fort de ses r��flexions, et au milieu de la rue de la Pierre-au- R��al, esp��ce de boyau large de quatre pieds, qui conduisait rue Neuve- Saint-M��ry, Nicolas Poulain vit accourir, en sens oppos�� �� celui dans lequel il marchait, une robe de Jacobin retrouss��e jusqu'aux genoux.
Il fallait se ranger, car deux chr��tiens ne pouvaient passer de front dans cette rue.
Nicolas Poulain esp��rait que l'humilit�� monacale lui c��derait le haut pav��, �� lui homme d'��p��e; mais il n'en fut rien: le moine courait comme un cerf au lancer; il courait si fort qu'il e?t renvers�� une muraille, et Nicolas Poulain, tout en maugr��ant, se rangea pour n'��tre point renvers��.
Mais alors commen?a pour eux, dans cette gaine bord��e de maisons, l'��volution aga?ante qui a lieu entre deux hommes ind��cis qui voudraient passer tous deux, qui tiennent �� ne pas s'embrasser, et qui se trouvent toujours ramen��s dans les bras l'un de l'autre.
Poulain jura, le moine sacra, et l'homme de robe, moins patient que l'homme d'��p��e, le saisit par le milieu du corps pour le coller contre la muraille.
Dans ce conflit, et comme ils ��taient sur le point de se gourmer, ils se reconnurent.
-- Fr��re Borrom��e! dit Poulain.
-- Ma?tre Nicolas Poulain! s'��cria le moine.
-- Comment vous portez-vous? reprit Poulain, avec cette admirable bonhomie et cette inalt��rable mansu��tude du bourgeois parisien.
-- Tr��s mal, r��pondit le moine, beaucoup plus difficile �� calmer que le la?que, car vous m'avez mis en retard et j'��tais fort press��.
-- Diable d'homme que vous ��tes! r��pliqua Poulain; toujours belliqueux comme un Romain! Mais o�� diable courez-vous �� cette heure avec tant de hate? est-ce que le prieur�� br?le?
-- Non pas; mais j'��tais all�� chez madame la duchesse pour parler �� Mayneville.
-- Chez quelle duchesse?
-- Il n'y en a qu'une seule, ce me semble, chez laquelle on puisse parler �� Mayneville, dit Borrom��e, qui d'abord avait cru pouvoir r��pondre cat��goriquement au lieutenant de la pr��v?t��, parce que ce lieutenant pouvait le faire suivre, mais qui cependant ne voulait pas ��tre trop communicatif avec le curieux.
[Illustration: Bon! Me voil�� conseiller du royaume de Navarre. -- PAGE 13.]
-- Alors, reprit Nicolas Poulain, qu'alliez-vous faire chez madame de Montpensier?
-- Eh! mon Dieu! c'est tout simple, dit Borrom��e, cherchant une r��ponse sp��cieuse; notre r��v��rend prieur a ��t�� sollicit�� par madame la duchesse de devenir son directeur; il avait accept��, mais un scrupule de conscience l'a pris, et il refuse. L'entrevue ��tait fix��e �� demain: je dois donc, de la part de dom Modeste Gorenflot, dire �� la duchesse qu'elle ne compte plus sur lui.
-- Tr��s bien; mais vous n'avez pas l'air d'aller du c?t�� de l'h?tel de Guise, mon tr��s cher fr��re; je dirai m��me plus, c'est que vous lui tournez parfaitement le dos.
-- C'est vrai, reprit fr��re Borrom��e, puisque j'en viens.
-- Mais o�� allez-vous alors?
-- On m'a dit, �� l'h?tel, que madame la duchesse ��tait all��e faire visite �� M. de Mayenne, arriv�� ce soir et log�� �� l'h?tel Saint-Denis.
-- Toujours vrai. Effectivement, dit Poulain, le duc est �� l'h?tel Saint- Denis, et la duchesse est pr��s du duc; mais, comp��re, �� quoi bon, je vous prie, jouer au fin avec moi? Ce n'est pas d'ordinaire le tr��sorier qu'on envoie faire les commissions du couvent.
-- Aupr��s d'une princesse, pourquoi pas?
-- Et ce n'est pas vous, le confident de Mayneville, qui croyez aux confessions de madame la duchesse de Montpensier.
-- A quoi donc croirais-je?
-- Que diable! mon cher, vous savez bien la distance qu'il y a du prieur�� au milieu de la route, puisque vous me l'avez fait mesurer: prenez garde! vous m'en dites si peu que j'en croirai peut-��tre beaucoup trop.
-- Et vous aurez tort, cher monsieur Poulain; je ne sais rien autre chose. Maintenant ne me retenez pas, je vous prie, car je ne trouverais plus madame la duchesse.
-- Vous la trouverez toujours chez elle o�� elle reviendra et o�� vous auriez pu l'attendre.
-- Ah! dame! fit Borrom��e, je ne suis pas fach�� non plus de voir un peu M. le duc.
-- Allons donc.
-- Car enfin vous le connaissez: si une fois je le laisse partir chez sa ma?tresse, on ne pourra plus mettre la main dessus.
-- Voil�� qui est parl��. Maintenant que je sais �� qui vous avez affaire, je vous laisse; adieu, et bonne chance.
Borrom��e, voyant le chemin libre, jeta, en ��change des souhaits qui lui ��taient adress��s, un leste bonsoir �� Nicolas Poulain, et s'��lan?a dans la voie ouverte. -- Allons, allons: il y a encore quelque chose de nouveau, se dit Nicolas Poulain en regardant la robe du jacobin qui s'effa?ait peu �� peu dans l'ombre; mais quel diable de besoin ai-je donc de savoir ce qui se passe? est-ce que je prendrais go?t par hasard au m��tier que je suis condamn�� �� faire? fi donc!
Et il s'alla coucher, non point avec le calme d'une bonne conscience, mais avec
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