part de qui va-t-il chez Henri?
-- De la part du roi; oui, monseigneur, de la part du roi, et avec une lettre du roi.
-- Quel est cet homme?
-- Il s'appelle Robert Briquet.
-- Apr��s?
-- C'est un grand ami de dom Gorenflot.
-- Un grand ami de dom Gorenflot?
-- Ils se tutoient. -- Ambassadeur du roi?
-- Ceci, j'en suis assur��; il a du prieur�� envoy�� chercher au Louvre une lettre de cr��ance, et c'est un de nos moines qui a fait la commission.
-- Et ce moine?
-- C'est notre petit guerrier, Jacques Cl��ment, celui-l�� m��me que vous avez remarqu��, madame la duchesse.
-- Et il ne vous a pas communiqu�� cette lettre? dit Mayenne; le maladroit! -- Monseigneur, le roi ne la lui a point remise; il l'a fait porter au messager par des gens �� lui.
-- Il faut avoir cette lettre, morbleu!
-- Certainement qu'il faut l'avoir, dit la duchesse.
-- Comment n'avez-vous point song�� �� cela? dit Mayneville.
-- J'y avais si bien pens�� que j'avais voulu adjoindre au messager un de mes hommes, un Hercule; mais Robert Briquet s'en est d��fi�� et l'a renvoy��.
-- Il fallait y aller vous-m��me.
-- Impossible.
-- Pourquoi cela?
-- Il me conna?t.
-- Pour moine, mais pas pour capitaine, j'esp��re?
-- Ma foi, je n'en sais rien: ce Robert Briquet a l'oeil fort embarrassant.
-- Quel homme est-ce donc? demanda Mayenne.
-- Un grand sec, tout nerfs, tout muscles et tout os, adroit, railleur et taciturne.
-- Ah! ah! et maniant l'��p��e?
-- Comme celui qui l'a invent��e, monseigneur.
-- Figure longue?
-- Monseigneur, il a toutes les figures.
-- Ami du prieur?
-- Du temps qu'il ��tait simple moine.
-- Oh! j'ai un soup?on, fit Mayenne en fron?ant le sourcil, et je m'��claircirai.
-- Faites vite, monseigneur, car, fendu comme il est, ce gaillard-l�� doit marcher rondement.
-- Borroville, dit Mayenne, vous allez partir pour Soissons, o�� est mon fr��re.
-- Mais le prieur��, monseigneur?
-- ��tes-vous donc si embarrass��, dit Mayneville, de faire une histoire �� dom Modeste, et ne croit-il point tout ce que vous voulez lui faire croire?
-- Vous direz �� M. de Guise, continua Mayenne, tout ce que vous savez de la mission de M. de Joyeuse.
-- Oui, monseigneur.
-- Et la Navarre, que vous oubliez, Mayenne? dit la duchesse.
-- Je l'oublie si peu que je m'en charge, r��pondit Mayenne. Qu'on me selle un cheval frais, Mayneville.
Puis il ajouta tout bas:
-- Vivrait-il encore? Oh! oui, il doit vivre!
XXXIV
CHICOT LATINISTE
Apr��s le d��part des jeunes gens, on se rappelle que Chicot avait march�� d'un pas rapide.
Mais aussi, d��s qu'ils eurent disparu dans le vallon que forme la c?te du pont de Juvisy sur l'Orge, Chicot qui semblait, comme Argus, avoir le privil��ge de voir par derri��re et qui ne voyait plus ni Ernauton ni Sainte-Maline, Chicot s'arr��ta au point culminant de la butte, interrogea l'horizon, les foss��s, la plaine, les buissons, la rivi��re, tout enfin, jusqu'aux nuages pommel��s qui glissaient obliquement derri��re les grands ormes du chemin, et s?r de n'avoir aper?u personne qui le g��nat ou l'espionnat, il s'assit au revers d'un foss��, le dos appuy�� contre un arbre et commen?a ce qu'il appelait son examen de conscience.
Il avait deux bourses d'argent, car il s'��tait aper?u que le sachet remis par Sainte-Maline, outre la lettre royale, contenait certains objets arrondis et roulants qui ressemblaient fort �� de l'or ou �� de l'argent monnay��.
Le sachet ��tait une v��ritable bourse royale, chiffr��e de deux H, un brod�� dessus, l'autre brod�� dessous.
-- C'est joli, dit Chicot en consid��rant la bourse, c'est charmant de la part du roi! Son nom, ses armes! on n'est pas plus g��n��reux et plus stupide!
D��cid��ment, jamais je ne ferai rien de lui.
Ma parole d'honneur, continua Chicot, si une chose m'��tonne, c'est que ce bon et excellent roi n'ait pas du m��me coup fait broder sur la m��me bourse la lettre qu'il m'envoie porter �� son beau-fr��re, et mon re?u. Pourquoi nous g��ner? Tout le monde politique est au grand air aujourd'hui: politiquons comme tout le monde. Bah! quand on assassinerait un peu ce pauvre Chicot, comme on a d��j�� fait du courrier que ce m��me Henri envoyait �� Rome �� M. de Joyeuse, ce serait un ami de moins, voil�� tout; et les amis sont si communs par le temps qui court, qu'on peut en ��tre prodigue.
Que Dieu choisit mal quand il choisit!
Maintenant, voyons d'abord ce qu'il y a d'argent dans la bourse, nous examinerons la lettre apr��s: cent ��cus! juste la m��me somme que j'ai emprunt��e �� Gorenflot. Ah! pardon, ne calomnions pas: voil�� un petit paquet... de l'or d'Espagne, cinq quadruples. Allons! allons! c'est d��licat; il est bien gentil, Henriquet! eh! en v��rit��, n'��taient les chiffres et les fleurs de lis, qui me paraissent superflus, je lui enverrais un gros baiser.
Maintenant cette bourse-l�� me g��ne; il me semble que les oiseaux, en passant au-dessus de ma t��te, me prennent pour un ��missaire royal et vont se moquer de moi, ou, ce
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