Parisis, que nous avons eu l'honneur de vous pr��senter,--Madame,--et qui en vaut bien la peine.
Le duc Raoul de Parisis fut tu�� �� la chasse �� sa troisi��me ann��e de bonheur. On le rapporta mourant. Il baisa un crucifix que lui pr��sentait sa m��re. ?Ah! dit-il en regardant avec passion sa jeune femme qui tenait son enfant dans ses bras pour cacher ses larmes, l'amour ne pardonne pas aux Parisis.?
Octave de Parisis ��tait de belle stature, figure barbue, l��vre railleuse, nez accentu�� �� narines expressives, cheveux bruns �� reflets d'or, l��g��rement ��bouriff��s par un jeu savant de la main. Dans le regard profond d'un oeil bleu de mer, comme sur le front bien coup��, on voyait errer la pens��e, la volont��, la domination. C'��tait la t��te d'un sceptique plut?t que celle d'un amoureux, mais la passion y frappait sa marque. La raillerie n'avait pas eu raison du coeur. Son sourire avait je ne sais quoi de fatal dans sa gaiet��. Quand on l'avait vu, on ne l'oubliait pas: c'��tait surtout l'opinion des femmes. Il avait la d��sinvolture d'un artiste avec la dignit�� d'un diplomate. Il s'habillait �� Paris, mais dans le style anglais. Voil�� pour la surface visible.
Son esprit ��tait inexplicable comme le coeur d'une femme coquette. Il aspirait �� tout, disant qu'il ne voulait de rien. Il ne se cognait pas aux nu��es comme don Juan l'inassouvi; il avait pourtant son id��al; mais ne se nourrissant pas de chim��res, apr��s la premi��re heure d'enthousiasme, il ��clatait de rire.
Il sentait, d'ailleurs, que les grandes passions sont d��pays��es dans le Paris d'aujourd'hui. Vivre au jour le jour et cueillir la femme, c'��tait pour lui la sagesse. Il avait pour les femmes le go?t des grands amateurs de gravures; il adorait l'��preuve d'artiste et l'��preuve avant la lettre; mais il ne d��daignait pas l'esprit et la malice de la lettre. Il n'avouait pas ses femmes et parlait avec un peu trop de fatuit�� des autres, convaincu, d'ailleurs, que toute femme tent��e tombe un jour comme une fraise m?re dans la main de l'amoureux. Il avait beaucoup d'esprit et il aimait beaucoup l'esprit,--l'esprit parl��,--car il ne lisait gu��re et n'��crivait pas.
La nature avait plus fait pour lui qu'il n'avait fait pour elle. Toutefois, il n'avait pas gat�� ses dons. Il montait �� cheval comme Mackensie; il donnait un coup d'��p��e avec la grace impitoyable de Benvenuto Cellini. Il nageait comme une truite; il luttait �� la force du poignet avec le sourire du gladiateur. Il avait pareillement f��cond�� son esprit par le sentiment des arts et par l'amour de l'inconnu. Son esprit aimait l'inconnu comme son coeur aimait l'impr��vu. Nul n'avait mieux p��n��tr�� �� vol d'oiseau l'histoire ou plut?t le roman des philosophies: nul n'en ��tait revenu plus sceptique et plus d��daigneux.
Octave de Parisis ��tait n�� pour toutes les fortunes, m��me pour les mauvaises. Beau de l'alti��re beaut�� qui s'impose par la s��v��rit�� des lignes et la fiert�� de l'expression, il avait fait son entr��e dans le monde avec l'aur��ole des vertus de naissance, qui ont tant de prestige sous les gouvernements d��mocratiques. Il n'en ��tait ni meilleur ni plus mauvais. Il vivait comme ses amis ou ses camarades, un pied dans le monde, un pied dans le demi-monde, sans trop de souci de sa dignit�� plus ou moins chevaleresque, offrant �� trois heures son coup�� et ses gens �� Mlle Trente-six-Vertus pour aller au Bois, le reprenant le soir pour aller chez une duchesse de Sainte-Clotilde. Il se montrait dans les salons officiels jusqu'�� minuit; mais, apr��s minuit, il jouait au club ou soupait �� la Maison-d'Or ou au Caf�� Anglais avec les plus gais compagnons. Il ��tait de toutes les f��tes. On l'a vu conduire le cotillon �� la Cour, mais pour caricaturer tous les danseurs de cotillon.
Avec son esprit d'aventure, Octave ��tait voyageur. Non pas pour aller �� Rome, �� Bade, aux Pyr��n��es ou �� Montmorency, comme ces gentlemen du boulevard qui disent impertinemment au mois d'ao?t: ?Que voulez-vous, moi, j'aime les voyages!? Parisis ne parlait de voyager que pour faire le tour du monde, pour p��n��trer dans les pays inaccessibles, franchir les murailles de la Chine, fumer un cigare �� Tombouctou et s'intituler roi de quelque peuplade indienne. A sa vingti��me ann��e, il ��tait all�� �� Lima, pour voyager bien plut?t que pour liquider les affaires de son p��re dans la ville du soleil: Le duc Raoul de Parisis, chercheur et trouveur d'or, n'��tait revenu en France qu'avec l'id��e de retourner au P��rou; il avait laiss�� l��-bas un repr��sentant ayant beaucoup de comptes �� rendre et croyant que l'Oc��an le dispenserait de montrer ses livres; il se contentait, depuis longtemps, d'envoyer au chateau de Parisis la moiti�� des trouvailles. Octave s'��tait donc reconnu beaucoup plus riche qu'il ne l'esp��rait. Il n'avait eu garde de quitter l'Am��rique sans s'y promener, amoureux
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