sous cette diable de robe; mais enfin, il faut ce qu'il faut, comme disait M. de Guise le p��re.
-- Ce n'est pas moi, toujours, qui vous ai fourr�� dans cette robe-l��, Borroville, dit le duc; ne m'en gardez donc point rancune, je vous prie. -- Non, monseigneur, c'est madame la duchesse; mais je ne lui en veux pas, puisque j'y suis pour son service. -- Bien, merci, capitaine; et maintenant, voyons, qu'avez-vous �� nous dire si tard?
-- Ce que malheureusement je n'ai pu vous dire plus t?t, monseigneur, car j'avais tout le prieur�� sur les bras.
-- Eh bien! maintenant parlez.
-- Monsieur le duc, dit Borroville, le roi envoie ses secours �� M. le duc d'Anjou.
-- Bah! dit Mayenne, nous connaissons cette chanson-l��; voil�� trois ans qu'on nous la chante.
-- Oh! oui, mais cette fois, monseigneur, je vous donne la nouvelle comme s?re. -- Hum! dit Mayenne, avec un mouvement de t��te pareil �� celui d'un cheval qui se cabre, comme s?re? -- Aujourd'hui m��me, c'est-��-dire la nuit derni��re, �� deux heures du matin, M. de Joyeuse est parti pour Rouen. Il prend la mer �� Dieppe et porte �� Anvers trois mille hommes. -- Oh! oh! fit le duc; et qui vous a dit cela, Borroville?
-- Un homme qui lui-m��me part pour la Navarre, monseigneur.
-- Pour la Navarre! chez Henri?
-- Oui, monseigneur.
-- Et de la
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